contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“L’Envol du dragon” Art royal du Vietnam
au Musée Guimet, Paris

du 9 juillet au 15 septembre 2014



www.guimet.fr

 

© Sylvain Silleran, vernissage presse, le 8 juillet 2014.

1387_Vietnam1387_Vietnam1387_Vietnam

Légendes de gauche à droite :
1/  Pot à chaux. Grès à couverte, ivoire craquelée et rehauts de brun de fer, Époque Lê, fin XVe siècle, H. 24,3 cm ; Diam. 21,3 cm. MNAAG, Paris © D.R / Photos : Thierry Ollivier.
2/  Porte-luminaire. Grès à décor de bleu de cobalt sous couverte, Époque Mac, 1580, H. 87,5 cm ; Diam. 29,5 cm. Musée national d’Histoire du Vietnam, Hanoi © D.R / Photos : Thierry Ollivier.
3/  Dragon bondissant dans les nuées, Or et bois, 2e année Thieu Tri, 1842, H. 12,9 cm ; Diam. 8,2 cm. Musée d’Histoire du Vietnam, Hanoi © D.R / Photos : Thierry Ollivier.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Dans le cadre de l'Année France-Vietnam, le musée Guimet présente l'envol du dragon: art royal du Vietnam, une exposition retraçant trois mille ans de culture vietnamienne. La figure du dragon sert de fil conducteur à ce parcours dans le temps, sa symbolique aquatique en faisant un fondement religieux et spirituel. Contrairement à notre folklore occidental, le dragon d'Asie est un allié capricieux, étroitement lié à l'élément eau. Son importance dans une géographie dominée par fleuves et rivières, cultivant le riz sous de lourds nuages de mousson est considérable, il préside ainsi aux sources mêmes de la vie.

Si l'image du dragon, d'abord évocation zoomorphe stylisée, se définit au premier siècle de notre ère sous l'influence chinoise des Han, le style n'est pas copié et importé pour autant, il se base sur une identité culturelle locale très solide. La pièce centrale de cette première époque est un brûle parfum de bronze représentant un personnage chevauchant un dragon. Ses traits, sa coiffure, son vêtement, un linge ceignant sa taille, sont résolument vietnamiens. Le dragon enroulé sur lui-même vient poser sa tête sous la main du cavalier comme le ferait un animal domestique. Malgré les milles brisures infligées par le temps, l'oxydation verte laisse distinguer une grande finesse du tracé d'écailles, des plis de l'étoffe ou de la ligne d'un bijou. Le volume maitrisé de l'objet s'ajoute à la splendeur du mouvement qui semble se poursuivre quelque deux mille ans plus tard.

Avec l'essor du bouddhisme, le dragon vient orner les éléments de l'architecture et du mobilier des temples, stupas et palais. Ainsi autour de la figure d'un jeune Bouddha doré se tenant sur une fleur de lotus, neuf dragons viennent composer une canopée bruissante. Un ensemble de magnifiques pièces patinées sculptées en pierre blanche forment un bestiaire flamboyant. Les courbes d'une puissant musculature s'envolent en volutes, vagues rugissantes et aériennes, crinières et queues en panache dansant comme des flammes. L'animal semble prêt à bondir du toit sur lequel il est juché ou de l'accoudoir du fauteuil qu'il forme de ses élégantes ondulations.

L'apport culturel et artisanal de la Chine se manifeste également dans le travail de la porcelaine blanc bleu, grès blanc orné de dessins bleus de cobalt. Assiettes et bols sont décorés de dragons volant parmi les nuages dans un mouvement de révolution faisant le tour de l'objet. En migrant de l'eau vers les cieux, ils deviennent l'emblème des princes et des empereurs. Ils orneront théières, services à bétel, sabres d'apparat et bien sûr sceaux impériaux. Le matériau est désormais l'or ou le jade, agrémenté de perles et de pierres précieuses. Le style du XIXéme siècle est bien plus ornementé, surchargé de mille détails. Une fois passée l'admiration pour un délicat et raffiné travail d'orfèvrerie, force est de constater que le dragon a fini par se perdre dans les surcharges du faste. Son crépuscule annonce comme un oracle celui de la dynastie des Nguyên.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition :
Nguyễn Quốc Bình, Musée national d’Histoire du Vietnam
Pierre Baptiste, Musée national des arts asiatiques – Guimet




Dans le cadre de l’Année France-Vietnam, le musée national des arts asiatiques ― Guimet organise, avec le musée national d’Histoire du Vietnam de Hanoi et le soutien de l’Institut français, une exposition consacrée à la représentation du dragon. Des prêts majeurs ont été consentis.

Au Vietnam, le dragon occupe une place privilégiée au sein du bestiaire fabuleux. Cette fascinante chimère manifeste avec dynamisme son rôle protecteur et bienfaisant ; les artistes vietnamiens ont, durant des siècles, décrit les méandres de sa silhouette. Serpentiforme, le dragon participe du monde des eaux dont il est le gardien et le pourvoyeur. Détenteur des clés de la sécheresse ou de l’inondation, il évolue avec la même aisance dans les mondes souterrains, les eaux et les cieux.

Centrée sur l’image du dragon, l’exposition évoque une histoire millénaire, de l’âge du Bronze au crépuscule de la dernière dynastie royale, en réunissant une sélection inédite d’oeuvres du musée national d’Histoire du Vietnam de Hanoi et du musée national des arts asiatiques ― Guimet. La présentation permet d’évoquer les développements d’une iconographie très vite associée à la personne royale et à son prestige.

À ce titre, seront présentées, pour la première fois, des oeuvres d’exception, demeurées inédites tant pour le public français que vietnamien. Y figurent notamment certains des régalia les plus précieux de l’empire d’Annam : sceaux et décrets impériaux en or et en argent.

Le parcours chronologique introduit le visiteur aux confins de l’âge du Bronze. À cette époque, les scènes historiées des tambours et des récipients rituels présentent un original bestiaire fantastique où le dragon n’a pas encore véritablement trouvé sa place. La domination chinoise des Han (env. 1er-3e siècle) illustre ensuite l’émergence de l’image du dragon figurant dans le riche mobilier funéraire mis au jour dans les tombes du nord du Vietnam (province de Thanh Hoa), à la faveur des travaux de l’École française d’Extrême-Orient conduits par les archéologues Louis Pajot puis Olov Janse dans les années 1920-1930.

C’est à partir de l’indépendance retrouvée (10e siècle) que l’art du Vietnam décline l’image du dragon sous ses formes les plus variées : éléments de décor architectural, chefs-d’oeuvre de céramique, objets somptuaires de bronze (11e-18e siècle). Des réalisations qui témoigneront de la puissance inventive d’un pays imprégné de culture chinoise faisant pourtant preuve d’une saisissante originalité.

L’exposition évoquera également un sanctuaire bouddhique à la riche iconographie dans lequel l’image du dragon prend parfois place, en harmonie avec les éléments de mobilier rituel et les objets d’art religieux réunis de manière suggestive. Enfin, un ensemble inédit et exceptionnel de chefs-d’oeuvre illustrera le faste de la dynastie des Nguyên, à Hué, de sa fondation à l’abdication du dernier empereur, Bao Dai, le 25 août 1945.