contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Un captif amoureux” de Jean Genet, mise en scène Guillaume Clayssen
au théâtre de l’étoile du nord, Paris

du 4 au 13 décembre 2014



www.etoiledunord-theatre.com

 

1513_captif-amoureux1513_captif-amoureux

Légendes de gauche à droite :
1/  Répétition du spectacle "Un Captif Amoureux". © Julien Crepin.
2/  Répétition du spectacle "Un Captif Amoureux". © Mathieu Mullier.

 


1513_captif-amoureux audio
Interview de Guillaume Clayssen, metteur en scène,
par Anne-Frédérique Fer, Paris, le 1er décembre 2014, durée 17'34". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Un captif amoureux de Jean Genet
Mise en scène Guillaume Clayssen
Avec Olav Benestvedt et Benoît Plouzen-Morvan/ La Compagnie des Attentifs

mardi, mercredi et vendredi à 20h30, jeudi à 19h30, samedi à 17h et à 20h30 - Durée 1h30



Le voyage de Genet aux côtés du peuple palestinien commence en 1971, dans les camps de réfugiés de Jordanie, l’occasion pour lui d’une double rencontre qui va marquer la fin de son existence : celle d’Hamza, jeune combattant palestinien, et de sa mère.

Dix ans plus tard, Genet est l’un des premiers occidentaux à visiter le camp de Chatila à Beyrouth au lendemain du massacre perpétré par les phalangistes chrétiens sous la caution de l’armée israélienne. Quelques mois après, Genet retrouve la mère d’Hamza, dont la quête l’obsédait depuis son départ de Jordanie.

Olav Benestvedt et Benoît Plouzen-Morvan incarnent à la fois la part rêveuse de Genet, et celle, combative et engagée, du poète.




Retour à Jean Genet - genèse du projet

En 2011, Guillaume Clayssen met en scène l’une des premières pièces de Jean Genet - Les Bonnes - à la Comédie de l’Est à Colmar et à L’étoile du nord à Paris. Il adapte aujourd’hui Un captif amoureux, le dernier texte de Jean Genet, publié après sa mort.

Ce récit est un chant d’amour à un peuple abandonné – les Palestiniens – le chant d’un poète devenu étranger à son propre pays – la France – qui écrit pour des exilés, des apatrides : des révolutionnaires !

Loin d’être un manifeste politique, bien qu’il soit à sa manière très politique, loin d’être un pensum idéologique, bien qu’il participe à chaque instant à cette révolution palestinienne, Un captif amoureux est le livre d’un poète qui, délaissé depuis plusieurs années par l’écriture, retrouve l’inspiration grâce à l’engagement politique. La poésie de Genet se remet en marche auprès du peuple de Palestine dressé fièrement contre l’injustice d’Israël, des autres pays arabes et de l’Amérique. C’est en rêvant, comme il le dit lui-même, à l’intérieur du rêve palestinien que l’auteur du Miracle de la rose, a retrouvé sa verve. Mais cette nouvelle écriture ancrée dans l’action politique, marque un passage chez Genet de ce qu’il nomme « la grammaire de son imaginaire » - son théâtre, ses romans, sa poésie - à la « grammaire du monde ».

A voir teaser de la pièce sur https://vimeo.com/110373588




Un diptyque sur l’Orient et l’Occident

Ce montage du Captif amoureux est le premier volet d’un diptyque consacré aux rapports entre le monde occidental et le monde musulman. Le deuxième volet, qui aura lieu la saison prochaine, est une adaptation des Lettres Persanes de Montesquieu.

Interroger à travers deux spectacles le rapport si complexe entre Orient et Occident, semble être essentiel aujourd’hui. Bien que très différentes, l’oeuvre de Genet et celle de Montesquieu incarnent chacune à sa manière un voyage. Ce voyage chez l’un et chez l’autre ne va pourtant pas dans le même sens.

Un captif amoureux est un récit autobiographique du XXème siècle, une traversée de l’Occident à l’Orient, de la France au Proche-Orient, tandis que les Lettres persanes, roman épistolaire du XVIIIème siècle, va de l’Orient à l’Occident, de l’Iran d’hier à l’Europe des Lumières.

Dans ces deux spectacles, la mise en scène est à chaque fois la reprise théâtrale du geste premier de l’écriture. Cette reprise s’incarne dans les deux cas par un travail documentaire et vidéo. Ainsi dans les Lettres persanes, le projet consiste à interviewer des étrangers vivant en France, des « persans » actuels, et d’entrelacer leur point de vue sur l’Occident contemporain à celui d’Usbek et Rica, les deux protagonistes de Montesquieu.

Dans Un captif amoureux, je fais dialoguer le texte de Genet avec la photographie contemporaine.




Un poème photographique

Aux deux corps des acteurs, se mêlent au cours du spectacle des projections photographiques. Ce sont des photos en noir et blanc d’un photographe palestinien, Raed Bawayah, exposé en décembre 2014 à la Maison européenne de la photographie à Paris.

Ces images ne sont pas des photos de guerres, mais des photos sur l’enfermement physique et mental du peuple de Palestine. Associées au Captif amoureux, ces photos imprègnent physiquement le corps des acteurs et jouent le rôle d’une sorte de mémoire collective à la fois intime et physique.

Elles participent aussi de cette « grammaire du monde » qu’évoque Genet pour parler de cette nouvelle écriture que sa rencontre avec les Palestiniens fait naître. Guillaume Clayssen, du fait de cette collaboration avec Raed Bawayah, s’extrait d’une grammaire purement théâtrale et confronte son imaginaire de metteur en scène à une réalité socio-historique qui ne peut évidemment s’y réduire.

Le noir et blanc de ces photos qui sont avant tout des portraits, rendent de telles images atemporelles. On peut parfois les associer au travail des premiers photographes palestiniens, qui à la fin du XIXème siècle, saisissaient avec leur appareil le quotidien alors invisible des Palestiniens. Les images photographiques de l’époque prises dans cette région par les Occidentaux, avaient avant tout pour fonction de représenter le mythe biblique incarné dans une terre soit disant inhabitée et inculte.

Les photos de Raed sont projetées en fond de scène non comme un décor ou une illustration du texte, mais comme des impressions de la mémoire, comme des révélations photographiques.

Cette poésie de l’image dans le spectacle convoque des paysages boisés. On y voit souvent des palestiniens à côté d’oliviers, symboles de leur résistance et de leur enracinement dans cette terre de Palestine. Ces arbres en images qui « posent » à côté des hommes et des femmes, font écho à ce bois de théâtre de la scénographie.


A voir également, du 10 décembre 2014 au 25 janvier Raed Bawayah expose Empreintes de passages à la Maison Européenne de la photographie.
http://www.mep-fr.org/evenement/raed-bawayah/