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“Exposition inaugurale” réouverture
au Musée national Picasso, Paris

du 25 octobre 2014 jusqu’au printemps 2015



www.museepicassoparis.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite presse, le 19 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Pablo Picasso, Autoportrait [Fin 1901]. Huile sur toile, 81 x 60 cm. Dation en 1979. Inv.: MP4. © Musée Picasso Paris/Béatrice Hatala. © Succession Picasso 2014.
2/  Pablo Picasso, Le Jeune peintre [14 avril 1972]. Huile sur toile, 91 x 72,5 cm. Dation en 1979. Inv.: MP228. © Succession Picasso 2014.
3/  Pablo Picasso, Autoportrait [Automne 1906]. Huile sur toile, 65 x 54 cm. Dation en 1979. Inv.: MP8. © RMN-GP/René-Gabriel Ojéda. © Succession Picasso 2014.

 


1475_Picasso audio
Interview de Anne Baldassari, commissaire de l'exposition inaugurale,
par Marianne Durand-Lacaze, à Paris, le 19 octobre 2014, durée 15'07". © FranceFineArt.

Quelques-unes des œuvres évoquées dans l’interview d’Anne Baldassari le 19 octobre au micro de Marianne Durand-Lacaze pour France Fine Art :
• Portrait d’Olga dans un fauteuil (1918),
• Paul en Arlequin (1924)
• Olga pensive,
• Portait d’Olga à la fourrure
• Peintre à la palette et au chevalet (1928)
• Les maquettes pour le Monument à Apollinaire mort en 1918
 


texte de Marianne Durand-Lacaze, rédactrice pour FranceFineArt.


Indomptable minotaure

Le musée national Picasso-Paris au sein du bel écrin architectural de l’Hôtel Salé du XVIIe siècle au cœur du Marais, rouvre ses portes après cinq années de fermeture. Ses salles ont été restaurées, repeintes de blanc, les combles aménagées en espaces d’exposition et le sous-sol réinvesti de manière différente. L’ensemble en sort rénové, agrandi et permet au musée de doubler sa capacité d’accueil dans une esthétique minimaliste en concordance avec la patrimonialité du lieu. La réouverture au public prévue le 25 octobre, jour anniversaire de la naissance de l’artiste à Malaga en Espagne en 1881 s’inscrit dans l’actualité artistique dense de cet automne parisien, entre la FIAC et l’ouverture de la Fondation Vuitton.

Pablo Picasso a connu suffisamment de polémiques de son vivant, fait l’histoire, livré bataille aux fascistes, combattu l’hydre nazie qu’une polémique autour du réaménagement du musée national dédié à son œuvre à Paris dont la métamorphose a débuté en 2009, reste bien secondaire au regard des œuvres qu’il a laissées. Une simple visite à l’intérieur de l’Hôtel Salé montre qu’avec le temps, la force des œuvres opère toujours. De cette merveille, de ce dialogue au-delà des morts, nous pouvons nous réjouir. Dans ce musée rénové, avec annexe, café et boutique qui accompagnent dorénavant toute institution muséale, après 5 années de travaux de réaménagement, les œuvres exceptionnelles de la collection sont à nouveau visibles dans des espaces magnifiés. L’éviction d’Anne Baldassari de la direction du musée en mai dernier a fait grand bruit. Le compromis, accepté entre les parties en conflit pour la gestion du musée, actait qu’elle achève le projet de l’exposition inaugurale prévue pour la réouverture du musée. Ces derniers jours, l’ensemble de la presse a pu découvrir le nouvel aménagement à quelques jours de l’ouverture au public. Anne Baldassari, commissaire de l’exposition inaugurale, ancienne directrice du musée de 2005 à mai 2014 propose un parcours et un accrochage riches et originaux où le regard du visiteur est libéré de tout discours : un parcours en guise de « testament » à ses yeux. Seule compte pour elle, la restauration d’un dialogue directe avec les œuvres. Défi relevé et réussi.

Les œuvres parlent d’elles-mêmes et le parcours proposé par Anne Baldassari, parmi les plus expertes de l’œuvre du peintre, sert plus qu’il ne dessert les œuvres.

Regardons et écoutons-la dans une interview réalisée devant les œuvres nous raconter à notre demande l’accrochage d’une des plus belles salles du musée au premier étage près du grand escalier, consacrée à la période 1915-1936. Les œuvres exposées, huiles, pastel, sculptures de métal témoignent dans cette pièce de belle hauteur, de l’abandon du peintre pour le cubisme et son engagement dans la voie du polymorphisme. Un regard circulaire sur les œuvres suffit à faire comprendre que Picasso accomplit là une révolution formelle. L’histoire nous apprend que la démarche du peintre a été défendue par Apollinaire et Cocteau. Mais le simple visiteur est en mesure de percevoir l’émergence de ce langage pictural personnel et universel de Picasso. Le travail d’Anne Baldassari et ses recherches au musée Picasso sont récompensés par l’expérience que pourront faire les visiteurs en déambulant dans les salles et que l’auteure de ces lignes a également vécue.

Sa connaissance de l’œuvre de Picasso lui a permis d’opérer un choix et une présentation dépouillée parmi les quelques 5000 œuvres de la collection du musée.

Les 21 salles du musée Picasso-Paris sont débarrassées de ces cartels trop fournis, chronologies et diverses introductions habituellement imposées dans les expositions et les musées. Parfois quelques citations, au demeurant fort belles, sur les murs guident le visiteur tel Petit Poucet perdu dans la forêt du monde de l’art : rien de tel sur ces murs. La volonté de rendre les œuvres accessibles au plus grand nombre est bien ancrée et qui souhaiterait aller contre ? Il n’y a pas d’art qui ne soit pour tous. Pouvons-nous résister à la tentation, à l’appel du cartel, mode d’emploi pour visiteur pressé ? Reconnaissons que nous allons facilement lire les informations mises à notre disposition afin de ne pas manquer un élément clé qui nous dirait, peut-être, comment mieux percevoir l’œuvre. Résister aujourd’hui à cette surcharge d’explications entre les œuvres et le visiteur, est un défi. Certains s’y attèlent. Les explications sont depuis peu, parfois un peu cachées au regard. Le jeu de cache-cache est un premier frein. Modeste cependant. Le visiteur est contraint de regarder l’œuvre avant de savoir ce qu’en dit le spécialiste ou de créer son propre parcours. C’était le cas de la belle exposition consacrée à Huyges à Beaubourg à l’automne 2013 où le visiteur était invité à déambuler dans l’exposition sans ordre préconçu. Se passer totalement de ce genre de support est en soit une révolution et un retour à l’essentiel. Qu’avons-nous besoin de savoir face à l’œuvre qu’on découvre ? Le nom de celui qui l’a faîte, le nom de l’œuvre si elle en a un, sa date, son support, les matériaux utilisés ? Pas davantage.

Anne Baldassari a puisé dans la collection du musée, la plus grande collection publique au monde de l’œuvre de Picasso, près de 400 éléments présentés sur la totalité des espaces de l’Hôtel Salé pour donner une vision cohérente de la diversité de l’œuvre. Plusieurs heures sont nécessaires pour arpenter toutes les salles. Un petit livret distribué gratuitement à chaque visiteur que ce dernier pourra garder remplace les panneaux d’information et fluidifient les allées et venues entre les salles. Trois circuits de visite des collections permanentes sont possibles. Le Parcours magistral de Picasso à la fois chronologique et thématique 1895-1973 situé au rez-de-jardin et à l’étage noble est une première possibilité. Les Dialogues, second circuit possible, montre le fil ininterrompu du dialogue artistique de Picasso avec les maîtres anciens ou contemporains au dernier étage du musée. Enfin, un parcours intitulé Les Ateliers évoque les œuvres majeures créées au Bateau-Lavoir, au château de Boisgeloup, aux Grands Augustins, à la villa La Californie, au mas à Mougins dans les sous-sols.

Le Parcours magistral de Picasso donne une vision complète de l’œuvre abordée en cinq périodes : la genèse et les monochromies (1895-1906) ; le primitivisme et le cubisme où Picasso déconstruit la forme, géométrise les volumes et cherche à rendre la complexité du réel ; la période 1915-1936 où il se libère du cubisme ; 1936-1946 les peintures de guerre qui réinventent une nouvelle fois son œuvre ; enfin entre 1946 et 1973, Picasso passe de la sculpture à la peinture et entreprend une relecture des grands chefs d’œuvre de la peinture.

Sous les toits, sont exposées les œuvres de la collection particulière de Picasso, des peintures de Degas, du Douanier Rousseau, de Gauguin, de Matisse, de Braque, Modigliani et d’autres. Dans les grandes caves du musée, un parcours global en raccourci complète le « Parcours magistral » autour du processus de création du maître dans ses ateliers.

Lorsque Picasso meurt en 1973 sans laisser de testament, personne pas même ses héritiers ne connaissent l’ampleur des œuvres laissées. Ce musée a vu le jour grâce aux différentes donations de ces descendants à l’Etat français après la dation de 1979.

L’exposition inaugurale de sa réouverture est une occasion exceptionnelle de mesurer la diversité de l’œuvre. Elle occupe tous les espaces du musée et sera présentée jusqu’au printemps 2015 ; puis l’accrochage sera renouvelé par tranche, par la mise en place d’un parcours thématique qui mettra en valeur le fonds d’archives de Picasso. L’ouverture en ces lieux d’un Centre d’études picassiennes et l’organisation d’un grand colloque précéderont au printemps 2015, un nouveau parcours à l’occasion du trentième anniversaire du musée en septembre 2015. Le musée va également prêter de nombreuses œuvres pour une exposition consacrée à Picasso et l’art contemporain au Grand Palais et au Centre Georges Pompidou en 2015. Déjà, le Musée du quai Branly et le Musée d’Orsay envisagent des expositions à l’horizon 2017-2018, sur Picasso et le primitivisme quai Branly et sur les périodes bleue et rose à Orsay. Des sculptures de la collection seront aussi prêtées au MOMA de New York pour une exposition prochaine sur Picasso sculpteur.

Le Musée national Picasso-Paris entend réunir les publics les plus variés autour d’une programmation thématique mensuelle où chacun devrait trouver son compte. Public d’experts, jeune public, scolaires et amateurs d’art sont conviés à venir voir les collections sous un autre angle. Une carte blanche donnée à un artiste une fois par mois en nocturne, des rencontres autour d’experts et d’artistes un jeudi par mois, une programmation cinéma autour des films qui ont mis en scène Picasso et son œuvre et les films qui illustrent des thèmes picassiens seront programmées sans compter les rendez-vous nationaux artistiques, Nuit Blanche, Journées Européennes du patrimoine…

Tout est mis en œuvre pour que la collection exceptionnelle du musée soit mise en lumière pour le monde épris d’art.

Marianne Durand-Lacaze, 19 octobre 2014

 

 


extrait du communiqué de presse :

 

Laurent Le Bon, Président du Musée national Picasso-Paris
Commissaire de l’exposition inaugurale Anne Baldassari, présidente du Musée Picasso (2005 à 2014)



Le mot de la commissaire

Extrait du livret de visite par Anne Baldassari

Conservant la plus importante collection publique au monde de l’oeuvre de Pablo Picasso, le Musée national Picasso – Paris rouvre ses portes au public à l’automne 2014, au terme d’un important chantier de rénovation, restauration, modernisation et agrandissement de son bâtiment lancé en 2009. L’Hôtel Salé propose dans ce nouveau cadre matériel et spatial un parcours patrimonial et muséographique inédit de ses collections. Terrasse, cour d’honneur, jardin, caves, étage noble, attique, combles, grand escalier, « salon Jupiter » forment la topologie des lieux offerts à la contemplation, à l’étude ou à la promenade. Trois circuits de visite des collections permanentes, indépendants et complémentaires les uns des autres, enrichissent la vision de l’oeuvre picassien en restituant les processus de création.

Parcours magistral Picasso
Au rez-de-jardin, à l’étage noble et à l’attique de l’Hôtel Salé se trouve déployée la collection des oeuvres de Picasso. Présentés selon un parcours à la fois chronologique et thématique, les peintures, sculptures, dessins, papiers collés et constructions de l’artiste permettent de retracer l’ensemble de son oeuvre depuis 1895 jusqu’à 1972. Dix séquences rythment les grandes phases stylistiques de sa démarche : Genèse (1895-1900), Monochromie (1901-1906), Primitivisme (1906-1909), Cubisme (1910-1915), Polymorphisme (1915-1924), Métamorphoses (1924-1936), Peintures de guerre (1936-1946), Années pop (1946-1960), D’après les maîtres (1960-1973). Les textes et les repères chronologiques ci-après, donnent pour chaque séquence des éléments d’information sur le contexte et les grandes phases créative de l’oeuvre.

Les Dialogues
Les combles de l’Hôtel Salé sont dédiés à une confrontation entre Picasso et ses artistes de prédilection, maîtres anciens, modernes ou contemporains, réunis dans sa « collection particulière ». Paysages, nus, portraits et natures mortes forment le fil du dialogue artistique ininterrompu de Picasso avec Cézanne, Gauguin, Degas, Douanier Rousseau, Matisse, Braque, Derain, Renoir, Modigliani, Balthus ou Miró…

Les Ateliers
Les caves de l’Hôtel Salé sont centrées sur la thématique des ateliers. Photographies et gravures, peintures et sculptures monumentales documentent ou évoquent les lieux et les oeuvres clés créées au Bateau-Lavoir, au château de Boisgeloup, aux Grands-Augustins, à la villa La Californie ou au mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins.