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“Inside China” L’Intérieur du Géant
au Palais de Tokyo, Paris

du 20 octobre 2014 au 11 janvier 2015



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 19 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Li Gang, Beads (2012). Courtesy de l’artiste et de la Galerie Urs Meile (Beijing-Lucerne).
2/  Cheng Ran, Joss, 2013. Courtesy de l’artiste et Item Idem.
3/  Edwin Lo, Auditory Scenes: The Chronicle of Seascape November, 2008. Courtesy de l’artiste. Photo : Edwin Lo.

 


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Interview de Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 octobre 2014, durée 3'04". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Jo-ey Tang et le commissaire choisi par K11 : Wang Chunchen (Central Academy of Fine Arts Museum, Pékin)




Avec : Renaud JEREZ, LI Gang, Edwin LO, NADAR, Aude PARISET, WU Hao, YU Ji, ZHAO Yao

Caricaturiste, journaliste et romancier, Nadar (1820 – 1910) fut aussi un pionnier de la photographie, notamment aérienne, nous aidant à entrer dans une nouvelle ère de la perception. Certaines de ses photographies aériennes prises en 1858 au-dessus du Petit Bicêtre (aujourd’hui Petit-Clamart), près de Paris, sont parmi les premières dans l’Histoire. Pourtant, l’image de 1863 de l’intérieur en expansion de son ballon à air chaud de soixante mètres de haut, Le Géant, ressemblant à une vue d’un espace non-identifié, révèle que l’objet de nos recherches pourrait ne pas se trouver au dehors, mais venir de l’intérieur. Cette énigmatique image avant l’image de Nadar dresse un espace encore indéterminé du voir avant le voir, de l’être avant l’être.

Comme la vision intime du champ du futur par Nadar, les oeuvres d’art sont des catalyseurs de perception, des convoyeurs de subjectivité, des compresseurs de temps. Elles nous outillent de leur étrangeté, de leurs nouvelles manières de voir et de sentir. Les artistes de l’exposition s’ancrent dans le présent, afin de mieux s’engouffrer dans l’immensité du temps. Ils esquissent de vastes espaces, à la fois éloignés et inextricablement liés au moi et au monde. Ils explorent intensément leurs visions périphériques, non pas pour détourner le regard de leurs problèmes et des nôtres, mais pour démêler les fils de nos systèmes de connaissance confus ou contraints. Comme le Géant permit à Nadar d’accéder à un nouveau champ de vision, ils nous guident vers de nouveaux points de vue, nous plongent dans l’inconnu – entre pesanteur et légèreté, perception mentale et manifestation physique, passé et futur hallucinatoire imminent.

Confiants dans le temps, nous nous adaptons aux nouveaux objets et aux nouveaux sens que nous proposent ces artistes. Comme l’affirmait Nadar : « l’intervention du moindre rayon de lumière dissipe à la seconde même les ténèbres les plus épaisses et permet à l’oeil de sonder les plus sombres recoins ».




En partenariat avec la K11 Art Foundation, le Palais de Tokyo présente une exposition conçue par Jo-ey Tang, curateur au Palais de Tokyo, en concertation avec Wang Chunchen, curateur délégué par la K11 Art Foundation.

Cette exposition inaugure une collaboration de trois ans entre la K11 Art Fondation et le Palais de Tokyo consacré à la découverte et à la présentation réciproque des scènes émergentes chinoises et françaises. Fondé par Adrian Cheng en 2010, la K11 Art Foundation est un organisme à but non-lucratif qui soutient le développement de l’art contemporain chinois, en proposant une plate-forme de création artistique visant à encourager les talents de l’ensemble des territoires chinois et à améliorer leur visibilité sur la scène internationale. Le K11 Art Village apporte son soutien aux jeunes artistes qui n’ont pas les moyens de financer leur vocation. Ces derniers sont invités à participer aux programmes de résidences artistiques et à faire de leurs idées singulières des oeuvres de création. Ces jeunes talents ont également accès à un large éventail de ressources à l’échelle nationale et internationale, à des possibilités d’exposition, à des échanges universitaires, ainsi qu’à une visibilité élargie auprès du grand public et des médias.

Jo-ey Tang a effectué de nombreux voyages en Chine en 2014, grâce au soutien de la K11 Art Foundation. Il y a découvert une nouvelle génération d’artistes confrontés à la surproduction, à la monumentalité et à l’évolution rapide de leur environnement. Intégrant ces bouleversements dans leurs systèmes de production, ces artistes, suivant leurs temporalités propres, font de leur quête interne une présence matérielle étrange et se saisissent de l’ineffable : esprit, attitude, sensibilité ou mode de vie individuel. Avec le soutien de la K11 Art Foundation et de son commissaire d’exposition invité, Wang Chunchen (du Central Academy of Fine Art Musuem, Pékin), « Inside China : l’intérieur du Géant » forme le premier chapitre de ce nouveau voyage, qui présente cinq artistes chinois en dialogue avec trois artistes français, dont le photographe français du XIXe siècle Nadar.




Renaud JEREZ
Renaud Jerez (né en 1982, vit et travaille à Berlin) révèle, dans ses installations, les mécanismes de contamination et de consommation. Il crée des avatars à partir de tubes en PVC, de matériel de sport, de peinture camouflage, de gants en latex et de baskets, qu’il présente aux côtés d’habiles vidéos détournant l’esthétique des publicités pour les cosmétiques. Ces oeuvres illustrent la façon dont nos corps se trouvent continuellement soumis aux impératifs de santé et de beauté et aux industries qui en sont les agents. Sans tête, amputées, bandées, ces figures squelettiques font face au spectateur avec leurs terminaisons en câbles et tuyaux béants, qui pointent vers un avenir bionique et incertain. Attiré par les surfaces éraflées et voilées des plaques en Plexiglas qui protègent les cartes du métro parisien, Renaud Jerez les récupère pour en former une installation au sol. Sur ces surfaces, reflétant d’autres oeuvres de l’exposition, viennent s’inscrire les rayures laissées par les pas des spectateurs. Leur transparence forme un seuil à peine perceptible que les visiteurs doivent franchir.

LI Gang
L’oeuvre de Li Gang (né en 1986, vit et travaille à Pékin) repose sur la transformation de matériaux artistiques, naturels et quotidiens : toiles, socles, pierres, arbres, argent et résidus de pollution. Le développement rapide de Dali, sa ville natale, dans la province du Yunnan, a incité l’artiste à allier condition contemporaine et artisanat traditionnel. Dans une série intitulée End (2014) – homonyme du mot « encre » en mandarin –, l’artiste siphonne la suie des pots d’échappement de voitures et camions à l’arrêt pour en faire des blocs d’encre, selon une technique traditionnelle de fabrication de l’encre de Chine. Il collectionne les pierres autour de son atelier, les assemblant en formes suspendues, dont les volumes et contours sont déterminés par la force gravitationnelle. Il collabore avec des artisans pour fabriquer des toiles de chanvre à la trame épaisse, ressemblant à des nattes, qui grossissent le grain de ses peintures. En accumulant les couches de peinture à l’huile, Li Gang récrée des éléments de tableaux d’autres artistes et des natures mortes de son atelier en vision périphérique.

Edwin LO
Edwin Lo (né en 1984, vit et travaille à Hong Kong) traite le son « comme un objet de désir, comme des expériences et souvenirs obsédants ». Depuis 2008, il enregistre des sons sur un pétrolier sur lequel son père est capitaine, et qui approvisionne en pétrole d’autres navires à Hong Kong et dans la ville industrielle de Doumen, en Chine du Sud. Edwin Lo utilise l’intérieur du bateau comme objet sonore et comme sonde, captant le bruit des vagues qui se brisent sur la coque, le son métallique des marteaux sur le navire qu’on répare, et le ronronnement incessant des vibrations mécaniques se mêlant aux bribes de conversation de l’équipage. Ces sons sont le matériau d’une partition qui se joue sur trois mois, conçue par l’artiste pour « Inside China ». L’espace d’exposition devient comme un plateau de théâtre, où se déploient des « scènes auditives ». Comprenant des moments de silence et des variations de volume, cette bande-son interfère avec les oeuvres des autres artistes, offrant de multiples possibilités de rencontres.

Aude PARISET
La pratique d’Aude Pariset (née en 1983, vit et travaille à Berlin) oscille entre le numérique et l’artisanal. Elle s’attache à l’absence d’expériences authentiques dans les espaces fictionnalisés de l’industrie du « lifestyle ». Dans son travail récent, elle s’imagine en hôte, improvisant sur les codes et conventions de l’hospitalité. Ses œuvres deviennent des précis d’hospitalité, avec un certain détachement. Dans « Exposing: the Guest Rules » (2013), elle se déplaçait de l’espace de la galerie vers l’espace de la vie, qu’elle occupait avec une installation lumineuse faite de spaghettis cuits accrochés aux grilles d’un four. Elle réactive cette oeuvre au Palais de Tokyo, projetant de longues ombres sur les murs et les oeuvres des autres artistes, en un détournement ironique du geste modeste et accueillant d’offrir un plat de pâtes.

WU Hao
Les oeuvres de Wu Hao (né en 1985, vit et travaille à Wuhan) sont comme un enregistrement et une documentation du temps comprimé. Dans la série Watermarks, l’artiste crée des peintures temporelles en laissant évaporer un mélange de peinture et d’eau, sur des feuilles de Plexiglas et dans des verres à vin ou des récipients de formes et tailles diverses. Au cours des mois d’évaporation, la peinture acrylique laisse des traces de gradation qui viennent inscrire des variations de couleur et de texture. Depuis 2012, Wu Hao installe ces objetsen- cours-de-fabrication à Wuhan, Shanghai et Hong Kong, documentant ainsi l’évolution des conditions extérieures (météo, humidité, température) de ces différentes villes. Dans une nouvelle série, Wu Hao récupère les vieux rideaux métalliques de magasins, couverts de publicités, que les autorités de la ville de Wuhan ont fait repeindre en un effort d’embellissement. Les couches de peinture révèlent les traces du temps et de l’humanité, dans une ville vacillant au seuil d’un développement fragile.

YU Ji
Centrées sur le processus, les oeuvres de Yu Ji (née en 1985, vit et travaille à Shanghai) sont informées par un sens singulier de la temporalité. Le souvenir des modèles vivants dans son atelier inspire les sculptures figuratives de la série Flesh in Stone, également nourries par ses années passées à étudier les sculptures antiques de la Chine, du Cambodge et de l’Inde. Dans une autre série de sculptures, Public Space, des cubes de plâtre imparfaitement façonnés à la main forment les unités de base de structures aux dimensions d’une maquette – copies inexactes de toilettes publiques datant des premières années de la Chine communiste. Placées sur des socles faits de rebuts de bois, ces oeuvres suscitent une prise de conscience en jouant de leur échelle et de leur temporalité. Au Palais de Tokyo, Yu Ji a conçu une installation au sol, Silence Practice (2014), en utilisant ce même type de cubes de plâtre. L’artiste considère le processus d’installation comme une performance, dont les spectateurs découvriront les traces incisives.

ZHAO Yao
Zhao Yao (né en 1981, vit et travaille à Pékin) crée une dissonance haptique dans ses sculptures, peintures et performances. Dissociant le quotidien et le spirituel, la vue et le toucher, ses sculptures évoquent des totems, qu’ils soient anciens ou futuristes, incarnation des énergies concrètes de rituels encore inconnus. Great Performance (2014) est une oeuvre suspendue organique : elle consiste en plusieurs impressions numériques sur toiles de cuir artificiel, suspendues telles des peaux, encadrées et doublées de lin, de coton et de fourrure artificielle, qui apparaissent comme les strates successives d’une dissection. Zhao Yao a collecté sur Internet des images témoignant de mouvements collectifs de protestation : une foule se rassemblant dans la province de Guangzhou pour protester contre le passage du cantonais au mandarin à la télévision ; une rue vide lors d’une explosion sur une barricade à Istanbul. Intéressé par la manière dont le langage et l’idéologie nous poussent à l’action et au conflit, Zhao Yao choisit l’abstraction pour nous forcer à devenir des observateurs sensibles.