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“Erik Kessel” Small Universe
au Centquatre, Paris

du 16 novembre 2014 au 4 janvier 2015



www.104.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, le 15 novembre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Hans Eijkelboom, With my family, 1973.
2/  Hans de Vries, The History of the Lemon Geranium.
3/  Jos Houweling, Landaus, 1975.

 


Archives FranceFineArt.com :
“Small universe” Le besoin hollandais de documenter
les Rencontres Photographie, Arles, du 7 juillet au 21 septembre 2014
(lien vers l'archive)

1393 Erik Kesels audio
Interview de Erik Kessels, commissaire de l’exposition,
traduction anglais/français Julie-Marie Duro
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 9 juillet 2014, durée 10'30". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l'exposition : Erik Kessels,
prolongation de Small Universe dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2014.

 

Dans Small Universe, le directeur artistique et commissaire Erik Kessels s’intéresse à la photographie documentaire hollandaise qui est l’une des plus dynamiques du monde. Dans ce pays aux villes très peuplées, des artistes se sont attachés à définir l’univers documentaire le plus intime. « J’aime à penser que si la Hollande devait être une image, ce serait une jpeg: si ce format très populaire de compression de fichier occupe peu de place, une fois ouvert, il contient d’innombrables richesses insoupçonnées. »

« Les Hollandais font partie des gens les plus grands de la planète, et pourtant ils vivent dans l’un des plus petits pays du monde. Les villes hollandaises sont très peuplées, les maisons petites, et il est bien difficile de s’y aménager un peu d’espace personnel. Dans ce lieu où les horizons sont par définition limités, les Hollandais se débrouillent pour se fabriquer les leurs en créant des points de vue nouveaux à partir de leurs alentours immédiats. Plus précisément, ils zooment de manière obsessionnelle sur le moindre détail afin de fabriquer leur petit univers. En prenant ces détails banals pour point de départ, les artistes hollandais parviennent à créer des oeuvres aux proportions étonnement épiques. Dans Small Universe, on peut voir une histoire entière basée sur la vie d’une plante, une ville commandée sur catalogue, ou encore une femme réussissant à entasser une collection de vêtements digne d’un défilé de mode parisien à l’intérieur de son minuscule appartement à loyer modéré. » Erik Kessels



Erik Kessels
Erik Kessels est depuis 1996 le directeur créatif de l’agence de communication KesselsKramer à Amsterdam. Que ce soit en tant qu’artiste ou que simple collectionneur de photographies, Kessels a publié plusieurs livres rassemblant ses images « collectées », comme par exemple Missing Links (1999), The Instant Men (2000), In Almost Every Picture (2001-2013) et Wonder (2006). Depuis 2000, il est l’un des éditeurs du magazine alternatif de photographie Useful Photography. Kessels a conçu plusieurs expositions dont The European Championship of Graphic Design, Use me Abuse me, 24HRS of Photos et Album Beauty. Il a été co-commissaire de l’exposition From Here On aux Rencontres d’Arles de 2011. En 2010, il a reçu l’Amsterdam Prize of the Arts et, en 2012, il a été élu Créatif le plus influent de Hollande.

Milou Abel
Milou Abel documente avec passion les individus vivant aux marges de la société : des personnes spéciales avec des habitudes spéciales. Son plus grand travail consiste jusqu’ici en une série de photographies d’une femme nommée Esther. Malgré son jeune âge, Esther a déjà vécu une vie haut en couleur et a une passion dévorante pour les vêtements. Milou Abel a passé beaucoup de temps avec Esther et l’a énormément photographiée dans sons salon rempli à ras bord de vêtements. Sur ces images, on peut sentir combien Milou et Esther sont liées et finissent par développer une confiance mutuelle, la tension désagréable qui existe le plus souvent entre le photographe et son sujet en est tout simplement absente. Milou Abel réussit à nous inviter au coeur du monde d’une personne spéciale.

Hans Eijkelboom
Hans Eijkelboom est un artiste conceptuel qui s’exprime à travers la photographie depuis les années 1970. L’une de mes oeuvres préférées consiste en une série d’autoportraits qui furent pris dans la maison d’étrangers. Pour mener à bien ce projet, il sonnait à la porte dans l’après-midi, quand l’homme du foyer était parti travailler. Si sa femme et ses enfants étaient présents, il se prenait en photo entre eux, tout comme s’il était le père de famille. Quelle que soit la maison où il se photographiait, curieusement, il semblait toujours à sa place. Il faut dire que Eijkelboom est passé maître dans l’art d’interroger la notion d’identité. Small Universe montrera un projet d’Eijkelboom sur l’identité ainsi qu’une série intitulée 10 Euro Outfits. Pour cette dernière série, l’artiste s’est photographié en voyage dans des tenues qu’il achetait pour dix euros.

Sema Bekirovic
Sema Bekirovic est une artiste qui fait des vidéos, des photographies et des installations. Son travail interroge la petitesse relative de notre monde en comparaison à l’immensité de l’univers. Elle n’utilise presque que des matériaux naturels comme l’eau, la pierre, l’acier, la fumée ou le feu. En 2007, elle a réalisé la série Koet, dans laquelle elle a réussi à convaincre des oiseaux de construire leur nid avec des matériaux qu’elle avait choisis, pour les photographier en train de les collecter. Pour ce faire, elle attachait du pain à ces objets, puis les mettait à l’eau. Séduits par la nourriture, les oiseaux découvraient au passage des objets qui leur étaient utiles et les ramenaient un par un à leur nid. Cette expérience donne à voir une étrange collaboration entre Bekirovic et les oiseaux.

Melanie Bonajo
Melanie Bonajo est l’une des figures les plus importantes de la Nouvelle Vague de la photographie hollandaise. Son oeuvre la plus connue reste sans doute sa série Furniture Bondage, qui représente des femmes nues attachées à des meubles. Le thème principal qui traverse toute son oeuvre, quel que soit le médium choisi, est le corps féminin et la manière dont il se définit lui-même. Dans cette exposition, elle partage avec le public des photographies où elle se documente elle-même au fil du temps. Alors qu’elle était prise dans les tourments d’une relation amoureuse, elle a décidé de se prendre en photo en train de pleurer. Par la suite, à chaque fois qu’elle sentait les larmes lui monter aux yeux, elle attrapait son appareil photo et capturait une image d’elle-même en guise de thérapie. En prenant la rupture –ou plutôt sa rupture– comme sujet, elle touche ainsi aux thèmes universaux du deuil et de la souffrance quotidienne.

Hans de Vries
Hans de Vries est un artiste qui a été particulièrement productif dans les années 1970. Son style fut appelé « art micro émotionnel » car Vries documentait en permanence les plus petits événements de sa vie quotidienne. Il décrit ces événements avec tant de détails et de passion qu’ils en deviennent monumentaux. Pour The History of the Lemon Geranium, Vries a suivi le développement d’une de ses plantes ainsi que de quelques autres. Hans de Vries et sa femme possédaient un magnifique pélargonium et désiraient partager leur passion pour cette plante avec d’autres. Ils distribuèrent donc des boutures à leurs amis, suite à quoi Hans leur rendait régulièrement visite pour s’enquérir de la santé des plantes. Le projet consiste en une séquence de vingt planches composées de textes et de photographies détaillant les événements survenus. Une obsession tournant autour d’un sujet très ordinaire mais mise en oeuvre avec une précision et un amour tout simplement extraordinaires.

Erik Fens
Erik Fens collectionne de manière compulsive les objets, les textes et les images. Il construit son propre univers grâce aux séries qu’il a créées et dans lesquelles il croit. C’est une activité solitaire et il est bien rare qu’il la partage avec d’autres. Pour Small Universe, il nous présente sa série Tree Car. Pendant quelque temps, il a photographié les voitures garées sous son balcon à Amsterdam. Ces voitures étaient garées juste à côté d’un arbre et l’ombre de ce dernier était souvent visible sur le toit ou le capot de la voiture. Fens fut alors ébloui par la beauté de la silhouette en forme d’arbre qui se découpait sur le toit de la voiture – une obsession tout simplement inimaginable sur une autre planète. La vie quotidienne recèle ses beautés cachées, et elle a besoin de photographes et d’artistes comme Erik Fens pour les dévoiler.

Jos Houweling
Au début des années 1970, Houweling travaillait à des typologies d’Amsterdam à partir de photographies, documentant la ville en enregistrant des parties du paysage urbain généralement laissées dans l’ombre. Après avoir créé un grand nombre d’images, il les a assemblées et les a ordonnées pour créer un rythme particulier. Ses collages sont graphiquement très forts mais c’est en définitive ses choix de catégories qui rendent son oeuvre véritablement magnifique. Une grande partie de ses travaux sur Amsterdam est réunie dans un livre intitulé 700 Cent, commandé par la ville d’Amsterdam pour célébrer son 700e anniversaire. Même si ces photographies datent des années 1970, leur côté ludique, leur humour et leur passion n’ont pas pris une ride.

Hans van der Meer
Si l’on devait nommer un photographe hollandais particulièrement attentif au monde qui l’entoure, ce serait très certainement Hans van der Meer. Au fil des années, il a su construire une oeuvre qui invite les spectateurs à considérer différemment les choses ordinaires qui les entourent. La série The Netherlands Off the Shelf montre la manière dont sont « arrangées » les villes hollandaises de taille moyenne. Les conseils municipaux commandent leur mobilier urbain à l’aide de catalogues et de brochures qui répondent à presque tous les besoins d’un centre-ville, depuis les poubelles jusqu’aux bancs publics. Hans van der Meer a collecté tout ce qu’il a pu trouver sur le terrain et a réordonné ces éléments pour créer un nouveau catalogue. Les photographies prises pour ce projet montrent le mobilier urbain in vivo et propose un point de vue ironique sur les villes hollandaises de taille moyenne.

Maurice van Es
Maurice van Es travaille surtout sur ses souvenirs et son environnement immédiat en s’attachant à donner une autre dimension aux plus petits événements et en en soulignant toute l’importance. Dans Textures de l'enfance, van Es présente de petits fragments de photographies prises durant son enfance. Des images de familles qui semblent souvent dérisoires mais qu’il arrive à transformer en se concentrant sur les détails, en soulignant des petites parties de la texture des photos dotées d’une forte charge mémorielle : le détail d’un tapis, d’une couverture, d’un canapé, etc. Ces photographies lui sont en quelque sorte devenues abstraites et, en même temps, restent extrêmement importantes pour lui. Maurice van Es explore ces tout petits espaces familiaux et familiers afin de leur donner une plus grande importance, y compris à ses propres yeux.