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“La Photographie performe” [The Body and the Archive]
au Centre Photographique d’Île-de-France, Pontault-Combault

du 5 octobre au 14 décembre 2014



www.cpif.net

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 3 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Christian Patterson, Readhead Peckerwood, Telephone, 2007-2014, 61 x 76 cm. Courtesy de l'artiste et de la Robert Morat Galerie, Berlin.
2/  Gohar Dashti, Iran, Untitled, 2013. © Gohar Dashti.
3/  Simon Fujiwara, Studio Pietà (King Kong Komplex), 2013. © Simon Fujiwara, photographie de Lance Brewer. Courtesy Andrea Rosen Gallery, New York.

 


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Interview de Chantal Pontbriand, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Pontault-Combault, le 3 octobre 2014, durée 14'31". © FranceFineArt.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

« La photographie performe ». C’est une affirmation.

Et elle constitue le socle de cette exposition, construite par Chantal Pontbriand et le collectif curatorial AGENCY à l’invitation du CPIF. Pourtant, derrière ce postulat surgit nombre de questions qui peuvent venir ébranler le mur de nos certitudes.

Oui, la photographie fige le mouvement, fragmente l’espace, fixe les représentations et transmet le souvenir. Elle agit sur nos perceptions et nos représentations. On le sait. Avec le texte « The body and the archive », -qui fournit le sous-titre de la présente exposition-, Allan Sekula soulignait en 1986 à quel point la photographie était un outil de contrôle, de normalisation et de maintien de l’ordre. Avec son travail, il ouvrait des pistes pour transformer les pouvoirs du médium vers une critique du système que la photographie était sensée renforcer. C’est naturellement avec certains de ses travaux théoriques et pratiques que l’exposition, La photographie performe, commence. C’est dans le sillage de sa réflexion que le collectif curatioral propose d’explorer le questionnement autour de ce « comment agit la photographie ? » à travers les œuvres de 8 artistes contemporains, pas forcément photographes, mais utilisant la photographie comme médium d’investigation de phénomènes tant individuels que publics. Ce sont donc sous des formes diverses, mêlant série, installation et assemblage que se voit questionner la photographie.

Ainsi, elle peut venir hanter nos mémoires (Simon Fujiwara, Studio Pieta), révéler les similitudes (Eric Baudelaire, Site deplacement) et les aberrations (Uriel Orlow, Unmade film) historiques et spatiales, dévoiler et modifier les identités (I-Chen Kuo, The face of time), pénétrer et témoigner des espaces les plus fermés (Mohamed Bourouissa, Temps mort). Son dispositif mécanique et précis a pu donner naissance à de nouvelles formes permettant classification et taxinomie (Joaquim Koester, Some boarded up houses). Outil de représentation, elle réduit l’espace et isole les groupes (Gohar Dashti, Iran Untitled). Plus, elle focalise le regard sur les détails et les objets dont on ignorait l’importance (Christian Patterson, Readhead Peckerwood). Ainsi, avec la photographie, tout peut devenir indice et symptôme.

L’exposition grâce à sa disparité, ne propose heureusement pas de réponses catégoriques aux questions qu’elle pose, mais elle ouvre et déblaye quelques pistes de travail, théoriques et plastiques, explorées par une génération d’artistes issus d’univers géographiques divers. Ce qui dit aussi de l’importance actuelle du médium photographique dans la création contemporaine.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires invités : Pontbriand W.O.R.K.S. et AGENCY



Avec Éric Baudelaire, Mohamed Bourouissa, Gohar Dashti, Simon Fujiwara, Joachim Koester, I-Chen Kuo, Uriel Orlow, Christian Patterson, Allan Sekula.

La photographie comme archive connaît un large engouement en tant que document et témoin de l’Histoire, mais aussi parce qu’elle incarne la contemporanéité, les temps présents. Ce médium non seulement représente le monde, mais il le transforme et l’influence.

Comment la photographie agit-elle ? Comment est-elle un acte en devenir ? La photographie performe-t-elle ? Elle se réalise dans un espace-temps qui lui est propre et que nous, visiteurs, partageons. Il est admis que la photographie montre les corps dans le monde, elle permet de capter les micro-réalités de cette présence. Elle donne lieu à une archive vivante. Elle capte ce qui échappe au regard du quotidien, qui se laisse accaparer par l’immédiateté des choses, les nécessités quotidiennes qui ne permettent pas au regard de se poser. La photographie interpelle le regard, le mobilise, focalise son intensité.

La photographie performative traverse les formes, comme le souligne le verbe performer. Il s’agit bien d’inventer de nouveaux parcours, de nouvelles traversées des temps présents, et de voir ce que le réel montre, comment il se manifeste, ce qu’il contient d’inusité, de merveilleux, de redoutable. Ainsi ce projet se décline-t-il sous plusieurs formes : photographies, installations, vidéos, et performances, et réunit-il des artistes de différentes régions du monde.

L’exposition rend hommage à l’artiste américain Allan Sekula (1951-2013) et emprunte son sous-titre à l’un de ses principaux textes. Ce dernier a constitué une remarquable base d’archive des mouvements sociaux les plus brûlants de la fin du siècle. Privilégiant l’instantané et le détail, négligeant les protocoles et le spectaculaire, il réussit à donner à la photographie un élan de performativité qui échappe aux carcans idéologiques de l’Histoire.

Le Centre Photographique d’Ile-de-France est engagé dans une démarche d’expérimentation et de formation. En ce sens, il ouvre ses portes à des commissaires indépendants qui font évoluer les problématiques de l’usage de la photographie dans l’art et son exposition, mais aussi à de futurs professionnels. Il s’était engagé auprès de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et de l’École normale supérieure de Lyon en 2011 pour accompagner l’exposition À distances, un projet pédagogique exceptionnel mené avec de jeunes artistes. Cette année, c’est à la commissaire Chantal Pontbriand, Pontbriand W.O.R.K.S, et au collectif AGENCY que les clés du laboratoire sont confiées.

Cette exposition bénéficie du concours du Centre national des arts plastiques, du Centre Culturel de Taïwan à Paris, du Ministère de la Culture de Taïwan, Paris, de l’Université Paris-Sorbonne ; des galeries kamel mennour, Mor Charpentier, Michel Rein, Paris ; Aki Gallery, Taïwan ; Andrea Rosen Gallery, New York ; Robert Morat Galerie, Berlin.