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“Raymond Depardon & 1914-1918” 1 350 000 morts, 40 000 monuments
à l'église des Frères Prêcheurs, les Rencontres Photographie, Arles

du 7 juillet au 31 août 2014



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, semaine d’ouverture des Rencontres, à Arles, le 9 juillet 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Raymond Depardon, Nord-Pas-De-Calais, Pas-de-Calais, Montcavrel.
2/  Raymond Depardon, Languedoc-Roussilon, Pyrénées-Orientales, Céret.
3/ 
Photo Mairie de Saint-Yrieix. Saint-Yrieix-la-Perche, Haute-Vienne. 

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Faut-il avoir tout jeune encore déchiffré son nom de famille sur le monument aux morts ? Avoir été tenu en éveil des heures durant par les récits parfois rocambolesques, parfois cauchemardesques de son grand-père racontant sa survie dans les tranchées ? Ou bien avoir découvert quelque obscure cimetière au son du clairon sonné par le maire avec son équipe municipale distribuant les bouquets fleuris sur les sépultures des « Mort pour la France » un jour de 14 juillet 2013 ? Faut-il avoir attendu presque 50 ans pour aller visiter la tombe de son ancêtre tombé au printemps 40 ? Ou encore avoir découvert au décès de ses parents, les stéréoscopies prises par son aïeul sur le front alors qu’il était médecin militaire ? Faut-il avoir cherché les récits absents dans la statuaire des monuments aux morts pour être ému par l’installation montrée à l’église des Saints-Prêcheurs cet été pour les Rencontres d’Arles ?

Peut-être !

Huit pans de mur, déposés dans la nef de l’église tels des stèles dans un cimetière anarchiquement composé, accueillent les projections de toutes les photographies jusqu’alors recueillies dans le cadre de la collecte d’éléments visuels de tous les monuments aux morts de France. Une bande sonore unique fédère l’endroit : elle diffuse des sons d’ambiance de places de village. Cloches, gazouillement, bruit de voiture, son du clairon accompagnent la déambulation et le défilement des images fondues au noir. Photographies d’ensemble près de la mairie, de l’église ou du lavoir, détails de la statuaire sur un visage, une main, un corps, le tout souvent sur ciel bleu, les 10 000 photographies prises selon un protocole simple établi par Raymond Depardon défilent avec pour tout commentaire le nom de la commune concernée marquée sous le cliché projeté. La station prolongée est enivrante. Un peu comme si la multitude des morts défilait sous vos yeux.

Pour qui ne peut s’empêcher de s’arrêter pour regarder le monument aux morts des communes qu’il traverse, l’enchainement régulier des images est saisissant. Du seul coup, le rêve impossible de voir tous les 40 000 monuments aux morts de France devient presque possible. Aujourd’hui, près de 4 500 monuments ont été photographiés, inventoriés. La collecte se poursuit encore.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Raymond Depardon - Présence D’une Génération Perdue
Lorsque Raymond Depardon a photographié la France des villages et des quartiers pendant cinq ans, il était difficile que son objectif ne croise pas régulièrement des monuments aux morts tant ils font partie du paysage au coeur des villes. Les Rencontres présentent pour la première fois ces photos à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale. Rien n’y fait, ni les envolées lyriques de certains de leurs sculpteurs, ni les belles lumières et les couleurs de Raymond : ces monuments sont un condensé de cimetière, une cicatrice désagréable dans des paysages souvent bucoliques. On voudrait que l’imposition de cette mémoire fasse réfléchir lors des soubresauts de l’humanité. Délicatement, avec la profondeur de son image grand format, Raymond Depardon semble nous inviter à regarder de nouveau ce que nous ne regardions peut-être plus avec la même gravité. Avec cette lumière très particulière, il sublime avec pudeur et simplicité cet hymne à une génération perdue, cette douleur latente que le temps ne doit pas atténuer, pour empêcher une répétition de l’histoire.
François Hébel


1914-1918 : 1 350 000 morts, 40 000 monuments

Si les églises étaient le seul bâtiment en commun à toutes les communes françaises depuis le Moyen-Âge, l’ouvrage de mémoire qu’est le monument aux morts de 14-18, érigé suite à la Grande guerre qui a décimé la France, est devenu une cicatrice indélébile au coeur de toutes les villes. Les Rencontres d’Arles, la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale et l’université de Lille III ont décidé d’établir le premier recensement photographique de tous les monuments aux morts français pour une exposition et un livre. L’ambition est de montrer l’immensité du massacre à travers ces monuments aux morts. Le célèbre photographe et cinéaste Raymond Depardon, auteur de nombreux films et ouvrages sur la société française, a accepté de parrainer cette opération, en prodiguant un protocole de prise de vue permettant à tous de participer quel que soit son niveau photographique. Les 36 000 communes françaises ont été invitées à participer.

Exposition réalisée par Les Rencontres d’Arles en collaboration avec la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, le soutien de Fondation d’entreprise Carac et de l’Institut de recherches historiques du septentrion (IRHiS), UMR CNRS 8529, université de Lille 3, et le parrainage de Raymond Depardon.