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“Bernard Zehrfuss (1911-1996)” La poétique de la structure
à la Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris

du 19 juin au 13 octobre 2014



www.citechaillot.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 19 juin 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Centre national des industries et des techniques, La Défense, 1952-1958, vue de la voûte en cours de chantier, cliché Jean Biaugeaud, Paris, AA, CAPA, Centre d’archives d’architecture du XXe siècle. © AA/CAPA/Archives d'architecture du XXème siècle/Jean Biaugeaud.
2/  Palais de l’Unesco, place Fontenoy, Paris, 1952-1958, Intérieur du bâtiment des conférences, octobre 1958 - Paris, AA, CAPA, Centre d’archives d’architecture du XXe siècle. © AA/ CAPA/ Centre d’archives d’architecture du XXe siècle - studio Pivolta.
3/  Siège de la société Sandoz, Rueil-Malmaison, 1964-1972, Vue des bureaux depuis le lac, n.d., Paris, AA, CAPA, Centre d’archives d’architecture du XXe siècle. © AA/ CAPA/ Centre d’archives d’architecture du XXe siècle.

 


1378_Bernard-Zehrfuss audio
Interview de Christine Desmoulins et Corinne Bélier, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 juin 2014, durée 9'49". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Christine Desmoulins, journaliste et critique d’architecture
Corinne Bélier, conservatrice en chef du patrimoine, Cité de l’architecture & du patrimoine

Conseil scientifique :
David Peyceré, responsable du Centre d’archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture & du patrimoine




Bernard Zehrfuss, figure majeure de l’architecture des Trente Glorieuses et Grand Prix de Rome en 1939, s’inscrit dans la grande lignée des architectes du courant rationaliste. Engagé très tôt dans la modernité, il adopte les modes de production les plus novateurs de son temps. À travers un ensemble de maquettes, de dessins originaux, de photographies, de plans, de films d’époque, l’exposition déroule l’exceptionnelle maîtrise d’oeuvre de l'architecte et dévoile les bâtiments, leur genèse, la force et la beauté de leur architecture.


La Tunisie, laboratoire de la reconstruction
En 1942, Bernard Zehrfuss est chargé d’expertiser les dommages de guerre en Tunisie. On lui confie la direction d’un atelier d’architecture et d’urbanisme voué à établir les plans des grandes villes du pays et à surveiller leur réalisation. À la fois maître d’oeuvre et maître d’ouvrage, il assure avec son équipe (Paul Herbé, Jean Drieu La Rochelle, Jason Kyriacopoulos, Jacques Marmey, Jean Le Couteur, Robert Dianoux, Claude Blanchecotte) le contrôle architectural des constructions édifiées sur les territoires du pays, la réalisation d’édifices publics et d’ensembles destinés au relogement des populations sinistrées. Associant à l’expérimentation des théories du mouvement moderne les savoir-faire constructifs de l’architecture vernaculaire, il fait de la Tunisie un laboratoire de la reconstruction.


Le Groupe Espace, la synthèse des arts
À la fin des années 40, en rentrant de Tunisie, Bernard Zehrfuss adhère à l’Union des Artistes Modernes, puis au Groupe Espace fondé en 1951 par André Bloc et le peintre Félix Del Marle. Le groupe a pour ambition de favoriser l’intégration des arts dans la vie quotidienne grâce à une étroite collaboration entre architectes, peintres et sculpteurs. Dès 1953, il en assure la vice-présidence avec Fernand Léger et Paul Herbé, et mettra en oeuvre la synthèse des arts dans deux projets industriels majeurs : L’imprimerie Mame à Tours (1948-1953), où il explore l’aluminium un matériau peu en vogue dans le bâtiment et demande à l’artiste Edgard Pillet de concevoir la mise en couleur des intérieurs. L’usine Renault de Flins (1950-1957). Grand chantier de la Reconstruction, cette usine-pilote traduit les nouvelles orientations industrielles de la France. Architecte conseil de l’usine, il conçoit aussi les logements du personnel. Il fait appel à l’artiste Félix Del Marle pour la mise en couleur extérieure des logements et des bâtiments industriels.


Le quartier des affaires de La Défense
En août 1950, le plan d’aménagement de La Défense est confié à Bernard Zehrfuss, Robert Camelot et Jean de Mailly. Ne souhaitant pas dissocier l’architecture de l’urbanisme et captivés par l’élaboration de ce manifeste moderne, ils s’efforcent d’associer l’art de la composition urbaine et les théories du mouvement moderne, avec des bâtiments ordonnancés dans l’axe de La Défense. Le Cnit (1952-1958) est l’un des édifices les plus emblématiques des Trente Glorieuses. Sa couverture, une double coque en béton construite en un temps très court, établit un record mondial de portée. Avec ses 218 m de côté et 46 m de flèche, le Cnit pourrait abriter la place de la Concorde. Pour La Défense enfin, Bernard Zehrfuss élabore un projet de gratte-ciel prototype d’« avenue verticale » de 220 m de haut qui devait dominer de façon déportée la composition axiale du quartier. Dépassant l’archétype de l’objet tour, l’architecte réfléchit en urbaniste.


Le siège de l’Unesco (1952-1958) et ses extensions jusqu’en 1978.
Le bâtiment est la réponse de Marcel Breuer, Bernard Zehrfuss et Pier Luigi Nervi, à la question posée, au sortir de la guerre, de traduire dans un monument contemporain l’image d’une grande institution internationale, dans le centre historique d’une capitale européenne. Ce manifeste architectural met en oeuvre deux concepts majeurs : le fonctionnalisme et l’autonomie de bâtiments remarquables, posés tels de grands objets sur un espace libre.


Le Musée de la civilisation gallo-romaine à Lyon (1967-1975)
Face à l’odéon romain, l’idée de Zehrfuss est d’entailler la colline de Fourvière pour libérer l’espace nécessaire à la construction du musée. La façade sud est recouverte par le talus reconstitué dans son inclinaison initiale et les gradins de la colline remodelée répondent à l’amphithéâtre romain cadré par deux « canons à lumière ». Gothique par sa structure et baroque par son jeu d’obliques et de courbes irrégulières, ce musée, oeuvre de maturité, sera son dernier édifice d’importance.


Le cadre de vie moderne
Il a aussi réalisé plusieurs sièges sociaux dont ceux de Siemens et Sandoz, un hôtel à Megève, de nombreux logements, dont le grand ensemble du Haut du Lièvre à Nancy et Super Montparnasse, rare exemple de tour mixte bureaux-logements à Paris. Au fil de ces projets, Bernard Zehrfuss collabore avec les plus grands ingénieurs ou constructeurs de son temps (Jean Prouvé, Pier Luigi Nervi, Nicolas Esquillan) et avec de nombreux artistes (Picasso, Miró, Del Marle, Pillet). Bernard Zehrfuss lègue une oeuvre vivante que cette exposition invite à redécouvrir. Elle témoigne de la richesse des archives de son agence, qui appartiennent à l’Académie d’architecture et sont conservées à la Cité de l’architecture et du patrimoine.