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“Tom Arndt” Home
à la Galerie Les Douches, Paris

du 13 septembre au 31 octobre 2014



www.lesdoucheslagalerie.com

 

© Anne-Frédérique Fer, le 12 septembre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Tom Arndt, Man behind a store window, Chicago, 1990. Tirage gélatino-argentique moderne. © Tom Arndt/Courtesy Les Douches la Galerie.
2/  Tom Arndt, Men riding a bus, Las Vegas, 1981. Tirage gélatino-argentique moderne. © Tom Arndt/Courtesy Les Douches la Galerie.
3/  Tom Arndt, Minnesota St Fair, 1976. Tirage gélatino-argentique moderne. © Tom Arndt/Courtesy Les Douches la Galerie.

 

extrait du communiqué de presse :

 

Né à Minneapolis, Tom Arndt s’est attaché à photographier son Minnesota natal. S'inscrivant dans la grande tradition de la photographie documentaire américaine, il nous livre un album de famille : ses habitants, ses rues, ses vitrines, ses comptoirs de café, ses parcs, ses grands évènements populaires, avec une très grande empathie et une grande dignité. Le misérabilisme n'y a pas sa place. Comme le souligne son ami et écrivain, Garrison Keillor, Tom Arndt photographie "l'ADN de la culture du Minnesota, c'est-à-dire les pauvres et les exclus".

Très attaché à l'argentique, Arndt nous livre des tirages d'une exceptionnelle beauté. Amoureux des papiers photographiques, il ne peut concevoir une journée sans passer plusieurs heures dans son laboratoire. Ses photographies sont présentes dans de nombreuses collections des musées américains.


Extrait du texte de Toby Kamps,
Curator of Modern and Contemporary Art, The Menil Collection, Houston

Une ménagère du Midwest posant fièrement avec sa tondeuse à gazon sur un trottoir propret. Un groupe de jeunes filles en goguette passant devant les fenêtres d’une confiserie. Un homme perdu dans ses pensées au comptoir d’un restaurant, baigné d’un rayon de soleil et se reflétant dans le miroir d’un distributeur de cigarettes. Des scènes que nous pouvons voir à tout instant de notre vie. Si chacun de nous est en mesure d’apprécier la beauté ou l’intensité de ces moments éphémères, il faut cependant un talent et une réactivité extraordinaires pour en faire de l’art au moyen d’un appareil photo. Le photographe Tom Arndt, originaire de Minneapolis, auteur de ces images noir et blanc ainsi que de milliers d’autres, tout aussi criantes de vérité, compte parmi les rares spécialistes de la photographie de rue à posséder le regard, l’intuition et la compétence technique permettant d’extraire de la poésie des scènes du quotidien.

Depuis le début des années 1970, Arndt passe sa vie à chasser des images fortes mettant en scène les gens et l’espace/temps qu’ils habitent. Armé des outils classiques du genre, une pellicule Kodak Tri-X et un Leica rapide et discret, il a sillonné les rues des grandes villes et des bourgades des États-Unis, d’Europe et d’Amérique Latine en quête de ces instants fugaces, évanescents, où les histoires et les images se rejoignent. Son oeuvre renvoie à la grande tradition de la photographie humaniste – des images qui traitent des thèmes universels de la vie. Elle s’inscrit dans la continuité des grands innovateurs du genre, passés ou présents : Henri-Cartier Bresson et sa méticuleuse instantanéité, Garry Winogrand et son sens inné du timing et de l’humour, Robert Frank et son regard brut sur la société américaine. Mais Arndt possède une sensibilité qui lui est propre.

Les oeuvres de Tom Arndt ont un côté plus doux, moins cinglant que celles de ses prédécesseurs et des grands noms du genre. Moins soucieux de saisir le « moment décisif » alliant une composition et une symbolique parfaites, à la Cartier-Bresson, il préfère étirer légèrement le temps, afin d’en exprimer la fuite. Qu’il montre une conversation, un trajet ou simplement une situation d’attente, on le sent fasciné par cet état mental singulier qu’est la concentration. Saisir au vol les rêveries quotidiennes dans un bar, un bus ou sur un pas de porte, est une des spécialités de Arndt. Ses compositions sont souvent assez libres et donnent l’impression que le photographe est un élément de la scène et non un observateur extérieur au regard acéré. Étonnamment, son humanisme s’exprime différemment de celui de la plupart des photographes de rue qui travaillent sur le vif ou sans communiquer directement avec leur sujet. S’il prend de nombreuses photos à l’insu de son sujet, il laisse tout aussi volontiers transparaître le fait que le sujet voit parfois qu’il se fait prendre.

Aucune froideur chez Tom Arndt. Il s’est toujours attaché à raconter les humains avec bienveillance. « Qu’est-ce que cela signifie d’être en vie, voilà ce qui m’intéresse. Mes sujets sont des gens qui tentent de tuer la journée d’une manière ou d’une autre, et je les accompagne, » explique-t-il. « Je tente de faire en sorte que les gens que je photographie soient représentés avec justesse et dans le plus grand respect. » Pauvreté, solitude, turbin, tels sont les thèmes récurrents de son oeuvre, mais jamais on ne sent le côté « je t’ai bien eu », cynique motivation d’un grand nombre de photographes de rue. Comme le montrent ses images d’un groupe de spectateurs assistant sur les gradins à une manifestation de tracteur pulling en 2013, d’un homme lisant le menu dans la vitrine d’un restaurant en 1982, d’une cabine téléphonique vide dans un bar de Saint Paul, photographiée en 1971, le désir d’établir un contact est toujours sous-jacent.

[….]

Qu’elles proviennent de la fête foraine du Minnesota, d’un arrêt de bus de la Nouvelle-Orléans ou d’une route déserte de l’ouest du Montana, les oeuvres de Tom Arndt représentent une forme d’art d’une valeur inestimable. Grappillées dans la réalité, ses images taillent des fragments limpides dans l’épaisseur de la perception visuelle et nous offrent un accès privilégié au flot incessant du temps et de la connaissance. Comme tout portrait ou paysage réalisé avec finesse, elles dévoilent avec force les schémas et les ambiances de la vie quotidienne. Et comme souvent dans le genre de la photographie de rue, les grandes questions restent sans réponses dans les oeuvres de Arndt : qui sont ses sujets, où vont-ils, à quoi pensent-ils ? Pourtant, ses images d’un vécu en train de s’accomplir se distinguent par leur générosité. Par leur familiarité, leur sincérité et leur franchise, elles prouvent que le photographe est là pour nous accompagner au fil de notre vie.