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“Mayas” Révélation d’un temps sans fin
au musée du quai Branly, Paris

du 7 octobre 2014 au 8 février 2015



www.quaibranly.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 6 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Figurine féminine. Jaina, Campeche, Mexique. Classique récent (600-900 apr. J.-C.). Céramique. © Museo Nacional de Antropología, Mexico, Mexique. Collection Stavenhagen. Photographe: Ignacio Guevara.
2/  Brique ornée d’un crocodile. Temple I, Comalcalco, Tabasco, Mexique. Classique ancien (250-600 apr. J.-C.). Céramique. © Musée du site de Comalcalco, Comalcalco, Tabasco, Mexique. Photographe: Ignacio Guevara.
3/  Figurine d’une dame noble. Xelhá, Quintana Roo, Mexique. Classique récent (600-900 apr. J.-C.). Céramique. © Museo Maya de Cancún, Cancún, Quintana Roo, Mexique. Photographe: Ignacio Guevara.

 


1447_Mayas audio
Interview de Fabienne de Pierrebourg,
conservatrice de la zone Amérique, spécialiste du Mexique/Amérique centrale au musée du quai Branly,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 6 octobre 2014, durée 12'15". © FranceFineArt.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Après avoir été présentée à Mexico puis à São Paulo, l’exposition « Mayas, Révélation d’un temps sans fin » s’installe au Quai Branly du 07 octobre 2014 au 08 février 2015. Conçue par l’Instituto Nacional de Antropología e Historia de Mexico, elle révèle le génie non seulement artistique mais aussi architectural des Mayas, peuple de grands bâtisseurs.


Un héritage somptueux

Des 385 pièces que nous découvrons au fil de notre cheminement, nous aurions du mal à déterminer lesquelles nous émerveillent le plus. En suivant un parcours thématique qui explore le mode de vie de ce peuple ayant laissé un très riche héritage, nous pouvons en effet admirer le travail et le soin apporté aussi bien aux objets du quotidien qu’à ceux utilisés lors des nombreux rituels qui rythmaient la vie des cités. Vases et pots aux tons chauds et ocres rivalisent avec les figurines en céramique délicatement teintées de bleu et représentant tout autant guerriers et prêtres que femmes de l’aristocratie aux parures subtilement détaillées. Les bijoux et les pectoraux destinés à orner les plastrons, par la pureté de leurs formes, semblent quant à eux comme ciselés dans le jade et la pierre. Symboles des forces sacrées qui selon les Mayas régissaient le monde, les animaux sont partout présents, tel cet oiseau dont la tête rouge et orange domine le couvercle d’une écuelle, lui servant ainsi de poignée, et étend ses ailes vertes et ocres sur toute sa surface.

Mais ce sont encore les objets utilisés lors des rituels qui nous fascinent le plus. Les porte-encensoirs, où les Mayas déposaient leurs offrandes, constituent de véritables œuvres d’art et adoptent toutes les formes. Ici, une silhouette anthropomorphe, les oreilles décorés de pendentifs et la tête surmontée d’une impressionnante coiffe de plume, arbore un pectoral où sont symbolisés les quatre points cardinaux et le centre de l’univers. Plus loin, l’on s’immobilise devant un autre de ces remarquables objets conçu comme un totem, chaque étage offrant à voir la représentation d’un animal différent. Quant aux masques funéraires qui accompagnent les défunts dans la tombe, ils reproduisent avec une extraordinaire précision les traits du visage des morts, figés pour l’éternité dans le jade sculpté.


Présence de l’invisible

À travers ces objets divers mais au raffinement toujours exquis, l’exposition lève un pan sur la société maya, et en particulier sur son rapport avec le sacré et la nature, dans laquelle il se retrouve partout. Les animaux, qu’ils s’incarnent dans leur forme originelle ou qu’ils empruntent une silhouette anthropomorphique, sont les ponts privilégiés qui permettent de réunir l’homme au divin. Les créations des Mayas servent alors à représenter les forces invisibles, et souvent imparfaites, à l’origine du monde et, plus largement, du cosmos. Les panneaux et sculptures qui illustrent le système calendaire qu’ils avaient mis au point témoignent quant à eux de leur passion pour l’étude du mouvement des astres mais aussi du temps. Chaque objet est ainsi porteur d’une symbolique où la spiritualité se mêle aux gestes les plus insignifiants du quotidien, lien entre le monde des humains, celui des divinités et l’Inframonde, domaine des morts.

Réunies autour de la figure centrale du roi, intermédiaire entre les ancêtres et ces entités spirituelles, ces productions sont non seulement les témoins d’une religion polythéiste qui se manifestait presque naturellement dans la vie quotidienne des Mayas, mais aussi du génie créatif et bâtisseur de ce peuple, dont les techniques et le savoir-faire demeurent encore aujourd’hui une véritable source d’inspiration.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire :
Mercedes de la Garza, écrivain, historienne et académicienne, chercheur émérite du Centre d’études mayas de l’UNAM (Universidad Nacional Autónoma de México) et membre permanent du comité scientifique de l’INAH (Instituto Nacional de Antropología e Historia, Mexique).




Exceptionnelle par l’étendue géographique et temporelle qu’elle recouvre, l’exposition MAYAS, Révélation d’un temps sans fin réunit 400 chefs-d’œuvre issus des différentes époques qui jalonnent l’extraordinaire longévité de cette civilisation.

Créateurs d’une civilisation fascinante, les Mayas ont laissé à la postérité des centaines de cités révélant une architecture remarquable, une statuaire très avancée et d’une grande perfection technique, des fresques, des oeuvres en céramique et en jade d’une incroyable finesse ainsi qu’un registre détaillé de leurs croyances religieuses, de leurs rituels, de leur vie en communauté, de leurs habitudes et de leur histoire, avec l’écriture la plus avancée de l’Amérique précolombienne. Cette exposition permet d’appréhender le legs des Mayas à l’humanité. Suivant un ordre thématique, l’exposition propose de découvrir les différents aspects de cette culture, sa capacité créative et sa perfection technique. Elle dresse un panorama général, en montrant la grande variété des styles et les réussites esthétiques des différents groupes mayas (environ 28), chacun d’eux ayant sa propre langue et sa propre expressivité.



L’homme et la nature
Dans le monde indigène préhispanique, les plantes et les animaux occupaient une place prépondérante. Au-delà de leur valeur alimentaire, ils étaient coparticipants de l’unité du monde. Quelques plantes, essentiellement le maïs, constituaient les nourritures principales des hommes et étaient considérées comme une substance à l’origine de la formation de l’être humain. Les plantes sacrées, avec leurs vertus psychotropes, étaient essentielles à l’accomplissement des rites chamaniques. Les animaux étaient considérés comme les frères des hommes, des êtres en qui les hommes pouvaient projeter une part de leur esprit, ainsi que des manifestations du divin.

La communauté humaine et la vie quotidienne
Comment est composée la société maya ? Quelles sont les habitudes des membres de la société maya notamment lors des grands cycles de la vie (maternité, enfance, mariage, vieillesse) et comment est organisée la vie quotidienne (nourriture, costumes) ? Les offrandes, le mobilier funéraire et les objets de la vie quotidienne renseignent sur les us et coutumes des différentes strates sociales.

L’homme face au temps et aux astres
Des vases faisant apparaître des inscriptions cosmologiques et astronomiques, accompagnées de leurs traductions, témoignent des connaissances acquises par les Mayas dans le domaine des sciences.

Le coeur des cités
Des éléments architecturaux, sculpturaux et picturaux de grandes cités mayas sont exposés dans cette partie et rendent compte de la variété des styles. Ils sont accompagnés de quelques fragments de peintures murales.

Les élites gouvernantes et leur historiographie
Les progrès de l’épigraphie et de l’iconographie ont donné lieu à de nouvelles interprétations de la vie sociale, politique et religieuse des peuples mayas préhispaniques. Les oeuvres (stèles, linteaux, ornements en jade, accompagnés de leurs transcriptions) illustrent l’accession des rois au pouvoir, leurs prouesses guerrières, leurs mariages. Elles représentent les élites religieuses et politiques entourant les gouverneurs suprêmes à la tête des États mayas.

Les forces sacrées
Le caractère sacré de la vie se retrouve dans des figurines de la déesse mère et autres déités féminines symboles du culte de la maternité, ainsi que dans des images de phallus représentant la fertilité. L’abondante représentation d’êtres surnaturels ou de divinités dans l’aire maya s’explique principalement par la vénération des strates cosmiques : le ciel, la terre et le monde souterrain, ainsi que des forces naturelles comme le Soleil, la Lune ou la Pluie.

L’homme face aux dieux : les rituels
La vie rituelle était essentielle pour les Mayas. D’après leurs rites cosmogoniques, les êtres humains furent créés pour vénérer et nourrir les dieux dont dépend l’existence de l’univers. Ainsi, le culte des divinités est prioritaire dans la vie de la communauté et se perçoit dans les grandes aires cérémonielles des villes, à travers les objets ornant les temples ou déposés dans des offrandes et les sépultures. Les encensoirs, les couteaux cérémoniels, des arêtes de raie, des instruments de musique, des jeux de balles et les éléments associés témoignent de la diversité des cultes et de la complexité de la pensée maya tout comme les représentations de leaders religieux, prêtres ou chamanes et de rois.

« Entrer dans le Chemin » : rites funéraires
De nombreuses oeuvres plastiques furent découvertes dans des sépultures : des vases et urnes polychromes, des sculptures en céramique ou encore des bijoux et des masques funéraires en jade. Les figurines en argile, tout comme la céramique funéraire, les costumes et les vêtements des morts, sont l’expression d’un désir de permanence dans l’au-delà, d’une vie semblable à la vie terrestre. En outre, le défunt ne part pas seul : les esprits d’autres hommes l’accompagnent, tout comme les esprits des aliments, des bijoux et de l’eau que l’on dépose dans les tombeaux.