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“Michael Kenna” Paris
au Musée Carnavalet, Paris

du 28 octobre 2014 au 1er février 2015



www.carnavalet.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec Michael Kenna et de Françoise Reynaud, le 28 octobre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Michael Kenna, Tuileries Gardens, Study 5, Paris, France. 2004. © Michael Kenna, Courtesy Galerie Camera Obscura - musée Carnavalet.
2/  Michael Kenna, Three Flags in Flood, Paris, France. 1991. © Michael Kenna, Courtesy Galerie Camera Obscura - musée Carnavalet.
3/  Michael Kenna, Bookstalls, Study 2, Paris, France. 2011. © Michael Kenna, Courtesy Galerie Camera Obscura - musée Carnavalet.

 


1477_Michael-Kenna audio
Interview de Michael Kenna, et de Françoise Reynaud commissaire de l'exposition, 
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 octobre 2014, durée 14'37". © FranceFineArt.
(avec l'aimable traduction de Françoise Reynaud)

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Quoi de mieux que le Musée Carnavalet pour exposer les photographies parisiennes de Michael Kenna ? À l’occasion d’une donation par l’artiste d’une quarantaine de clichés qui sont venus compléter son fond déjà disponible, le musée présente une cinquantaine d’œuvre, en parallèle avec le Mois de la Photo et la sortie d’un livre sur la France aux éditions Nazraeli. L’occasion de redécouvrir Paris dans toute sa beauté poétique.

Paris, onirique et mystérieux
Loin de l’agitation et de la frénésie, le Paris de Michael Kenna s’offre dans toute l’élégance et le raffinement tranquilles de ses monuments les plus emblématiques, presque privé de toute présence humaine. Grâce à un noir et blanc délicat qui redessine les formes avec acuité ou, au contraire, les estompe, la capitale se transforme en un monde onirique et mystérieux. La Tour Eiffel et ses méandres de métal, le Jardin des Tuileries et ses arbres bien alignés, mais aussi les ponts qui traversent l’image comme ils traversent la Seine sont les objets privilégiés de son regard. Noyé dans le brouillard – un effet rendu par des poses très longues qui permettent de flouter le fond blanc sur lequel vont ensuite se dessiner les monuments dans un noir incisif – Paris se révèle ainsi dans toute sa poésie, alors que le temps semble définitivement figé.

De la brume semble ainsi émerger le Pont des Arts, libre encore de ces milliers de cadenas qui l’alourdissent aujourd’hui, ses lignes noires tranchant sur le fond blanc et flou, où se distinguent tout de même comme dans un rêve incertain les toits de Paris (Pont des Arts, 1987). Immobiles, ciel et fleuve se fondent alors l’un dans l’autre, le pont seul paraissant marquer leur séparation. Les arbres du Jardins des Tuileries, longues figures fantomatiques dressés vers le blanc du ciel, s’enfoncent quant à eux dans la brume, comme guidés par les réverbères qui marquent les allées à intervalle régulier (Tuileries Gardens, study 4, 1987). Même les chemins de fer et les gares de métro deviennent de véritables œuvres d’art, des parties merveilleuses de la ville, tout aussi porteuses de poésie. Avec Passy Metro (1991), les rails semblent vouloir nous entraîner vers un univers mystérieux, ligne droite qui s’élance en avant, comme creusant à travers les immeubles.

Paris graphique
Et pourtant, ce flou brumeux qui semble envahir les photographies n’empêche pas une rigueur géométrique dû à un sens aiguisé du cadrage. Sur Hedges and Towers, Parc de Saint Cloud (1988), les ifs noirs taillés en cône se détachent ainsi avec une précision tranchante sur le graviers et le ciel gris alors que, tel un écho, on peut apercevoir le haut de la Tour Eiffel qui pointe discrètement entre les cimes. Les lignes de métal de la Dame de fer représentent aussi un terrain de jeu pour des photographies qui frôlent parfois l’abstraction. Avec Eiffel Tower, Study 3 (1987), Michael Kenna la photographie de nuit par en-dessous, dévoilant les entrelacs de ses pieds, imprimés dans un noir sombre quand sa pointe s’illumine avec une telle intensité qu’elle finit par disparaître dans le ciel blanc éblouissant. Quant aux trois drapeaux de Tree Flags in Flood (1991), ils se retrouvent réduits à leur plus simple expression, trois lignes verticales noires perdues dans un monde d’une blancheur onirique.

Qu’ils paraissent sortir d’une vision née d’un rêve ou qu’ils se dessinent avec une précision acérée, les paysages parisiens deviennent de véritables trésors qui nous attirent et nous fascinent. Le petit format des photographies permet de construire une véritable intimité, un dialogue personnel avec la ville. Jouant sur les contrastes des teintes, de la lumière et de l’ombre, Michael Kenna offre au regard des clichés graphiques mais qui n’empêchent pas un aspect onirique dans lequel l’imagination peut librement se perdre. Qui sait ce qu’il peut se cacher au-delà de le brume ou si la gargouille dressée sur un mur noir qui tranche une image en diagonale ne va pas finir par prendre son envol et rejoindre les oiseaux qui dansent dans le ciel (Fourteen Birds, 1991) ? Et si le temps semble s’être arrêté, le mouvement, lui, est toujours présent, sous-entendu, que ce soit dans les courbes tourmentées des nuages (Eiffel Tower, Study 6, 2007) ou dans le vol élégant pris sur le vif d’un oiseau (White Bird Flying, 2007).

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Françoise Reynaud, conservatrice chargée des collections photographiques du musée Carnavalet – Histoire de Paris




Au coeur d’une atmosphère embrumée, à l’aube comme à la tombée de la nuit, les ponts, les quais et les monuments parisiens livrent leurs secrets sous l’objectif de Michael Kenna. Les prises de vues vous plongent dans l’intimité d’une ville où le temps semble s’être arrêté.

Dans le cadre du Mois de la Photo à Paris, novembre 2014, de la publication d’un livre sur la France aux éditions Nazraeli et d’une importante donation de l’artiste, le musée Carnavalet – Histoire de Paris présente l’exposition « Michael Kenna, Paris ». Une cinquantaine de photographies de la capitale sont ainsi exposées du 28 octobre 2014 au 1er février 2015.

Avec de petits formats, toujours en noir et blanc, Michael Kenna immortalise la poésie des paysages. Qu’ils soient naturels ou travaillés par l’homme, les lieux sont toujours mystérieux et se contemplent comme des trésors dans un cabinet de curiosité. Privilégiant une composition graphique, l’artiste joue avec les lignes et les volumes, le visible et l’invisible. Les temps de pose longs « gomment » la présence humaine, laissant entrevoir des paysages pareils à la rêverie d’un promeneur solitaire.

Prague, New York, San Francisco… toutes ces villes ont fasciné le photographe. Mais c’est à Paris, la Ville Lumière, que l’artiste se plait à poser un regard tendre sur les lieux qui forgent l’identité de la capitale. Du Pont des Arts à la Tour Eiffel, de Notre-Dame au Palais-Royal, Michael Kenna magnifie Paris par des jeux d’ombres et de lumières.


Né en 1953 à Widnes (Angleterre), Michael Kenna définit très tôt son mode opératoire en réalisant des séries autour de lieux qu’il explore inlassablement. Influencé par Bill Brandt mais aussi par Eugène Atget et Brassaï, le travail de Michael Kenna rejoint la veine des grands photographes paysagistes. Avec lui, la ville moderne prend une dimension merveilleuse, parfois étrange. Depuis de nombreuses années, publications et expositions, telle que la rétrospective de la Bibliothèque nationale de France en 2009-2010, rendent hommage à son oeuvre.