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“Claude Abeille et Wu Wei Shan 吴为山” sculptures en dialogue
au Centre Culturel de Chine, Paris

du 5 au 17 juin 2014 - 2014年6月5日至17日



www.cccparis.org

www.claude-abeille.fr
www.wuweishan.net

 

© Anne-Frédérique Fer, visite presse, le 5 juin 2014

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Légendes de gauche à droite :
1/  Claude Abeille, Le voyayeur, bronze Susse, 1997, 104x37x33 cm. Photographie © Roger Bazille.
2/  Wu Wei Shan, Harmonie entre l’homme et la nature – Laozi, bronze, 2012, 90x60x52 cm. © Wu Wei shan.
3/  Claude Abeille, Torse IV, bronze, 1963, 97x37x25 cm. Collection particulière. Photographie © Roger Bazille.

 


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Interview de Claude Abeille,
par Normann Berg, le 5 juin 2014, au Centre culturel chinois de Paris, durée 8'13". © FranceFineArt.

 


texte de Lydia Harambourg

 

La rencontre élective de Claude Abeille et de Wu Wei Shan, son cadet, est d’ordre providentiel. Lors d’un récent voyage en Chine, le sculpteur français remarque la sculpture d’un artiste chinois et la dessine rapidement dans un petit carnet. De retour à Paris, le hasard fait qu’il rencontre dans les locaux du fonds d’art Matzo Paris un artiste auquel il montre son dessin et lui dit son regret de ne pas connaître l’auteur de la sculpture qu’il a remarquée. L’inconnu identifie son œuvre et se présente, il s’appelle Wu Wei Shan. Il est professeur de sculpture et directeur de l’Académie de Recherche en Art et de l’Institut de Sculpture de l’université de Nanjing dans la province de Jiangsu.

Les deux sculpteurs sont aujourd’hui réunis dans cette exposition où leurs œuvres respectives témoignent d’une qualité plastique et d’une intensité expressive que soutient sans réserve la comparaison avec leurs grands prédécesseurs. Appartenant à deux cultures différentes, Abeille et Wu ont en partage des convictions plastiques et un engagement dans un art qui exige une solide formation, un métier et un travail continu dans le temps. Le choix qu’ils ont fait du corps, mesure pour élaborer leur langage, démontre leur attachement à la grande tradition de la sculpture tout en affirmant leurs spécificités dans leur perception de la figure humaine.

Deux univers dont les correspondances et ce qui les différencie sont perceptibles dans la traduction qu’ils font de la présence du réel, à la fois immédiate et transposée, dans l’affirmation de la pesanteur matérielle et l’évidence des formes comme identitaires de leur langage. Claude Abeille élabore une humanité en déshérence revêtue d’une « enveloppe » vestimentaire symbolique. Avec ses manteaux flottants, ses vestes, le sculpteur français recourt à une symbolique du pli er de ses métamorphoses formelles dissimulant le corps sous des draperies, dépouilles existentielles qui renouvellent son approche de l’homme et de son mystère. Wu Wei Shan interroge lui aussi la figure humaine. Son inscription sculpturale passe par le portrait. Son regard esthétique enraciné aux sources plurimillénaires de son pays s’est enrichi de l’étude de Rodin en reprenant la pratique du modelage. L’emploi de l’argile induit un geste spécifique. Certaines de ses sculptures en gardent l’empreinte puissante dans l’organisation des plans pour atteindre le sentiment de la vie dans un dynamisme expressionniste. Le frémissement de la surface est obtenu au moyen de boulettes de terre écrasée pour une sensation naturaliste de l’attitude. Alors que le modelage s’effectue par soustraction de la matière, à l’inverse, le travail du plâtre, matériau privilégié de Claude Abeille, procède par organisation des plans des rythmes et des volumes, par masses pour une transposition de la forme dans un sens architectural. Il tend à une harmonie clairement perceptible à l’unisson de la vie intérieur de la sculpture. Ses sculptures nous disent l’altération continue sans renoncer à un certain absolu. Le plâtre dispense l’idée d’éphémère et facilite le dialogue avec le vide, rejeté par le modelage qui unifie. Les portraits en pied de célébrités emblématiques de la Chine réalisés par Wu convoquent l’expérience de la durée et sont confrontées à celle de la ressemblance.

L’un et l’autre des deux sculpteurs incarnent la sculpture moderne par la transformation par l’esprit de la réalité perçue par les sens. Le point d’équilibre entre la plastique et la réalité est atteint avec l’autonomie de la forme. Ils transposent en ordre formel leur diversité au service d’un humanisme.

Pour Abeille et Wu, la sculpture est une organisation plastique dont l’élaboration aussi rigoureuse qu’intuitive débouche sur une expression pure et autonome. Les mutations opérées par chacun dans leur sculptures sont celles par lesquelles ils insufflent la vie à la matière. Leur expression artistique, leur langage sont nés de l’appréhension d’une forme essentielle et de son intériorité, de la tension entre l’intelligence qui analyse et ordonne et l’intuition qui les éloigne de tout stéréotype. Là réside le sens universel de leur sculpture.

Lydia Harambourg est Membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts et Historienne Critique d’art.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Sous le haut patronage du : Ministère de la Culture de la République Populaire de Chine
Organisateur : Académie Nationale des Arts de Chine
Co-organisateurs : Centre Culturel de Chine à Paris et Matzo Paris Art Fund
Soutien : Association des Artistes de Chine




Claude Abeille :
Né en 1930 à Landerneau (Finistère), il entre à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris en 1948, il y étudie la sculpture et en sort diplômé en 1952 (promotion Rodin).
Après quelques années passées aux éditions Gallimard comme illustrateur et metteur en page pour la collection L'Univers des Formes dirigée par André Malraux ainsi que l'encyclopédie de la Pléïade dirigée par Raymond Queneau, il se consacre à la sculpture, encouragé par Robert Couturier. Il obtient le Prix Bourdelle de sculpture en 1963, dont les membres du jury sont Arbus, Zadkine, Couturier et Rhodia Bourdelle. Ce prix lui permet d'entreprendre et de réaliser plusieurs œuvres monumentales en région parisienne, en Alsace et dans le sud de la France. Notamment : 1967 un monument aux morts en Alsace ,1972 « Le Mur de l'Europe », grand bas-relief à Mulhouse au centre de la ville, 1974 une place avec des fontaines et un théâtre en plein air près de Lyon, 1982 un ensemble de colonnes « Les Passants » à Satory, près de Versailles et d'autres réalisations en bronze ou en pierre sculptée par lui-même. Claude Abeille tente ainsi de répondre à la question de l'insertion d'une œuvre dans un environnement nouveau. Il participe également à de nombreux Salons à Paris et à l'étranger : Le Salon de la jeune sculpture, Formes humaines, le Salon de Mai depuis 1963 et jusqu'à aujourd'hui. Il expose à Anvers et à Ancône en 1968, à Madrid en 1992, et à Berlin, récemment.


Wu Wei Shan :
Né en 1962 à Dongtai dans la province du Jiangsu, est actuellement membre de la Fédération nationale des hommes de lettres et des artistes de Chine, directeur du Centre d’études des arts contemporains de Chine, directeur de l’institut des beaux-arts de l’Académie nationale des arts chinois et président de l’Académie de sculpture de Chine. Il occupe également les fonctions suivantes : directeur adjoint du Comité national de direction de la construction de sculptures urbaines et directeur de la commission artistique du Comité, président de l’institut des beaux-arts de l’université de Nanjing et directeur de thèse, membre honoraire de l’Université du chinois de Hong Kong, docteur de philosohie honoris causa de l’université Inje de la Corée du Sud, membre de l’Association royale britannique des sculpteurs, membre de la Société royale britannique des sculpteurs portaitistes, ainsi que membre de l’Association des artistes de Chine.