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“Carpeaux (1827-1875)” Un sculpteur pour l’Empire

au Musée d'Orsay, Paris
du 24 juin au 28 septembre 2014



www.musee-orsay.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 23 juin 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Pêcheur à la coquille. Huile sur toile, 102 x 65 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 1989 36. © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
2/  Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Autoportrait dit aussi Dernier Autoportrait. Huile sur toile, 41 x 32,5 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 1961 29. © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
3/  Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875), Eugénie Fiocre. Plâtre, 83 x 51 x 37 cm. Paris, musée d’Orsay, RF 930. © Musée d’Orsay, dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.

 


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Interview de Édouard Papet, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 juin 2014, durée 10'29". © FranceFineArt.

 


texte de Clémentine Randon-Tabas, rédactrice pour FranceFineArt.

 

L’ensemble de l’oeuvre de Jean-Baptiste Carpeaux est présenté à travers un parcourt thématique, en dix étapes, particulièrement bien composé. Par des oeuvres clefs sont abordés notamment son séjour déterminant en Italie, sa virtuosité en tant que portraitiste, ainsi que sa relation avec la famille impériale, mais aussi les difficultés et les tourments d’un être visiblement passionné, qui oscillait entre exaltation et accablement.

La genèse d’une œuvre
Ce n’est pas seulement une présentation des productions artistiques de Carpeaux qui nous est proposé, mais un voyage à l’intérieur du processus créatif de l’artiste. La genèse de ses œuvres est mise en valeur à travers l’exposition de ses dessins, de ses peintures, carnets de croquis et études préparatoires. Ces pièces qui restent traditionnellement dans l’ombre sont ici montrées, sans hiérarchie particulière, dans un mélange savoureux qui nous laisse entrevoir le cheminement mental de l’artiste. De nombreuses statues sont présentées dans leur version « finales » mais l’on est surpris de constater que celles de plâtre ou de terre cuite n’ont rien à envier à la perfection du marbre ou du bronze. Les puissantes sensations de vie et de mouvement qui se dégagent de ses œuvres se retrouvent en effet dans ses travaux préparatoires. Ceux-ci sont présentés au même rang comme Ugolin dont la version de bronze jouxte le plâtre original. Cela est révélateur de la vision même de Carpeaux qui considérait que l’idée et le « faire » allaient de pair, le second n’étant nullement soumis à la première. Cet ensemble de répétition et différence à travers de multiple déclinaisons de la même œuvre ne manque pas de captiver.

Carpeaux précurseur
Carpeaux réussit à s’imposer de son vivant comme une figure majeure de son époque, son talent étant amplement reconnus par ses contemporains. Cependant sa carrière ne se déroule pas sans heurts et son parcours, parsemé de ruptures avec les usages artistiques de l’époque, ne fait pas toujours l’unanimité. Inspiré par Michel-Ange, Rembrandt ou encore Géricault, il effectue une synthèse de styles à priori incompatibles. Il faut voir dans cet éclectisme non pas un manque de prise de position mais le désir d’une grande liberté qui s’exprime à travers une création dégagée des règles et usages de l’académisme dominant à l’époque. Il a tout d’abord du mal à faire accepter son oeuvre Ugolin car elle ne respectait pas les règles de l’académie, puis lorsqu’on lui demande d’effectuer le décor du Pavillon de Flore il entre en conflit avec l’architecte en rompant avec la hiérarchie habituelle entre décor et architecture. Le réalisme de ses portraits étonnamment vivants ne plut pas toujours aux commanditaires. Ses figures de la Danse sont perçues comme trop sensuelles, à l’instar de celles de la fontaine de l’Observatoire qui choquent par leur nudité. Malgré tout, Carpeaux resta fidèle à sa vision personnelle, produisant des œuvres d’une expressivité fascinante. Il aura une grande influence sur l’œuvre de Rodin qui déclarait qu’il avait fait les plus beaux bustes de notre temps, et fut un précurseur indéniable de la modernité.

Clémentine Randon-Tabas

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Édouard Papet, conservateur en chef au musée d’Orsay



Jean-Baptiste Carpeaux, l’une des plus parfaites incarnations de l’idée romantique de l’artiste maudit par la brièveté et la fulgurance de sa carrière, concentrée sur une quinzaine d’années, se construisit un destin d’exception étroitement lié au règne de Napoléon III.

Cette exposition est la première rétrospective consacrée à l’ensemble de la production de Carpeaux, sculpteur, peintre et dessinateur, depuis celle présentée aux Galeries Nationales du Grand Palais en 1975, et se propose d’explorer l’oeuvre d’une figure majeure de la sculpture française de la deuxième moitié du XIXe siècle, qui selon l’un de ses modèles, Alexandre Dumas, faisait « plus vivant que la vie ».

L’exposition, chronothématique, comprenant 85 sculptures, une vingtaine de peintures et une soixantaine de dessins, s’articule autour de dix sections, permettant de comprendre comment ce talent inquiet va osciller sans cesse entre énergie vitale et inspiration tragique et angoissée. L’accent sera mis sur les groupes majeurs réalisés par Carpeaux, traités en dossiers rassemblant l’ensemble des étapes de la conception de l’oeuvre : Pêcheur à la coquille, Ugolin, le Prince impérial, La Danse, la Fontaine de l’Observatoire. Les oeuvres témoignant de la « fête impériale », croquis, peintures de bals à la cour, portraits ambitieux et élégants constitueront le contrepoint au côté sombre, torturé, de l’inspiration intime de Carpeaux.

Présentées au musée d’Orsay autour des grands modèles originaux, les esquisses virtuoses en terre cuite ou en plâtre vont permettre de réaliser le chemin ardu entre la conception fiévreuse d’une idée et la réalisation finale, au plus près de la main d’un des plus grands sculpteurs français du XIXe siècle.