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“Martin Parr & Wassinklundgren” Les Livres de photographies chinois
au Bureau DesLices, les Rencontres Photographie, Arles

du 7 juillet au 21 septembre 2014



www.rencontres-arles.com

www.martinparr.com

www.wassinklundgren.com

 

© Anne-Frédérique Fer, semaine d’ouverture des Rencontres, à Arles, le 11 juillet 2014.

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Couverture de pré-publication et sélection de pages intérieures de The Living China: A Pictorial Record, par Donald Mennie (Shanghai, Liang You Publishing Co., 1930).

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

La passion de Martin Parr pour les livres photographiques est largement connue. Cette année paraissait l’édition française du 3è volume de Le livre de photographies : une histoire co-écrit avec Gerry Badger. Aux rencontres d’Arles, l’artiste britannique présente cette fois-ci sa collection de livres chinois, constituée en collaboration avec le duo d’artistes WasskinkLundgren. Ironie de l’histoire, c’est au bureau des lices, ancien bâtiment du Crédit Agricole, plongé pour l’occasion des Rencontres dans un noir, modéré par un rouge inactinique que l’exposition se déploie.

Cet éclairage, qui évoque le travail de laboratoire argentique, constitue en lui-même une expérience scénographique particulière. Le visiteur, armé d’une torche baladeuse, calibrée lumière du jour, éclaire son propre parcours pour visiter les 4 niveaux et 5 expositions réparties sur le bâtiment. Choix budgétaire plus qu’esthétique, -les locaux n’étant prêté par la mairie que pour un an, les organisateurs n’ont pas voulu investir dans une réfection couteuse-, cette mise en scène cache misère ne rencontre pas que des partisans. Pourtant, elle a l’avantage de forcer l’intimité avec l’œuvre exposée et d’impliquer corporellement le visiteur qui précède sa propre curiosité d’un geste d’éclairement un peu comme du temps de l'éclairage à la bougie.

C’est donc dans une semi-pénombre ou un clair-obscur en mouvement que le visiteur déambule sur deux niveaux pour découvrir plus d’un siècle d’histoire du livre photographique chinois. C’est certainement l’énorme intérêt que comporte cette exposition, celui d’avoir sous les yeux dans sa continuité de plus de 100 ans d’éditions photographiques, organisées selon un ordre chronologique et découpé en six chapitres renvoyant aux grandes périodes et bouleversements du XXe siècle chinois.

L’emprise européenne du début du siècle et son goût pour l’exploration, la guerre sino-japonaise qui trouve son prolongement dans des ouvrages de propagande, la chine communiste qui affiche un pays heureux, mais s’empêtre dans les aléas de la censure, la transition libérale qui développe les aspects didactiques et utilitaires du livre avant d’ouvrir l’édition à une foisonnante diversité qui fusionne avec les pratiques occidentales.

Les livres visibles sous vitrine, sont pour certains présentés séparément dans des salles adjacentes, sous forme de projection ou papier-peints sur lesquels sont imprimés différentes planches. Des textes de conservateurs et journalistes spécialistes de la photographie chinoise (Raymond Lum et Gu Zheng notamment) contextualisent le moment de l’édition. On est alors curieux d’observer que l’évolution des techniques d’impression et les modes de mise en pages ne diffère pas tant de celle que l’on connait.

Bien sûr, après des balbutiements dans l’édition photographique (cartes postales sous forme de leporello louant des victoires au combat) au début du régime, la Chine de Mao Zedong va exceller dans la maitrise des techniques. On pense par exemple aux retouches photo utilisées dans l’ouvrage Longue vie aux Président Mao (1969) qui présente un président sous son meilleur jour à toutes les époques de sa vie. En 1959 déjà était publié le livre-monument intitulé La Chine qui regroupe plus de 550 photos. C’est une somme qui se veut un véritable panégyrique de la Chine communiste.

Curieusement, l’exposition se referme sur un sixième chapitre présentant les livres de photographes occidentaux tel Henri Cartier-Bresson, Marc Riboud, comme si notre regard ne pouvait se passer de cette médiation, de cette emprise.

Mireille Besnard,

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l'exposition : Martin Parr et WassinkLungren



Au cours des dix dernières années, le livre de photographie a acquis un nouveau statut dans l’histoire de la photographie. Des courants critiques novateurs ont fait considérablement évoluer notre façon d’appréhender la culture de ce médium en étudiant des territoires que l’on néglige trop souvent, tels l’Amérique du Sud ou l’Afrique. Jusqu’à aujourd’hui, seuls trois livres de photographie chinois avaient intéressé les historiens, bien qu’en la matière l’exemple de la Chine soit passionnant. Cette exposition créée à Arles en co-production avec Aperture révélera pour la première fois l’étendue et la diversité de cet héritage. Divisée en six sections, chacune consacrée à une période historique, elle ravira et comblera la curiosité des amateurs de livres de photographie. Avec pour point de départ un corpus sélectionné par Martin Parr et l’équipe de photographes néerlandais WassinkLundgren, basés à Londres et à Pékin, Les Livres de photographie chinois a nécessité une somme de recherches sans précédent et en dit long sur la Chine et sur les bouleversements qu’elle a connu ces 150 dernières années.



Martin Parr
Né en 1952 dans le Surrey, Royaume-Uni. Vit et travaille à Bristol, Royaume Uni.

Martin Parr est une figure centrale du monde de la photographie, reconnu comme un brillant satiriste de la vie contemporaine. En plus de son travail de photographe et de commissaire d’exposition, il est également connu pour sa collection de livres de photographies et pour avoir coécrit, avec Gerry Badger, The Photobook: A History (trois tomes). Que ce soit en tant que commissaire, contributeur ou conseiller, il a participé à de nombreux projets autour du livre de photographies, dont le Latin American Photobook. Ses propres uvres ont donné lieu plus de vingt-cinq ouvrages est est présente dans de nombreuses collections de musée, dont le J. Paul Getty Museum (Los Angeles), le MoMA (New York), le Stedelijk Museum (Amsterdam), le Metropolitan Museum of Art (Tokyo) et la Tate Modern (Londres). Martin Parr est membre de Magnum Photos.



WassinkLundgren
Thijs groot Wassink est né en 1981 en Hollande. Il vit et travaille à Londres.
Ruben Lundgren est né en 1983 en Hollande. Il vit et travaille à Pékin.

WassinkLundgren est le fruit de la collaboration entre deux artistes hollandais, Thijs groot Wassink et Ruben Lundgren. Ils se sont rencontrés alors qu’ils étudiaient tous deux à l’École d’art d’Utrecht et travaillent ensemble depuis 2005. Ils ont remporté de nombreux prix dont le prix du Livre d’auteur des Rencontres d’Arles en 2007 et le China Academy Award. Ils ont été sélectionnés pour le Dutch Doc Award et le Foto Kees Scherer Prijs, et ont été nominés pour le Thieme Art Award.