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“David Altmejd” Flux
au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

du 10 octobre 2014 au 1er février 2015



www.mam.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation de presse en présence de l'artiste David Altmejd, le 9 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  David Altmejd, Sarah Altmejd, 2003. Photograph by Lance Brewer. © David Altmejd, Image courtesy of Andrea Rosen Gallery, New York.
2/  David Altmejd, Detail of : The Flux and The Puddle, 2014. Photograph by James Ewing. © David Altmejd, Image courtesy of Andrea Rosen Gallery, New York.
3/  David Altmejd, Man 2, 2014. Photo by Lance Brewer. © David Altmejd, Image courtesy of Andrea Rosen Gallery, New York.

 


1453_David-Altmejd audio
Interview de François Michaud et Robert Vifian, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 9 octobre 2014, durée 9'49". © FranceFineArt.

 


texte de Clémentine Randon-Tabas, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Des oeuvres en mouvement
Ce panorama de l’œuvre du jeune artiste Québécois David Altmejd nous éblouit, en renouvelant avec une certaine magie la sculpture et la représentation du corps. L’artiste est fasciné par la biologie et sa démarche peut faire penser à celle d’un scientifique sorti d’un film fantastique. Il crée des créatures destinées a avoir leur vie propre et dont il souhaite que la finalité lui échappe. Les boîtes de plexiglas comme The Flux and the Puddle, réels laboratoires lumineux tout en transparence, mettent à jour le processus de création. Dans The Swarm, de curieux organismes tissés de fils semblent flotter, au côté de têtes trouées, dans un paysage enchanteur. Loin de lui l’idée de faire porter un quelconque message à ses œuvres, mais plutôt de leur transmettre son énergie pour leur insuffler de la vie. Il mélange des matériaux durs comme le plexiglas ou le miroir à des matières beaucoup plus organiques. La tension créée par ces oppositions permet l’émergence de cette énergie qu’il recherche. Energie qui se transmet aussi par ses mains, dont il ne cesse d’incorporer la représentation à ses œuvres. Sans plan préalable, il préfère travailler intuitivement la matière. Il ne veut pas limiter ses œuvres qui justement jouent inlassablement avec les limites entre monde végétal, animal et humain, fantastique et réel, intérieur et extérieur.

Un monde plus proche du conte de fée que du film d’horreur
Ce qui est certain c’est que le spectateur vit une véritable perte de repère. On reconnaît bien les corps morcelés ainsi que les créatures fantastiques comme le loup garou, mais on ne sait plus si l’on doit s’effrayer ou s’émerveiller. Les créatures de l’artiste opèrent sur le spectateur une troublante séduction. Bien que l’on se trouve face à des corps incomplets, il ne s’agit pas de disséquer des corps pour révéler une nature sous-jacente mais toujours d’un ajout de matière. Il y a dans tout cela quelque chose de très positif. Loin de l’horreur on se surprend à trouver cela féerique. De nombreuses sculptures sont constituées de couleurs pastel douces se mêlant à des couleurs plus sombres pour créer l’équilibre et la tension désirés par l’artiste. Se retrouve pour lui dans le corps l’univers tout entier. Les cavités creusées à l’intérieur des têtes sans visages semblent des grottes de cristaux étincelants. Tel le scénario d’un film post-apocalyptique, la nature semble avoir repris ses droits et le monde s’être peuplé de créatures hybrides tenant plus du monde végétal et minéral qu’humain. L’artiste présente sa première œuvre marquante Sarah Altmejd comme une représentation du néant. L’ouverture du trou noir qui tient lieu de visage à cette sculpture est peuplée de cristaux. Loin d’être terrifiante, il s’émane de l’œuvre une douceur mystérieuse. Le corps chez David Altmejd devient un terrain d’exploration. Plutôt que de se perdre dans leur analyse, ce sont des œuvres dont il faut faire avant tout l’expérience de la présence.

Clémentine Randon-Tabas

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat de l’exposition : François Michaud, Robert Vifian



Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente à l’ARC Flux, première rétrospective en France de l’oeuvre de David Altmejd. Elle réunit des pièces inédites ou plus anciennes, ainsi que sa sculpture monumentale la plus récente et certainement la plus ambitieuse, The Flux and The Puddle (2014).

L’exposition se présente comme une oeuvre en soi, aux créatures parfois anthropomorphes et animales : hybrides mi-végétaux mi-minéraux qui se jouent de l’architecture réelle du musée et déploient leur labyrinthe arachnéen. David Altmejd a une approche de la sculpture caractérisée par la grande diversité des matériaux employés où un intérêt très ancien se révèle pour les sciences naturelles et pour l’architecture. L’artiste travaille à même le flux psychique. Dans son univers de « rêveur définitif », l’action et la conscience fusionnent ; l’artiste domine le grotesque et l’abject, marie l’esthétique au « glamour », ses sculptures explorent les mondes du rêve et du cauchemar entre fascination et effroi. L’exposition révèle un ensemble d’éléments, d’ « acquis artistiques » volontairement contradictoires : conceptuels ou processuels, entre virtuosité et ready made… Le flux lumineux, issu d’innombrables sources, naturelles et artificielles, se subdivise au gré des miroirs qu’il rencontre, fracassés ou intacts, suivant la fantaisie du sculpteur. Proche des univers cinématographiques de David Cronenberg ou de David Lynch et marqué comme toute sa génération par l’oeuvre de Matthew Barney, David Altmejd allie des composants mystiques et alchimiques à une esthétique éclatée, entre structure et dispersion. Théâtre de formes et d’organes en gestation, de cristaux en formation, son oeuvre agit par strates, assemblant patiemment des sédiments mémoriels soudain réunis en une explosion jubilatoire et onirique.

Un livre d’artiste largement illustré et édité par Paris Musées sera publié à cette occasion avec un essai de Louise Déry et un entretien entre David Altmejd, François Michaud et Robert Vifian.


David Altmejd, né en 1974 à Montréal, vit et travaille à New York. Il intègre la section “arts visuels” de l'Université du Québec à Montréal pour étudier le dessin et la peinture, il en ressort sculpteur en 1998. Passionné de sciences biologiques et de cinéma fantastique, il s’expatrie à New York. En 2001, il est diplômé des Beaux-Arts de l’Université de Columbia. David Altmejd a représenté le Canada en 2007 à la 52ème Biennale de Venise avec l’installation « The Index » et a participé aux Biennales du Whitney Museum en 2004 et d’Istanbul en 2003.