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“Daniel Dewar et Grégory Gicquel” La jeune sculpture
au Musée Rodin, Paris

du 27 mai au 26 octobre 2014



www.musee-rodin.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec Daniel Dewar, le 26 mai 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Dewar & Gicquel, Buste, 165x123x93 cm, béton, 2014. © Courtesy galerie Loevenbruck, Paris, et Truth and consequences, Genève – photo musée Rodin, Paris (Lola Pertsowsky).
2/  Dewar & Gicquel, Pied, 148 x 235 x 118 cm, béton, 2014. © Courtesy galerie Loevenbruck, Paris, et Truth and consequences, Genève – photo musée Rodin, Paris (Lola Pertsowsky).
3/  Dewar & Gicquel, La Mode, 2014. © Courtesy Galerie Loevenbruck, Paris et Truth and Consequences, Genève - photo Lola Pertsowsky.

 


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Interview de Noëlle Chabert, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 26 mai 2014, durée 8'58". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire :
Noëlle Chabert, conservateur en chef du patrimoine,
assistée d’Audrey d’Hendecourt, chargée des expositions




Poursuivant son dialogue avec l’art contemporain, le musée Rodin ouvre les jardins de l’hôtel Biron au duo d’artistes, Daniel Dewar et Grégory Gicquel. Dispersées à travers le décor de verdure et la cour d’honneur qui encadrent l’aristocratique hôtel Biron, les sculptures de Dewar & Gicquel côtoient les chefs d’oeuvre de Rodin.

Collaborant depuis leur rencontre en 1997 à l’École des Beaux-Arts de Rennes, les deux artistes, lauréats du prix Marcel Duchamp 2012, explorent ensemble une voie expérimentale entre érudition et amateurisme, relecture de l’histoire de l’art et mise en avant des savoir-faire artisanaux.

Un corpus d’oeuvres a été conçu et produit spécialement pour l’exposition. Il s’agit de sculptures en béton de grandes dimensions. Modelées, coulées et assemblées par les artistes eux-mêmes selon les techniques traditionnelles de la sculpture, ces sculptures représentent des fragments de corps nus, certains en ronde bosse et d’autres plus architecturaux. Corps d’athlètes dont la monumentalité n’exclut ni le port de quelques vêtements familiers – gilet en laine torsadée ou chaussures de marque – ni la présence plus incongrue d’éléments de salle de bain.

La production de ces artistes s’inscrit clairement dans le fil de l’histoire des lieux et d’une pratique déjà développée autour de l’image et de la sculpture, recherche qu’ils poursuivent ici en l’associant au moulage : « L’oeuvre de Rodin a été un point de départ pour nous permettre de travailler sur une technique particulière de sculpture que nous n’avions jamais eu l’occasion d’explorer auparavant, tout en ayant à l’esprit que la pratique de Rodin s’est aussi affirmée au moment de l’apparition de la photographie et de la reproductibilité. » disent-ils dans un entretien réalisé à l’occasion de l’exposition.

Mu par le désir constitutif du sculpteur de se colleter la matière, le duo partage par exemple avec Rodin le goût affirmé des matériaux. Mais, là où Rodin déléguait l’exécution de ses oeuvres en vue de leur reproduction, Daniel Dewar et Grégory Gicquel assurent eux-mêmes en tant que praticiens chaque étape de la fabrication, et détruisent les moules après usage afin de limiter leur production à un seul et donc unique tirage.

Un « anachronisme subversif »*, qui permet de « réactualiser les débats esthétiques sur la question des rapports entre art et artisanat autour de la sculpture, question qui revient à grands pas sur le devant de la scène… Preuve que l’art a de nouveau à faire avec le réel »**.

L’expression hautement paradoxale de Dewar & Gicquel n’aurait pu trouver meilleure scène et décor plus propice que ce haut lieu patrimonial, pour aborder la question de la place singulière qu’occupe la sculpture entre réalité et représentation.


*. Selon l’heureuse formule de Zoé Gray, « Sculpture Sessions », Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Crêpe Suzette, Éditions Loevenbruck, Paris et Spike Island, Bristol, 2012
**. Amélie Lavin, Catalogue de l‘exposition