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“Road Trip” Photography of the american west
à la Galerie des Beaux-Arts, Bordeaux
du 28 août au 10 novembre 2014



www.musba-bordeaux.fr

 

© Mireille Besnard, Bordeaux, le mercredi 27 août 2014, vernissage presse.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Edward Sheriff Curtis, The Vanishing Race, 1904. Epreuve au platine. Collection du LACMA. © Edward Sheriff Curtis.
2/  Richard Misrach, Untitled (1975). Epreuve gélatino-argentique. Collection du LACMA. © Richard Misrach.
3/  David Levinthal, Untitled (1988). Epreuve cibachrome. Collection du LACMA. © David Levinthal.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

La Galerie des Beaux-arts de Bordeaux et le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) s’associent pour célébrer cinquante années de jumelage entre les deux villes portuaires avec une proposition audacieuse et séduisante : une exposition de photographies sous la forme d’un road trip à travers le Grand Ouest américain, ses paysages, son imaginaire, ses mythes, ses désillusions et peut-être aussi ses non-dits.

C’est Eve Schillo, conservateur au Wallis Anneberg photography department du LACMA, qui a puisé dans l’immense fonds du département contenant près de 18 000 pièces pour en tirer avec Sandra Buratti-Hasan, conservateur à Bordeaux, une ballade magique, un voyage spatio-temporel, tout à la fois proposition de lecture d’un territoire et de ses évolutions que incursions chronologiques dans l’histoire de la photographie américaine, avec ses grands noms (Watkins, A. Adams, Weston, Lange, Strand, Frank, R. Adams, Winogrand, Baltz, Rusha, etc.),mais aussi ses artistes et ses courants plus méconnus du grand public, comme les Nouveaux topographes.

Eve Schillo et Sandra Buratti-Hasan naviguent et nous conduisent à travers les mythes assumés du Wild West, (paysages vertigineux, cow-boys et automobiles), ou d’autres imaginaires plus enfouis, et plus douloureux du Grand ouest, comme celui d’une route finalement dangereuse et mortelle. C’est du moins ce que semble sous-entendre le déroulement du parcours de l’exposition qui s’ouvre sur une photographie de Dennis Hopper, (Double Standard, 1961), réalisateur d’Easy Rider, accompagnée d’une citation de Kérouac, et se clôture par la quasi mort du héros de ce road trip, - la nature-, qui apparait dans les images finales de David Maisel et Richard Misrach, comme altérée, souillée, polluée, mais diffusant encore ses dernières lueurs aux couleurs envoutantes (Richard Misrach, Antenne TV, Salton Sea, Californie, 1985, David Maisel, Ultime Mirage 4, 2003).

Suivant un parcours qui nous met en contact avec un médium oscillant entre abstraction et document, entre sublime et banal, on est happé par l’illusion d’un territoire lointain, sauvage, « destiné » à connaitre le regard magnifiant et protecteur de l’homme -blanc ?- (Watkins, A. Adams), mais aussi à subir le pouvoir de transformation technologique, véritable bouleversement des territoires, même jusqu’à l’absurdité (Deal, Rusha, Baltz). Pourtant dès les premières images, on comprend que l’on est en territoire déjà conquis, presque maitrisé et épuré. D’ailleurs, le sort des sociétés indiennes quasi éludées de ce voyage temporel, est juste évoqué à travers un cliché de Edward Curtis montrant une colonne de chevaux s’éloignant montés par des indiens que l’on aperçoit que de dos (Un peuple disparaît (Navajo),1904) ! L’appareil photographique, quel meilleur instrument d’emprise sur l’espace et le temps ?

Dans un dernier acte, intitulé « L’Ouest sublimé », les deux commissaires présentent les travaux d’artistes qui contiennent intrinsèquement non seulement la remise en cause d’une idée du paysage, comme l’ont fait auparavant les nouveaux topographes, mais aussi une critique du médium photographique lui-même, instrument de maîtrise et de contrôle, aux pouvoirs esthétisants puissants (Judy Dater, Richard Misrach, John Divola, John Pfahl, Thomas Barrow). Ainsi, dans une œuvre intitulée Autoportrait au déclencheur (1981), Judy Dater allongée nue sur des dunes craquelées de sécheresse, s’offrant au regard du photographe sur le point de déclencher, semble se moquer effrontément des recherches formelles modernistes d’un Edward Weston exposé un étage plus bas.

En définitif, on se laisse aisément promener le long de ces routes, historiques, esthétiques qui, même dans leur plus sordides évocations (catastrophes, crises), parviennent encore à nous transporter à travers un imaginaire partagé sur les deux rives occidentales des deux océans.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général :
Sophie Barthélémy, conservateur en chef du patrimoine, directrice du musée des Beaux-Arts de Bordeaux
Michael Govan, CEO and Wallis Annenberg Director, Los Angeles County Museum of Art

Commissariat scientifique :
Eve Schillo, Curatorial Assistant, Wallis Annenberg Photography Department, LACMA
Sandra Buratti, conservateur du patrimoine, musée des Beaux-Arts de Bordeaux

Road Trip: Photography of the American West est organisée par le Los Angeles County Museum of Art et le musée des Beaux-Arts de Bordeaux.



L’exposition propose un voyage dans l’espace et dans le temps à travers les nombreux mythes du grand Ouest américain, de la fin du XIXe au début du XXIe siècle. Elle est organisée dans le cadre du 50ème anniversaire du jumelage entre Los Angeles et Bordeaux. Une sélection de 82 photographies issues des collections du Département de Photographie Wallis Annenberg du Los Angeles County Museum of Art (LACMA) met en lumière des images évoquant l’Ouest et son imaginaire.

Un parcours chronologique permet d’interroger plusieurs grands thèmes, cherchant à définir l’Ouest au-delà du sens littéral et attendu de la notion de « paysage » tels que la nature de l’Ouest, l’évolution des aménagements, une nouvelle conception du sublime, le banal ou les paysages définis par les habitants.

Ce panorama permet ainsi d’explorer la variété des paysages du territoire ouest-américain, ses paysages physiques entre mer et terre mais aussi mentaux, tout en soulignant la diversité des pratiques et des techniques photographiques. Les premières photographies du XIXe siècle, souvent à vocation documentaire, laissent peu à peu la place aux images sophistiquées des grands noms du pictorialisme. La vague formaliste des modernistes du milieu du siècle est ensuite évoquée par des oeuvres vouées à la recherche d’une nouvelle pureté photographique et d’une approche plus humaniste. Le parcours se clôt par les oeuvres de praticiens contemporains dont les recherches portent davantage sur l’abstraction ou la performance.

Des artistes fortement liés à l’Ouest américain sont exposés, parmi lesquels Ansel Adams, Edward Weston, Robert Adams, Dorothea Lange, Imogen Cunningham mais aussi Dennis Hopper ou Ed Ruscha, ainsi que d’autres comme John Divola, David Maisel ou Aaron Siskind dont les photographies présentent une vision actuelle, souvent conceptuelle ou abstraite, de ce que l’Ouest Américain représente pour un oeil contemporain.