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“Une histoire” Art, architecture, design, des années 1980 à nos jours
au Centre Pompidou, Paris

du 2 juillet 2014 au 7 mars 2016



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 30 juin 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Mircea Cantor, Tasca che punge, 2007. Pantalon Armani, orties, terre, corde, pinces à linge en bois. Don de la Société des Amis du musée national d’art moderne, PAC 2009, musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris. © Centre Pompidou, mnam/cci, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat. © Mircea Cantor.
2/  Etienne Chambaud, Les coloristes coloriés I, 2009. Sérigraphie et acrylique sur toile, 110 x 150 x 2 cm, musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris. © Centre Pompidou, mnam/cci, Dist. RMN-Grand Palais / Georges Meguerditchian.© Etienne Chambaud.
3/  Steven Parrino, Cosa, 1990. Inventaire : FNAC 01-009. Peinture acrylique sur toile, 183 x 183 x 8 cm. © Centre national des arts plastiques. © D.R. / CNAP /photo : Galerie Evelyne Canus.

 


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Interview de Christine Macel, commissaire générale de "Une histoire",
nouvel accrochage des collections contemporaines,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 30 juin 2014, durée 7'33". © FranceFineArt.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Entrer dans un musée familier et se sentir ailleurs, découvrir un nouvel espace, c'est ce que propose le Centre Pompidou avec l'exposition Une Histoire. Ce nouvel accrochage des collections contemporaines du musée est un voyage dans l'histoire récente de l'art contemporain. De la peinture de Basquiat métissant les cultures populaires au design de Javier Mariscal, tissant des liens allant de la bande dessinée au mobilier, les nouvelles stars dans les années 80 estompent les frontières entre disciplines, brouillant les limites entre photographie, vidéo, musique, architecture, design, mode ou publicité. Au même moment, la chute du mur de Berlin fait tomber d'autres frontières, ouvrant la scène artistique à une expression mondialisée. La voie est ouverte pour des artistes de Chine, d'Inde, de Turquie, du Liban ou des pays de l'est.

Les travaux exposés témoignent au delà de l'histoire de ces trente années des convulsions imposées aux peuples et aux individus. Sur des étagères sont alignés des globes terrestres aux boursouflures grotesques et obscènes. Ces excroissances, cancers, sont autant de zones de conflits que Thomas Hirschhorn tente de panser avec du ruban adhésif. Outgrowth met en scène la maladie des sociétés, leurs conflits et les moyens dérisoires dont nous disposons pour tenter d'y remédier. Autre image de guerre, l'atelier clandestin de Malachi Farrell se met en branle lorsqu'un spectateur s'en approche. Dans un tonnerre de bombes et de mitrailleuses, Le décor de chaises et de machines à coudre au sol jonché de vêtements est violemment secoué jusqu'à disparaitre dans la fumée. Le travail devenu une zone de conflit violent. En opposition, le calme de Café Little Boy, une installation de Jean-Luc Vilmouth, se dégage d'une salle de classe vide dont les murs et le mobilier sont recouverts de tableaux noirs d'école. L'évocation de la bombe atomique d'Hiroshima est paisible, silencieuse, et nous invite à prendre une craie et y inscrire notre sentiment.

Au moment ou les cultures se croisent et se mélangent, se voient dissoudre dans une même fin de l'histoire, il est plus que jamais question d'identités. Ayse Erkmen Netz confectionne une robe à partir d'un ruban vert sur lequel est imprimé son nom. Les simples couleurs blanc et vert comme un drapeau, le même motif qui se répète, forment une tentative mécanique, systématique de retisser une identité coûte que coûte. Regina José Galindo se filme dans Perra. Assise sur une chaise dans une robe noire, elle grave à l'aide d'un couteau le mot perra (chienne) dans la chair de sa cuisse. Entre force courageuse de l'affirmation et ultime dévalorisation, la place d'une femme comme individu entre en collision avec cette de la femme comme être social.

De vidéos conçues sur ordinateur à une molécule géante de glucose en capsules de bouteilles, de la fin de la peinture à une photographie minimaliste du quotidien, on se plonge dans cette nouvelle lecture de notre histoire comme dans un grand livre passionnant.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Commissaire générale, Christine Macel, Conservatrice au musée national d’art moderne, chef du service création contemporaine et prospective 
assistée de Micha Schischke,, attaché de conservation au musée national d’art moderne, service création contemporaine et prospective
Keith Cheng et Mathieu Vahanian, attachés de collections au musée national d’art moderne




Une Histoire. Art, architecture, design des années 1980 à nos jours, nouvel accrochage des collections contemporaines du Centre Pompidou, propose un panorama de l’art contemporain depuis les années 1980, à travers un parcours de plus de 400 oeuvres et objets, de près de 200 artistes, architectes et designers. Peintures, sculptures, installations, vidéos, films, dessins, photographies, architecture et design : cette nouvelle présentation offre un retour inédit sur l’art des trente dernières années.

Date-seuil, 1989 est une année de rupture et marque le début d’une nouvelle ère : le mur de Berlin tombe, bouleversant les partitions du monde de l’art en Europe, tandis que les évènements de la place Tiananmen tournent les regards vers une nouvelle Chine. Aux yeux de l’Occident, de nouveaux territoires artistiques émergent, des artistes font irruption sur la scène internationale, tandis que les biennales d’art contemporain se multiplient bientôt aux quatre coins du monde. Le nouvel accrochage des collections contemporaines du Centre Pompidou accorde une attention particulière à cette géographie mondiale, avec une attention particulière portée à l’ancienne Europe de l’Est, la Chine, le Liban, et divers pays du Moyen-Orient, l’Inde, l’Afrique ou encore l’Amérique latine.

Dans le même temps, le nombre d’artistes, de galeries et de commissaires d’exposition augmente considérablement, tandis que l’art devient l’objet d’une nouvelle « consommation » culturelle. Le « curator » ou commissaire d’exposition se substitue au critique d’art. Le marché de l’art contemporain explose. La médiatisation contribue à la démocratisation de l’art contemporain. Sur le plan artistique, l’avènement des réalités virtuelles, de l’Internet et du « numérique » constitue un tournant et rend caduques la définition d’une photographie « révélée » par la lumière ou l’autonomie de certains médiums comme le film ou la vidéo. Le son devient un matériau à part entière des installations. Enfin, la pratique de la performance connaît un regain d’intérêt, avec des développements vers la danse, le théâtre ou le texte parlé. Quant à l’histoire de l’art, elle est aussi l’objet de nombreuses relectures, certains annonçant la fin de l’histoire ou l’entrée dans une ère post-historique. De nouvelles approches proposent une histoire non linéaire, horizontale plutôt que verticale, incluant des micro-récits locaux et ouvrant un champ de recherche considérable. Les questions d’identités apparaissent également au centre des débats, initiés, entre autres, par les artistes afro-américains.

Dans cette effervescence mondialisée, les artistes réagissent au phénomène de la globalisation et à ces nouvelles réalités avec un regard souvent critique, réinventant leurs pratiques en fonction des soubresauts d’un monde en transformation, où de nombreuses questions politiques et sociales se sont fait jour. Beaucoup d’entre eux réinventent d’ailleurs leurs pratiques en repensant jusqu’à leurs « formes de vie » et leur posture en tant qu’artistes, explorant les sciences dures, les sciences humaines ou la littérature.

Les années 1990 voient ainsi l’émergence de l’artiste comme producteur, historien, archiviste ou documentariste, en réaction aux bouleversements sociopolitiques contemporains. Le rapport au corps a également conduit à de nombreuses inventions plastiques, tandis que beaucoup d’artistes se sont identifiés au narrateur ou à l’autobiographe, instaurant des fictions tournant autour de l’intime. Le réel lui-même et l’objet du quotidien ont été les sources de nombreuses sculptures et installations, repoétisant le banal, réarticulant les sphères publiques et privées, soumises à leur tour à de profonds bouleversements sociologiques.

Une Histoire, nouvelle présentation des collections contemporaines du Centre Pompidou, propose une lecture de l’art inspirée par la manière même dont les artistes se sont positionnés au regard de ces profonds changements.

Le catalogue Une Histoire. Art, architecture, design des années 1980 à nos jours est publié sous la direction de Christine Macel, en co-éditions Centre Pompidou, Flammarion. Une Histoire… se veut un livre de référence qui, au-delà du nouvel accrochage de la collection du Centre Pompidou, a vocation à devenir un outil pour appréhender l’art d’aujourd’hui.

Christine Macel, amorce ici une histoire de l’art qui resterait à écrire, à l’opposé d’une approche encyclopédique. Elle propose dans son essai introductif une interprétation historiographique et analytique des mondes de l’art depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Trois critiques internationaux enrichissent cette réflexion. Dieter Roelstæte se concentre sur la question de l’art après l’histoire, sur la notion même de création à l’époque contemporaine. Okwui Enwezor s’attache à la notion de l’artiste nomade et à l’impact de la globalisation sur la création. Claire Bishop met l’accent plus précisément sur les pratiques des artistes de cette période, autour des notions de citation et de reformatage. Les oeuvres présentées sont articulées autour de trois grands axes –  art, architecture et design – et de thématiques intermédiaires, basées sur les pratiques artistiques. Chacune est introduite par un court essai. Ainsi, près de 120 notices viennent éclairer les oeuvres les plus emblématiques.