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“Tania Mouraud” AD NAUSEAM
au MAC/VAL, musée d'art contemporain du Val-de-Marne, Vitry-sur-Seine

du 20 septembre 2014 au 25 janvier 2015



www.macval.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 18 septembre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Tania Mouraud, DREAM, 2014. Impression numérique sur papier affiche, 1,75 x 2,40 m. Voie Gluck, Vitry-sur-Seine. Production MAC/VAL - Musée d’art contemporain du Val-de-Marne. Photo © Thomas Louapre, mise en situation Amandine Mineo. © Adagp, Paris 2014.
2/  Tania Mouraud, La Fabrique, 2006. Installation vidéo, 25 téléviseurs, 4 projections murales, 29 sources sonores.  Production : Tania Mouraud, Lille 3000 et Frac Nord-Pas-de-Calais. Collection Fnac Paris. Vue de l’installation au Tri postal, Lille.  Photo © Thierry Depagne. © Adagp, Paris 2014.
3/  Tania Mouraud, City Performance n°1, 1977-1978. Affiche sérigraphiée, 3 x 4 m. Intervention urbaine, Paris. Collection Frac Lorraine. Photo © Tania Mouraud. © Adagp, Paris 2014.

 


1433_Tania-Mouraud audio
Interview de Frank Lamy, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, au Mac/Val, le 18 septembre 2014, durée 8'15". © FranceFineArt.
(portrait de Tania Mouraud et Frank Lamy)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat Frank Lamy



Pour la rentrée, le MAC/VAL présente « AD NAUSEAM », une monographie de Tania Mouraud, figure majeure de l’art contemporain français qui interroge à nouveau la condition humaine. Cette exposition réunit une création audiovisuelle co-produite avec l’Ircam-Centre Pompidou, un affichage monumental sur les façades extérieures du musée ainsi que de multiples interventions dans la ville de Vitry-sur-Seine.

L’installation monumentale audiovisuelle occupe la totalité de la salle d’exposition temporaire et confronte le spectateur à un des thèmes majeurs de l’artiste, celui de la destruction par l’Homme de sa propre histoire, évoquée ici par l’élimination massive de livres dans une usine de recyclage. Le traitement de ces livres, en tant que témoignage de l’histoire, peut être compris comme métaphore de la destruction de la pensée. Comme un pinceau sur une toile, Tania Mouraud utilise la caméra pour capturer le réel, dresser un constat. Les Bulldozers broyant des livres à un rythme effréné ne sont pas sans renvoyer à d’autres images mentales collectives de l’Histoire. Vidées de toute présence humaine, ces images feuilletées donnent à voir un désastre sans fin, sur trois écrans qui semblent déborder.

Cette vidéo inédite est accompagnée d'une création sonore réalisée par Tania Mouraud, à l’occasion de sa résidence à l’Ircam entre 2013 et 2014. Celle-ci souligne l’agressivité des machines et renforce la puissance et le caractère tragique et destructeur de cette action irréversible de l'Homme, action qui condamne toute leçon face aux erreurs du passé. Ce montage de plus de 1500 samples de sons mécaniques, industriels et sourds renforce la violence de la machine créant ainsi l’équivalent sonore de la dynamique visuelle. Le son, utilisé comme arme, nous ramène aux images et inversement.

Avec ce triptyque vidéo de près de 35 mètres de long et 7 mètres de haut et une spatialisation du son dans l’espace de plus de 50 points de diffusion, la salle d’exposition devient un espace à vivre, de réflexion où le spectateur fait l’expérience sensible d’un univers mécanique et industriel.

Tania Mouraud intervient également à l’extérieur du musée, prolongeant son processus d’écritures dans l’espace public. Depuis plus de vingt ans, elle crée des peintures abstraites en incrustant des phrases plus graphiques que lisibles, de par leur traitement typographique aujourd’hui très reconnaissable. Si elle a commencé avec des phrases iconiques et politiques pouvant s’assimiler à des slogans, elles deviennent de plus en plus intimes, sensibles, émotionnelles, poétiques, universelles, comme des phrases de résistances, souvent reprises dans ses performances.

Elle s’empare ainsi de la façade latérale du musée de quarante mètres, affichant la phrase CEUXQUINEPEUVENTSERAPPELERLEPASSESONTCONDAMNESALEREPETER. Cette sentence vient rappeler aux Hommes leur manque de remise en question face à l’Histoire. Elle fait écho à l’installation AD NAUSEAM à l’intérieur du musée et donne à réfléchir sur une position citoyenne face à l’état de notre monde. Une autre œuvre sur la façade frontale reprend l’expression MEMEPASPEUR, reproduite également sur les billets d’entrée du MAC/VAL.

Enfin, à l’instar de son intervention à Quimper en 1996, Tania Mouraud occupe plus de soixante-dix panneaux d’affichage de Vitry-sur-Seine, dans le cadre du festival « Murs-Murs », à partir du 3 octobre 2014. Pour cette action éphémère dans l’espace urbain, elle place au coeur de la ville la célèbre phrase de Martin Luther King, IHAVEADREAM. En s’emparant des espaces réservés aux messages publicitaires, elle brouille les codes et place comme toujours le spectateur, le passant, dans une position de questionnement devant l’indéchiffrable, le conviant à marquer un temps d’arrêt, à prendre son temps. Comme pour rappeler que l’art peut – encore – être un acte de résistance collectif.



Tania Mouraud, artiste inclassable née en 1942, pratique dès la fin des années soixante un art engagé qui interroge les rapports de l’art et des liens sociaux, la responsabilité de l’artiste dans la société, face à l’histoire. Depuis ses premières oeuvres conceptuelles jusqu’à ses vidéos et performances plus récentes, elle explore le comportement individuel et social en plaçant toujours le spectateur au centre du processus et l’incite à prendre conscience de lui-même et de sa relation au monde. La subtilité de son travail réside dans sa capacité à parler de la destruction, du désastre, de la violence du monde, sans jamais les représenter frontalement. Elle se positionne en tant que témoin du monde et fait appel au sensible, sans donner de leçon ni porter de jugement. Si son oeuvre est polymorphe et se renouvelle sans cesse dans les médiums utilisés – peinture, installation, photo, vidéo, son, performance –, Tania Mouraud n’a de cesse d’interroger la condition humaine autour de trois thèmes principaux : le féminisme, le racisme et la consommation - jusqu’à l’épuisement, l’écoeurement, ad nauseam…