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“Corrida” présentation du retable Liturgie improbable
à la galerie Les Anges de Verre, Arles

du 12 au 30 septembre 2014 (prolongation décembre 2014)



www.galerielesangesdeverre.com

 

© Normann Berg, vernissage public, le 13 septembre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pierre Normann Granier, installation du retable "Liturgie improbable" dans le coeur de la chapelle de l'ancien couvent des Carmes à Arles, 200x250 cm, 2009.
2/  Jean-Marie Granier (1922-2007), Véronique, burin, Madrid, 15x15 cm, tirée sur papier de la Chalcographie nationale de Madrid, 1952.
3/  Pierre Normann Granier, image
ayant servi pour la réalisation du retable (extraite d'une serie de prises de vue des corrida de la Pentecote 2008 à Nimes, ici ‪Sébastien Castella‬).

 


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Interview de Pierre Normann Granier,
par Anne-Frédérique Fer, Arles, le 13 septembre 2014, durée 9'56". © FranceFineArt.com.

 

présentation du retable Liturgie improbable.

Le retable “Liturgie improbable”, est une série de 6 images horizontales relatant la vie humaine. L’action se passe avec pour fond les arènes romaines, où de nos jours se battent encore à mort des hommes contre des taureaux. Si ces arènes symbolisent notre monde, alors s'y déroule à l’intérieur et à l’extérieur un certain nombre de rites nous permettant de donner sens. J’ai photographié ceux qui m’étaient proches, que je croyais connaître.

Ces liturgies, nationales ou communautaires, formulent dans leurs rituels une dimension parfois insoutenable du Sacré. La justification de leur existence est due à l’affirmation d’un lien social intemporel qui nous est imposé ici, dans sa précision et son instantanéité, par l’artifice de l’image photographique. Maints dévoués guides articulent ce spectacle, donnant au public, non pas l’illusion mais bien l’accès à un Sacré Ancestral, où tout l’enjeu est de faire disparaître la solitude.

Pierre Normann Granier

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l'exposition :
Roland de Monchy, directeur de la galerie Les Anges de Verre
Danièle Crégut, experte en art moderne et contemporain
Ginette Turpeau Parres, directrice de la Galerie Dialogue




Une exposition dans le cadre exceptionnel de la chapelle de l’ancien couvent des Carmes du XVIIème.

- Isabel Echarri vit entre Paris et Formentera. Elle travaille depuis de nombreuses années sur le blanc et construit des livres-objets en fabricant sa propre pâte à papier.
- Jean-Pierre Formica est peintre et vit entre Paris et la Camargue.
- Michel Gilles (1943-2008) a eu une une carrière internationale, il vivait de sa peinture sans galerie.
- Jean-Marie Granier (1922-2007) se consacre exclusivement dès 1946 au dessin et à la gravure. Professeur à l’école des Beaux-Arts de Nîmes (1959-1978) puis à l’école des Beaux-Arts de Paris (1978-1988). Il est élu à l'Institut de France comme membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1992. Et en 2000 il est nommé directeur du prestigieux Musée Marmottan-Monet à Paris. ( Centre d'Art Jean-Marie Granier : www.jeanmariegranier.com )
- Pierre Normann Granier est photographe et enseigne la photographie à l’école des Beaux-Arts de la Ville de Paris depuis 1985.






De la photographie comme un art de combat, par Pierre Normann Granier

Encore plus que l’honnêteté, il y a dans la photographie une nécessité de vérité, cela est dû au fait que pour beaucoup de photographes de ma génération l’essence de la photographie est le reportage. Nous avons été instruits par les images de Paris Match qui couvrait les guerres d’Indochine, d’Algérie, Mai 68, le printemps de Prague.

Notre pratique photographique et artistique devint alors une démarche politique - prêtons
à cette conception, avec une certaine indulgence, un romantisme d’enfant assurément révolu qui peut s’apparenter aux combats des chevaliers d’un moyen-âge idéalisé -. Et même si personnellement j’ai toujours été fasciné par le spectacle et la représentation de cette violence, il ne m’a heureusement pas été indispensable de rechercher les zones de conflit armé. Cette révélation de la vérité, la représentation de la réalité, est possible quel que soit le genre choisi, paysage, portrait, allégorie, reportage…

La représentation photographique est une écriture, elle permettra au spectateur de connaître par la lecture de l’image ce qu’il y avait à connaître. D’autant plus qu’il s’agit ici d’un choix et d’une mise en ordre du réel par le photographe. Ce réel qui est par essence un chaos indescriptible, le photographe avec ses outils l’organise pour le rendre lisible.

On peut difficilement contester que l’ensemble des artifices de notre pratique a autorisé de multiples tricheries. Malgré cela, dès son origine le public a considéré la photographie comme la réalité. Plus qu’un simple reflet même exact de cette réalité, c'est une relation semblable à la fonction de l’image pieuse qui s'établit. Des premières expériences photographiées de spiritisme de Florence Cook ou d’Eva Carrière à l'inéluctable album de famille -With my Family- du hollandais Hans Eijkelboom, toute l’histoire de la photographie semble s’apparenter à cette même logique d’une image qui surpasse la réalité. Ainsi, pareillement à la calligraphie d’un idéogramme qui a plus d’importance que l’objet qu’elle signifie, la photographie peut détenir la même implication.

Il ne faut pas occulter la dimension subjective de la propre interprétation du photographe face à cette “réalité”. D’autant que c’est exactement cette même subjectivité associée à l’altération contingente et parfois aléatoire de l’image, par les caractéristiques optiques de l’objectif et par le développement de l’émulsion photosensible, qui crée la personnalité du photographe, contribue à bâtir et enrichir son univers artistique.

Par le cadrage, le choix de l’instant, peut-être l’utilisation de plusieurs images, la photographie quelle que soit la conception qu’en aura son auteur, utilise la réalité, la dissèque en multiples morceaux pour raconter l’histoire telle qu’elle est réellement. Par cette déconstruction - dans le sens où l’on décompose la structure - la photographie devient plus forte, plus réelle que le discernement commun de la réalité, ce commun admis qui ne nécessite plus jamais d’être pensé. C’est bien par ces circonstances que la photographie possède plus d’importance que l’objet qu'elle décrit.

Si le dessin est la probité de l’art, la photographie devrait l’être de "l’homopoliticus". Néanmoins la photographie n’a pas à être l’esclave des engagements éthiques et idéologiques du journalisme. La subjectivité humaine et les aléas de la technique transcendent l’image obtenue et lui donnent les spécificités de l’immortalité que ne possède pas, a priori, l’exercice journalistique. Presque innombrables, ce sont eux, les Henri Cartier-Bresson, les Robert Capa ou les Gilles Caron, ces grands reporters dont le travail a largement distancé cet exercice, qui ont nourri notre imaginaire d’enfant.

Pierre Normann Granier