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“Katia Maciel” Répétition(s)
à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 4 juin au 31 août 2014



www.mep-fr.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 3 juin 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Katia Maciel, Autobiografia (Autobiographie). © Photographie : Daniel Venosa.
2/  Katia Maciel, Inútil Paisagem (Paysage Inutile). © Photographie : Leandro Pimentel.

 


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Interview de Katia Maciel,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 3 juin 2014, durée 3'56". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire pour la MEP : Jean-Luc Soret



« On pourrait affirmer que le temps est, à certains égards, une invention issue de notre rapport existentiel à la répétition. “Nous sommes ce que nous répétons sans cesse”, affirmait Aristote dans l’Éthique à Nicomaque. L’idée de répétition se manifeste à travers la plupart de mes travaux dans lesquels le temps semble résister au temps. L’utilisation récurrente de la mise en boucle de séquences vidéo n’est pas seulement une figure de style, elle est, avant tout, l’essence même de la poétique qui opère dans les images que je façonne.

Dans Meio cheio, meio vazio (À moitié plein, à moitié vide), je verse l’eau d’une carafe dans un verre mais ce dernier reste toujours à moitié rempli. Le paradoxe contenu dans ce travail est basé sur notre rapport au temps ; l’instant est perçu comme une durée grâce à l’utilisation de la mise en boucle de l’image. Il est alors l’expression de ce qui passe et, dans le même temps, de ce qui demeure. L’instant est perçu comme un flux continu et non comme une unité statique.

Dans Timeless (Sans durée), on observe un sablier dans lequel le sable se déverse dans les deux sens, déstabilisant ainsi notre perception habituelle du temps. Ici, l’instant se dédouble, se distend, il devient mouvement, à l’inverse de la photographie où il est suspension du mouvement. L’image est projetée dans un temps circulaire, elle n’a ni début ni fin, elle s’étire infiniment. L’enregistrement d’une action en boucle induit le fait de raccorder les deux extrémités d’une séquence temporelle, ce qui a pour effet de créer l’illusion d’un présent infini.

C’est ce piège perceptif qui est notamment à l’oeuvre dans Uma Árvore (Un arbre), vidéo dans laquelle le rythme binaire de la contraction puis du relâchement des branches d’un arbre évoque le rythme hypnotique d’une lente respiration.

Je me suis toujours sentie observée par les images, fussent-elles des peintures, des photographies, du cinéma ou de la vidéo. Impliquer le spectateur dans ce qu’il est en train de regarder constitue un élément structurel de mes travaux. Dans l’installation Ondas (Vagues), le visiteur se retrouve face à la mer, les pieds fouettés par le ressac immatériel des vagues dont l’écume se répand, de façon imprévisible et irrégulière, sur le sol de l’espace d’exposition. Dans cette oeuvre, la construction-même de l’image et la façon dont elle investit l’espace, fait du visiteur une partie intégrante du paysage, un acteur de l’image pris par le cycle incessant du flux et du reflux de l’océan.

Pour la plupart de mes travaux j’utilise un plan fixe, avec un cadre resserré sur le sujet ou l’objet filmé. Si mouvement il y a, il se déploie le plus souvent à l’intérieur des limites de l’image. C’est alors au montage que se crée un dialogue ou une friction entre les différents plans qui composent l’espace-temps de l’image. Défaire, interrompre, reconfigurer, altérer, déplacer ce qui est de l’ordre de la nature est une constante dans les images que je construis. Pour autant, il ne s’agît pas de dénaturer ou de défigurer ce qui est représenté mais bien plutôt de créer, grâce aux multiples rebonds de la répétition, un écho visuel et temporel dans lequel l’imaginaire puisse trouver le support d’une échappée-belle. »

Katia Maciel




Katia Maciel est artiste, réalisatrice, poète, chercheuse du CNPq et professeur de l’École de Communication de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro depuis 1994. Elle a publié entre autres les livres Instruções para filmes (e-book réalisé avec Lívia Flores, 2013), Poesia e videoarte (avec Renato Rezende, 2013), ZUN. (2012), Leticia Parente (avec André Parente, 2011), O livro de sombras (avec André Parente, 2010), O que se vê, o que é visto (avec Antonio Fatorelli, 2009), Transcinemas (Contracapa, 2009), Cinema Sim (Itaucultural, 2008), Brasil Experiemental : Guy Brett (2005), Redes sensoriais (avec André Parente, 2003), O pensamento do cinema no Brasil (2000) et A Arte da Desaparição : Jean Baudrillard (1997). Katia Maciel réalise des films, des vidéos, des installations et a participé à de nombreuses expositions au Brésil, en Colombie, en Équateur, au Chili, en Argentine, au Mexique, aux États-Unis, en Angleterre, en France, en Espagne, au Portugal, en Allemagne, en Lituanie, en Suède et en Chine.
Elle reçu, entre autres, les prix : Prêmio Honra ao Mérito Arte e Patrimônio (2013), Prêmio da Caixa Cultural Brasília (2011), Funarte de Estímulo à Criação Artística em Artes Visuais (2010), Rumos Itaucultural (2009), Sérgio Motta (2005), Petrobrás Mídias digitais (2003), Transmídia Itaúcultural (2002), Artes Visuais Rioarte (2000).