contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Voilà les Delton !” article 1469
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris

du 21 octobre 2014 au 26 janvier 2015



www.chassenature.org

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 20 octobre 2014.

1469_Delton1469_Delton1469_Delton

Légendes de gauche à droite :
1/  Thérèse Renz, le saut à la corde ou saut de baguette, 1904, J. Delton, tirage moderne d’après plaque de verre. © Archives Hermès (Paris).
2/  Ferdinand de Lesseps et ses enfants,1880, J. Delton, tirage moderne d’après plaque de verre. © Archives Hermès (Paris).
3/  Le Prince Achille Murat et Cora Pearl, 1865, J. Delton, tirage moderne d’après plaque de verre. © Archives Hermès (Paris).

 


1469_Delton a audio
Interview de Nicolas Chaudun, écrivain et historien, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 octobre 2014, durée 12'00". © FranceFineArt.

 


1469_Delton b audio
Interview de Claude d’Anthenaise,
directeur du musée de la Chasse et de la Nature et co-commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 octobre 2014, durée 1'51". © FranceFineArt.

 


1469_Delton c audio
Interview de Mylène Guermont, artiste plasticienne,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 octobre 2014, durée 1'56". © FranceFineArt.

 


1469_Delton d audio
Interview de Erik Nussbicker, artiste plasticien,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 20 octobre 2014, durée 3'37". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du Patrimoine, directeur du musée de la Chasse et de la Nature
Nicolas Chaudun, écrivain et historien




Voilà les Delton ! est la première exposition dédiée au studio photographique Jean Delton, actif à Paris de 1862 à 1914.

Spécialistes du portrait équestre, Louis-Jean Delton et ses deux fils Jean-Louis et Georges photographient pendant un demi-siècle le monde du cheval à Paris. Un secteur d’activité – transports de personnes et de marchandises, promenades, courses et paris – qui emploie 60 000 personnes et requiert la présence de 80 000 chevaux au coeur de la capitale.

« Portraitistes de chevaux », les Delton reçoivent toute la société du Second Empire et de la Belle Epoque dans leur studio du 83, avenue de l’Impératrice à Paris (actuelle avenue Foch). Leur oeuvre constitue un témoignage iconographique sur un monde qui disparaît à jamais avec la Première Guerre Mondiale.

La centaine d’oeuvres réunies pour l’exposition permet d’évoquer en images ce monde dépeint par Marcel Proust : princes des familles régnantes ou détrônées (Napoléon III, Eugénie, le prince Impérial, le duc de Chartres, Edouard VII d’Angleterre, le tsar Nicolas II, le roi de Prusse, le futur Alphonse XII d’Espagne, le prince héritier du Japon, Abd el Khader…), personnalités du monde, hommes politiques ou artistes (la duchesse d’Uzès, le prince Colonna, le général de Galliffet, Mata Hari, Emile de Girardin, le comte Greffulhe, Victor Hugo, Ferdinand de Lesseps, le maréchal de Mac Mahon, le prince Metternich, le prince Achille Murat, le comte Potocki, le prince Radziwill, le banquier Salomon, Sarah Bernhardt…).

Lorsque Louis-Jean Delton (1807-1891) crée le studio, le mode opératoire est toujours le même : les cavaliers viennent prendre la pose devant une toile peinte. Celle-ci est réalisée par un peintre en décors de théâtre et peut simuler une architecture, une entrée de propriété, une grille de parc, une balustrade, des frondaisons… La réunion des portraits réalisés devant chacun de ces décors particuliers permet la constitution de véritables séries.

Louis-Jean Delton est également un inventeur. En 1882, il met au point un obturateur qui permet de photographier en instantané des chevaux en mouvement. Ainsi, il peut réaliser des images montrant des chevaux à toutes les allures ou des images de sauts. Il est le premier à fixer sur une plaque sensible l’arrivée du cheval Little Duck au « Grand Prix de Paris » de 1884. À partir de 1870, et plus encore après 1890 – époque à laquelle Louis-Jean et Georges Delton prennent la succession de leur père – la photographie en plein air se développe, autorisant la création de reportages complets. L’un d’eux, acquis par le musée de la Chasse et de la Nature en 2004, est l’album de vènerie de l’équipage fameux en son temps « Picard Piqu’hardi », réalisé vers 1910.

En 1889, les Delton fondent et dirigent la luxueuse revue La Photographie hippique. En 1895, celle-ci fusionne avec Le Sport universel illustré, constituant ainsi les premières archives photographiques des courses hippiques et de la vènerie.

Issues de grandes collections publiques (Bibliothèque Nationale de France, musée d’Orsay, musée Carnavalet…) et privées (archives Hermès, France Galop…) les oeuvres réunies dialoguent avec d’autres visions du cheval proposées par des artistes d’aujourd’hui (Art Orienté Objet, Berlinde de Bruyckere, Jörg Gessner, Mylène Guermont et Erik Nussbicker).


Autour de l’exposition

Publication : Le Studio Delton, Miroir du « temps des équipages », sous la direction de Nicolas Chaudun, Actes Sud, 192 pages, 96 illustrations, 39 €

Film : Paris au « beau temps des équipages » documentaire de Nicolas Chaudun, réalisé par Yves Billon




Également au musée de la Chasse et de la Nature


Xavier de Poret Dessins


En 2013, le musée de la Chasse et de la Nature a reçu un don exceptionnel de 50 dessins de l’artiste animalier, portraitiste mondain et illustrateur Xavier de Poret (1897-1975). Une sélection d’une trentaine études, portraits et scènes de genre issues de cette collection est présentée dans la salle d’exposition du second étage du musée.

Un remarquable observateur de la nature
Xavier de Poret passe une partie de son enfance à la campagne, dans une propriété familiale près de Fontainebleau, où il grandit à proximité de volières. Il y observe – déjà – de très près les oiseaux. Fils d’un officier de cavalerie, il est lui-même cavalier et chasseur à courre, développant une grande connaissance du cheval. Ayant reçu très tôt des cours de dessin, il a toute liberté de s’adonner à son art.

Un portraitiste
Pendant la Grande Guerre, les soldats deviennent le sujet de nombreux croquis. Revenu à la vie civile, il réalise le portrait de ses amis. Amateur de voyages, il rencontre de nombreuses personnalités. La précision de son trait en fait un portraitiste apprécié. Il réalise ainsi le portrait de la reine Elizabeth II d’Angleterre et de ses enfants, des souverains Belges et Luxembourgeois, de diplomates et d’aristocrates qu’il croise au cours d’une vie par ailleurs bien remplie.

La notoriété de l’illustrateur
Le soin particulier que Poret met à saisir un caractère, à traduire une expression – qu’il s’agisse d’un homme ou d’un animal – contribuent à la notoriété de l’artiste. À partir de 1920, il se consacre entièrement à la peinture et au dessin, participant régulièrement aux salons et aux expositions. La reconnaissance vient très vite, lui donnant l’occasion de collaborer à de nombreux ouvrages et revues cynégétiques. Pour la maison Hermès, il donne le dessin de nombreux carrés (Les Biches, les Bottes, les Écureuils, les Mésanges, les Poulinières, les Renards, les Teckels, les Tourterelles…).

En 1971, le musée de la Chasse et de la Nature consacre à Xavier de Poret une exposition intitulée « Poil, plume, chasse et sport ».




Peter Buggenhout Gorgo
La beauté peut-elle surgir de l’immonde ? Peter Buggenhout emploie des matériaux repoussants : poussière, détritus de toutes sortes, déchets industriels ou résidus organiques (crins, viscères). Il compacte et agglomère ces éléments déclassés, « informes » – selon le sens que donnait à ce terme Georges Bataille, référence littéraire chère à l’artiste. L’oeuvre produite est un magistral travail de sculpture. Entre répulsion et fascination, l’oeil est saisi par la force qui se dégage de ces amoncellements de matière : ils évoquent la décharge ou le reliquaire vaudou, le totem ou le paysage. La présentation de ces oeuvres est une irruption du désordre – métaphore du chaos magnifique de la vie – au coeur du musée de la Chasse et de la Nature. On peut y voir une image du monde contemporain où, dans une dialectique de construction et de déconstruction, la corruption et la ruine de ce qui nous entoure composent l’humus du temps qui nous survivra.

Kate MccGwire Covert
Extrêmement fragiles, les oiseaux naturalisés requièrent d’être conservés à l’abri de vitrines qui les prémunissent de la poussière et des maladresses. Dans les demeures des particuliers, comme dans les musées d’histoire naturelle, ces volières étanches participent de la mise en scène des volatiles qu’on y maintient enfermés. Depuis dix ans, Kate MccGwire adapte des cloches et des capots de verre anciens à la présentation d’étranges sculptures gainées de plumes de pigeon, de colombe ou de corneille. Comme dépourvus de membres et privés de sens, ces animaux-troncs semblent pétrifiés dans le sommeil. Confinés dans un espace insuffisant à les contenir autrement que recroquevillés – à mi-chemin entre le cercueil des bienheureux de cire et le bocal de formol – les figures animalières de Kate MccGwire semblent bien trop à l’étroit et font craindre les conséquences de leur réveil…

Mâkhi Xenakis Thebai
« Lorsque je commence un dessin ou une sculpture, j’attends toujours ce moment magique où, brusquement quelque chose de nouveau apparaîtra, lié à nous, à notre animalité, à notre universalité, à notre intimité. J’ai alors la délicieuse sensation de créer de la vie et d’éloigner un petit peu la mort. » Mâkhi Xenakis réalise des séries au caractère quasi-obsessionnel. Ses récents dessins, au fusain ou au pastel, ont un caractère organique : peaux couvertes d’écailles ou de plumes, muqueuses, agrandies à l’extrême. Parfois une béance, bouche ou sphincter, creuse l’épiderme comme un gouffre ouvert sur le mystère. Cette dimension énigmatique est constante dans le travail de l’artiste. Pour Thêbai qu’elle présente au musée de la Chasse et de la Nature, les oeuvres graphiques accrochées au mur répondent à la sculpture d’un sphinx placée dans une vitrine. Sensuelle et grotesque, la petite créature au buste de femme, au corps de félin et aux ailes d’oiseau, semble attendre le visiteur au seuil d’un parcours initiatique comme, sur le chemin de Thèbes, le sphinx soumettant les passants à la question dont la réponse détermine leur avenir.

Delphine Gigoux-Martin Comment déguster un phénix
Dans certaines vitrines du musée, des terrines zoomorphiques en céramique du XVIIIe siècle étonnent les visiteurs. On est surpris par ces têtes de sanglier, de cerf ou de biche dont la calotte crânienne se soulève, par ces pigeons, ces cailles et ces lapins à couvercle… Destinée à contenir les ragoûts, cette étrange vaisselle témoigne d’un changement dans l’esthétique des tables européennes encore inspirée des festins médiévaux. Elle est déjà tentée par une forme d’abstraction. À rebours de cette tendance à la désincarnation, Delphine Gigoux-Martin installe un solide taureau camarguais naturalisé dans le musée. L’animal, soigneusement évidé, contient tous les ustensiles nécessaires à un festin servi à même la carcasse. Au chef Yves Camdeborde est confié le soin de confectionner les mets qui seront proposés au public au cours de performances-dînatoires inédites. Rendez-vous, le 23 octobre 2014 à 20h30 : Le festin du phénix, performance-dînatoire composée par Yves Camdeborde, à consommer à même le taureau de Delphine Gigoux-Martin.