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“Jeff Koons” La rétrospective
au Centre Pompidou, Paris

du 26 novembre 2014 au 27 avril 2015



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse/session de tournage avec Jeff Koons, le 24 novembre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jeff Koons, Gazing Ball (Ariadne), 2013 [Boule réfléchissante (Ariane)]. Plâtre et verre Édition de 3 + épreuve d’artiste. Photo : Tom Powel Imaging Monsoon Art Collection. © Jeff Koons.
2/  Jeff Koons, Junkyard, 2002. Oil on canvas. Whitney Museum of American Art, New York ; promised gift of Thea Westreich Wagner and Ethan Wagner. © Jeff Koons.
3/  Jeff Koons, Balloon Dog (Magenta), 1994-2000 [Ballon en forme de chien (magenta)]. Acier inoxydable au poli miroir, vernis transparent, 1 des 5 versions uniques. Pinault collection - © Jeff Koons. crédit photographique : © Jeff Koons.

 

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Interview de Bernard Blistène, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 24 novembre 2014, durée 14'38". © FranceFineArt.


 


“La BMW Art Car de Jeff Koons ” suite
présentée au Centre Pompidou

du 4 février au 16 mars 2015

 

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Photos : © Anne-Frédérique Fer, présentation de la BMW Art Car de Jeff Koons, au Centre Pompidou, le 4 février 2015.

 

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Interview de Hervé Poulain, concepteur des BMW Arts Cars,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 4 février 2015, durée 13'36". © FranceFineArt.

 

Exposée pendant six semaines dans le Forum du Centre Pompidou, la BMW Art Car de Jeff Koons revient à l’endroit-même où l’artiste l’avait présentée et signée en avant-première en 2010. Koons, passionné de conduite automobile depuis sa jeunesse, avait manifesté son souhait de créer une Art Car. Sa collaboration avec BMW est annoncée à New-York, dans l’atelier de l’artiste, en février 2010. Il déclare alors, « J’ai toujours pensé que ce serait un honneur de travailler sur une BMW Art Car. J’ai hâte de perpétuer une tradition initiée par des artistes aussi prestigieux que Calder, Lichtenstein, Stella et Warhol. » En novembre dernier, en parcourant les salles de l’exposition parisienne, Koons évoque ainsi cette création au statut « à part entière » : « Je pense que la Art Car n’appartient à aucune de mes séries. Quand je regarde mon travail et les premiers Inflatables dans les années 1970, je retrouve les couleurs vibrantes qui sont incorporées dans la Art Car. Je voulais capter sa qualité dynamique, capturer sa puissance, son énergie et les dynamiter ».

La première mondiale de cette BMW M3 GT2 a eu lieu à Paris, au Centre Pompidou, avant que la voiture ne figure dix jours plus tard sur la grille de départ des 24 Heures du Mans. Elle a ensuite débuté un tour du monde, accueillie dans des musées et pour des évènements mondiaux, du Festival de vitesse de Goodwood au Royaume-Uni à Séoul, en passant par Miami, avant de clore son parcours au Centre Pompidou.

Le projet des Art Cars, initié en 1975 par le commissaire-priseur et pilote français, aujourd’hui Vice-Président d’Artcurial, Hervé Poulain en collaboration avec BMW, a permis d’inviter des artistes de renommée internationale à laisser libre cours à leur créativité en décorant des carrosseries de voitures. L’année 2015 verra la célébration des 40 ans de la collection BMW Art Car, avec de belles surprises. L’absolue liberté de création garantie à chaque artiste oeuvrant pour la collection connaît comme seules limites les contraintes techniques dues à l’usage des voitures en course, rien ne devant faire obstacle à l’optimisation aérodynamique. Jeff Koons a choisi d’utiliser un vinyle adhésif pour impression digitale approprié au car wrapping. Il a sélectionné sur un nuancier pantone vingt couleurs très vives, que des machines d’impression numérique en hexachromie, parmi les meilleures du monde, ont reproduit fidèlement.

La légendaire collection Art Car illustre l’engagement culturel de BMW Group depuis plus de 40 ans et constitue un témoignage précieux de l’histoire de l’automobile, de l’art et du design au travers de 17 « oeuvres d’art roulantes » présentées dans des institutions internationales et au musée BMW à Munich.



extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Bernard Blistène, directeur du musée national d’art moderne, assistée de Julie Champion.



Le Centre Pompidou présente à partir du 26 novembre prochain, la première rétrospective complète consacrée à Jeff Koons en Europe. Cette exposition sans précédent permet de prendre toute la mesure d’une oeuvre qui aura marqué depuis trente-cinq ans le paysage artistique et culturel contemporain.

Si Jeff Koons a fait l’objet de maintes expositions, présentant tantôt des ensembles précis de son travail, tantôt des sculptures spécifiques dans des environnements historiques donnés, aucune exposition n’a rassemblé son oeuvre en un parcours exhaustif et chronologique, couvrant l’entièreté de sa production. Quelque cent sculptures et peintures composent cette rétrospective qui suit tous les jalons de la carrière de l’artiste.

Conçue en collaboration avec le Whitney Museum of American Art, qui l’a présentée à New York du 27 juin au 19 octobre 2014, l’exposition « Jeff Koons, la rétrospective » du Centre Pompidou invite le visiteur à poser un regard débarrassé de préjugés sur l’oeuvre d’un artiste parmi les plus célèbres et les plus controversés de notre temps, que Bernard Blistène, directeur du musée national d’art moderne et commissaire de l’exposition parisienne, considère comme « le dernier des Pop ».

Venues de toute part, les oeuvres exposées au Centre Pompidou sont devenues des icônes du temps présent : les aquariums de la série « Equilibrium » (1985), « Rabbit » (1986), « Michael Jackson and Bubbles » (1988) ou « Balloon Dog » (1994-2000) ont gagné une immense popularité et marqué la culture visuelle contemporaine.

Construite sur un mode historique et chronologique, la rétrospective met en évidence les différents cycles du travail de l’artiste, depuis les premières pièces s’appropriant l’art de leur temps, aux oeuvres actuelles dialoguant implicitement avec l’histoire de l’art classique. Elle met en évidence la cohérence du travail de l’artiste et ses lignes de force, en même temps que la diversité et la richesse de sa force créatrice.

L’oeuvre de Jeff Koons s’est imposée au fil de différentes séries. Fragiles jusqu’au dérisoire, les premiers « Inflatables » ont cédé le pas à des assemblages cherchant une synthèse entre Pop art et Minimalisme, comme ceux de la série « The New ».

Avec les séries suivantes, Koons jette son dévolu sur l’iconographie de la culture de masse, porteuse du rêve américain et de ses fantasmes. Ainsi, la série « Luxury and Degradation » (1986) duplique les stratégies publicitaires déployées par les grandes marques, tandis que « Banality » (1988) fait la part belle à une imagerie populaire, mêlant rêves enfantins et suggestions érotiques à différents « hits » de l’histoire de l’art. Koons revendique alors la réalisation d’artefacts glorifiant le goût des classes moyennes américaines, dont il se présente inlassablement comme le porte-parole.

Subversive et scandaleuse, « Made in Heaven » (1989-1991) brouille la frontière entre Koons et son personnage à travers des mises en scène résolument pornographiques, offrant à l’artiste et à son égérie matière à de multiples représentations. Koons devient alors « l’enchanteur pourrissant » d’une société où se mêlent confusément rêve et illusion, idéaux collectifs et violence.

Ayant éprouvé la monumentalité avec « Puppy » (1992) et « Split Rocker » (2000), Koons se confronte à l’espace public. Avec la série « Celebration » (1994), et notamment le célèbre « Balloon Dog », il atteint un paroxysme technique et porte à son apogée la transfiguration d’objets triviaux en formes sculpturales accomplies, rutilantes et gonflées.

De fait, l’idée du gonflable traverse tout l’oeuvre de Jeff Koons, comme en témoignent les séries « Popeye » (2003) ou « Hulk Elvis » (2007), que l’artiste fait réaliser en acier inoxydable à l’instar de l’emblématique « Rabbit » qui aura tant contribué à sa notoriété.

D’« Easyfun » (1999-2003) à « Antiquity » (2009-2014), Jeff Koons fait la part belle au devenir image de la peinture. Utilisant le collage, il rassemble sur une même surface des éléments hétérogènes qu’il fragmente et stratifie. Plus que jamais, une large place est accordée aux stéréotypes américains - grands espaces, excès de nourritures indutrielles, super-héros et autres personnages de bande dessinée – stéréotypes auxquels Koons entremêle des références plus personnelles, allant de graffitis enfantins aux standards de l’art antique. Ainsi de ses derniers « Gazing Balls » (2013) qui juxtaposent des ornements de jardin à des moulages en plâtre de chefs d’oeuvre de l’art classique.




Le parcours de l’exposition

Inflatables

Jeff Koons considère les Inflatables comme sa première série. Elle se compose de jouets gonflables colorés, glanés dans les boutiques bon marché de l’East Village, à Manhattan, que l’artiste dispose sur des plaques de miroir ou de Plexiglas.
Désireux de concevoir un art éloigné de ses propres fantasmes et davantage tourné vers le monde extérieur, Koons raconte s’être arrêté de peindre pour acheter des objets, ayant à coeur de rejouer le « readymade », geste clé de la modernité dont Marcel Duchamp est l’initiateur. Toutefois, loin de susciter l’indifférence visuelle que ce dernier assignait aux readymades, les objets choisis par Koons véhiculent une esthétique fortement liée à la culture populaire, rappelant le pop art.
À travers l’usage des miroirs, les Inflatables citent ostensiblement le vocabulaire plastique minimaliste de l’artiste Robert Smithson, Koons semblant tenter une réconciliation parfaite des langages du pop art et de l’art conceptuel. Il pose ainsi le premier jalon d’une oeuvre à l’esthétique résolument joyeuse et révèle son intérêt pour les objets gonflables : « j’ai toujours aimé les objets remplis d’air, car ils sont très anthropomorphiques ».

Pre-new / The new
Souhaitant rompre avec la joliesse de sa première série Inflatables, Jeff Koons travaille désormais avec des appareils électroménagers. L’aspirateur, omniprésent dans la série The New, semble synthétiser sa vision de la société américaine, entre pragmatisme domestique, rêve de réussite individuelle et course effrénée à la nouveauté.
Koons en dispose différents modèles dans des vitrines en Plexiglas éclairées par des tubes fluorescents évoquant explicitement l’oeuvre de l’artiste Dan Flavin. À travers de telles combinaisons, Jeff Koons semble assujettir le vocabulaire de la sculpture minimaliste à l’esthétique du display commercial, révélant non sans impertinence leurs similitudes formelles. Par ce geste, il tente une réconciliation improbable entre modernisme et culture de masse.
C’est que Koons ne s’intéresse pas aux grandes utopies modernistes, mais bien à une certaine forme d’hédonisme. Les aspirateurs, enchâssés dans leurs vitrines, conservant pour toujours l’éclat du neuf, semblent devoir susciter inlassablement la convoitise. Le slogan « The New » figurant sur la boîte lumineuse et les panneaux lithographiés sonne quant à lui comme la promesse d’un perpétuel renouveau du rêve américain.

Equilibrium
La série Equilibrium s’intéresse à la substance du rêve américain : le désir d’ascension sociale. Fin observateur des mécanismes de l’époque, Jeff Koons explore pour ce faire l’univers du sport, considéré comme l’un des principaux moyens d’élévation à disposition des classes défavorisées. Une forme de mythe habilement exploitée par les affiches de la marque Nike que l’artiste encadre et expose telles quelles.
Au coeur de la série, les Tanks, aquariums remplis à moitié ou en totalité, contiennent des ballons de basket tantôt émergés, tantôt submergés, dans des configurations apparemment impossibles. Ils constituent pour l’artiste une parabole de cet état d’équilibre que nous rechercherions tous.
Jeff Koons inaugure également ici une nouvelle pratique : des articles de sport évoquant l’air et la respiration (tuba, scaphandre autonome, canot pneumatique), loin d’être exposés tels quels, sont reproduits à l’identique dans le bronze. La perception d’objets supposément légers se trouve bouleversée par la pesanteur du matériau, conférant aux oeuvres une certaine forme de violence.

Luxury and degradation
Prenant le métro du sud de Manhattan jusqu’à Harlem, Jeff Koons remarque que l’esthétique et les slogans utilisés par les publicités pour boissons alcoolisées varient en fonction des classes sociales ciblées. Les marques d’alcool les plus onéreuses, s’adressant aux classes supérieures, utilisent un langage visuel plus abstrait. Afin de mettre en évidence ce constat, Koons fait réimprimer sur toile différentes affiches publicitaires. D’un côté, des scènes figuratives renvoient à l’univers des loisirs et de la séduction. De l’autre, des compositions plus abstraites tendent au monochrome. L’artiste suggère ainsi que certaines formes d’art, parmi lesquelles l’abstraction, seraient discriminatoires, ne pouvant être appréciées que des classes supérieures.
La série comporte également plusieurs répliques en acier inoxydable d’objets liés à la consommation d’alcool, qui forment une gamme complète allant de l’utilitaire au décoratif. En transposant ces différents objets dans un seul et même matériau d’apparence luxueuse, Koons brouille ces distinctions. Il bouleverse les critères sur lesquels se fondent habituellement nos jugements de goût et montre qu’ils sont intimement liés aux connotations sociales attachées aux objets.

Statuary
Prolongeant ses recherches précédentes, Jeff Koons cherche à dessiner un panorama de la société en recourant à des objets de décoration figuratifs. Ainsi produit-il de parfaites répliques de statuettes de différents formats, redoublant le processus de représentation. Les sujets choisis renvoient à des registres allant de l’art savant à la culture populaire.
Uniformisant à nouveau ces reproductions grâce à l’usage de l’acier inoxydable, l’artiste joue avec nos références en les mettant sur le même plan. Car Koons refuse toute forme d’exclusion, considérant comme discriminatoires des oeuvres qui seraient coupées des goûts du plus grand nombre. S’emparant de la culture de masse comme d’un repère absolu, il cherche à élaborer un vocabulaire plastique accessible à tous : « je recherche toujours la familiarité afin que le public ne se sente pas menacé par ces images », déclare ainsi l’artiste. Critique de la fonction critique de l’art, Koons se trouve dans la position paradoxale d’un artiste subversif proposant une oeuvre consensuelle destinée au public le plus large.

Banality
Portant à leur paroxysme les principes qui sous-tendaient la série Statuary, Jeff Koons parvient avec Banality à une forme de radicalité. Il ne se contente plus de reproduire à l’identique des objets trouvés. Ici, des compositions réalisées par l’artiste à partir d’images collectées dans divers supports sont transposées en trois dimensions par des artisans spécialisés. Convoquant des techniques traditionnelles, Koons opère de nouveaux déplacements, donnant à l’histoire de la porcelaine ou du bois polychrome un accomplissement inattendu.
Ces oeuvres, qui semblent de prime abord tout droit sorties d’une boutique de souvenirs, mêlent dans un stupéfiant mélange des genres naïveté, spiritualité et trivialité. De grande taille et réalisées à la perfection par les meilleurs artisans, elles ne paraissent souffrir aucune distance ironique, exigeant d’être prises au sérieux. Koons semble céder de façon complète et sincère à ce qu’il qualifie lui-même de « banalité », penchant vers ce que nous, spectateurs, pourrions considérer comme indigne d’être exposé dans les lieux dévolus à l’art. Il crée ainsi une opposition jubilatoire entre l’oeuvre proposée et son contexte de réception.

Made in Heaven
Dans la série Made in Heaven, Jeff Koons, artiste désormais reconnu, s’expose aux côtés d’une professionnelle de l’industrie pornographique, Ilona Staller, alias Cicciolina, lui empruntant ses décors et son univers esthétique. Dentelles aux couleurs pastel, couronnes de fleurs, paysages oniriques, le monde de Cicciolina résonne tout particulièrement avec le kitsch éclatant de la série précédente.
Formant la matière première de la série, un ensemble de photographies mettant en scène de façon explicite les ébats sexuels de Koons et Cicciolina est transformé en oeuvres de différentes natures – sérigraphie sur toile, bois polychrome ou cristal de Murano – flanquées d’autres motifs sculptés – bouquet de fleurs ou chien de salon.
Alors que Banality visait à libérer le jugement de goût, Made in Heaven ambitionne de délivrer le public de la honte et de la culpabilité associées à l’acte sexuel. Voit-on deux amants en train de s’aimer ou bien deux acteurs jouant leur rôle ? La question se révèle d’autant plus incisive que Koons tombe amoureux de Cicciolina et l’épouse, rendant la lecture de ces oeuvres plus ambiguë encore.

Celebration
Sollicité par le galeriste Anthony d’Offay pour concevoir un calendrier, Koons choisit de composer des natures mortes à partir d’objets évoquant la fête – coeurs, oeufs enrubannés, ballons de baudruche ou jouets. Séduit par la qualité de ces photographies, il choisit de réaliser à partir de certaines d’entre elles des peintures de grande dimension et décide de donner à d’autres une pérennité sculpturale.
L’ensemble tridimensionnel se compose de petits objets éphémères transfigurés en formes monumentales accomplies. Pour atteindre un tel niveau de perfection, Koons met en oeuvre des moyens de production extrêmement ambitieux, notamment des technologies de pointe. Il fait appel à des artisans, mais aussi à des entreprises spécialisées, consacrant parfois plus de dix années à la production d’une seule pièce.
Les oeuvres peintes témoignent d’un changement de pratique. Ayant jusqu’à présent exécuté ses toiles à partir de procédés de reproduction mécaniques, comme la lithographie ou la sérigraphie, Koons fait réaliser les peintures de la série Celebration à la main par ses assistants, selon des modèles de coloriage par numéros extrêmement précis, permettant une reproduction parfaite du modèle.

Easyfun / Easyfun-Ethereal
Jeff Koons entreprend la série Easyfun au moment où les exigences techniques et financières très ambitieuses de Celebration retardent sa présentation au public. Légère et ludique, Easyfun témoigne de la détermination de Koons à répondre de façon toujours positive au public et aux collectionneurs qui le soutiennent.
La série comprend treize sculptures planes miroitantes. Leurs contours dessinent des silhouettes d’animaux fortement agrandies dans un improbable mariage entre abstraction et esthétique de dessin animé. Avec Celebration et Easyfun, l’image de l’artiste disparaît de ses oeuvres, dont les surfaces réfléchissantes renvoient désormais le spectateur à lui-même. Celui-ci se voit ici tour à tour associé à un âne, une girafe ou un morse, vivant cette expérience chère à Koons : celle du dialogue à travers l’art avec des formes familières, notamment celles de l’enfance.
Les cinq peintures de la série superposent quant à elles des images renvoyant aux lieux communs de la culture américaine : grands espaces naturels, consommation de masse, autant de thèmes auxquels le spectateur est encouragé à s’identifier. Les vingt-quatre toiles de l’ensemble Easyfun-Ethereal ajoutent à cette iconographie les attributs érotiques archétypaux de la femme-objet.

Popeye / Hulk Elvis
Les séries Popeye et Hulk Elvis gravitent autour de deux héros de la culture de masse américaine, si chère à Jeff Koons. L’une et l’autre se distinguent aussi par des procédés formels comparables.
L’ensemble sculpté s’appuie sur une cohorte de jouets gonflables pris dans des situations insolites. Des bouées en forme d’animaux se trouvent ainsi fâcheusement encastrées dans des objets manufacturés, tandis qu’un Hulk vert pomme semble s’être transformé en orgue. À la différence du fragile lapin gonflable des Inflatables ou du fameux Rabbit, ces répliques constituent de parfaites reproductions des modèles originaux, coulées dans l’aluminium puis peintes de façon à créer l’illusion.
Les deux séries contiennent aussi de nombreux tableaux. À cet égard, la série Hulk Elvis, ne comptant pas moins de cinquante toiles, marque l’explosion de la production picturale de Koons. Chacune se compose de trois à cinq strates d’images. Si certaines traces de gestes semblent renvoyer à une forme de spontanéité expressionniste, leur production a pourtant fait l’objet d’un processus complexe : une fois dessinées, elles ont été scannées, puis intégrées grâce à des logiciels informatiques à la composition, avant que celle-ci ne soit reproduite sur toile. Koons propose ici une synthèse singulière entre l’intervention de la main et la conception assistée par ordinateur.

Antiquity
Avec Antiquity, Jeff Koons inscrit son art dans un dialogue culturel toujours plus large, exploitant un vaste répertoire, de l’art paléolithique à la sculpture classique.
Comme dans les séries précédentes, chaque toile se compose de strates, visuellement plus unifiées, permettant à Koons de relier son oeuvre aux grands jalons de l’histoire de l’art. Ainsi, Antiquity 3 associe une photographie réalisée par l’artiste, figurant notamment des objets gonflables de la série Hulk Elvis, à des reproductions de statues d’Aphrodite. Évoquant une peinture abstraite, le fond pourrait aussi faire allusion aux flots qui ont vu naître la déesse. Au tout premier plan, un dessin de voilier réalisé au marqueur par Koons rappelle de façon très stylisée un sexe féminin, clin d’oeil à L’Origine du monde de Gustave Courbet.
Avec Metallic Venus et Pluto and Porserpina, Jeff Koons interprète dans un langage qui lui est propre deux célèbres thèmes de l’histoire de la sculpture. Balloon Venus fait quant à elle fusionner le vocabulaire plastique de l’artiste avec les formes archaïques généreuses de la célèbre Vénus paléolithique de Willendorf.

Gazing Ball
Gazing Ball est à ce jour la dernière des séries inaugurées par Jeff Koons. Elle comporte aussi bien des répliques de chefs-d’oeuvre de la sculpture classique – de l’Antiquité au XVIIIe siècle français – que des reproductions d’objets appartenant à la culture populaire. L’unité visuelle de l’ensemble tient à l’usage d’un seul et même matériau – un mélange spécial de plâtre – et à la présence sur chaque moulage d’une boule en verre soufflé d’un bleu intense, qui a donné son nom à la série. Comme le précise l’artiste, ces gazing balls sont des éléments de décoration extérieure typiques de sa Pennsylvanie natale.
La célébrité des chefs-d’oeuvre de l’histoire de l’art choisis par Koons tient largement aux innombrables reproductions qui en ont été faites, parfois pour des raisons didactiques, le plus souvent à des fins ornementales. En effet, quels qu’en soient le matériau ou le format, ces copies n’ont cessé de décorer parcs et jardins, ceux des riches demeures comme des pavillons de banlieue. D’où l’harmonie des assemblages en présence, les moulages en plâtre blanc tenant lieu de piédestaux améliorés à ces gazing balls. Koons semble souligner ici avec lucidité l’inéluctable devenir décoratif des oeuvres d’art.