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“Fashion Mix” Mode d'ici, créateurs d'ailleurs
au Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte dorée, Paris

du 9 décembre 2014 au 31 mai 2015 (prolongée jusqu'au 28 juin 2015)



www.histoire-immigration.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 8 décembre 2014.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Vivienne Westwood, robe Fragonard, 1991 Soie imprimée, rehauts de peinture acrylique Collection Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris © Eric Emo / Galliera / Roger-Viollet.
2/  Antonio Castillo pseudonyme de Canovas del Castillo del Rey (1908-1984), dans l'embrasure d'une porte, chez Lanvin. Cliché: BHVP / Parisienne de Photographie - Photographie Seeberger Frères © BnF.
3/  La maison de couture Molyneux, installée à Paris 5 rue Royale (VIII ème arrondissement) en 1925. Cliché: BHVP / Parisienne de Photographie - Photographie Seeberger Frères © BnF.

 


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Interview de Alexandre Samson,
responsable de la collection contemporaine au Palais Galliera et commissaire adjoint de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, Paris, le 8 décembre 2014, durée 18'28". © FranceFineArt.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Née au milieu du XIXéme siècle, la haute couture s'est enracinée dans Paris, participant à façonner jusqu'à nos jours son identité de capitale de la mode. Le Musée de l'Histoire de l'Immigration présente avec le Palais Galliera l'histoire de cette mode made in France en s'intéressant aux parcours des artistes et artisans qui l'ont écrite. L'effervescence créative de la capitale se relit ainsi sous une lumière nouvelle: celle des identités, des cultures qui s'entrechoquent et se mélangent, s'enrichissent.

Les vêtements exposés se voient complétés par de nombreux documents qui retracent le parcours de ces immigrants, du chemin de vie qui mène aux ateliers de broderie ou de chaussures puis qui débouche sur la célébrité, mais également l'aride parcours administratif pour pouvoir s'établir en France. La scénographie privilégie les rencontres et les collaborations: les 6 d'Anvers, la vague de créateurs japonais, l'immigration espagnole, russe, polonaise se trouvent regroupés par les liens communautaires aidant l'immigrant à se faire une place, les premiers à réussir ouvrant la brèche aux suivants.

Les destins individuels se mêlent à l'histoire, les évènements qui ont emmené ces artistes à Paris et ceux qui les influencent se révélant étroitement liés. Elsa Schiaparelli mélange les éléments de la commedia del Arte aux courants artistiques de son époque. Ses sweaters empruntent au cubisme et au surréalisme avec leurs nœuds, cols et cravates dessinés en mailles de couleurs contrastées. Sa rigueur géométrique, architecturale, reprend les principes du Bauhaus. Une chaussure posée sur la tête devient un chapeau. Mais derrière l'audace, l'étoffe noire devient pure forme, le soulier s'efface pour devenir un simple aplat ouvrant une brèche dans notre monde en 3 dimensions. Plus loin, plus tard, une robe de Yohji Yamamoto produit la même impression, une forme noire d'encre donnant naissance à une robe au fil de ses courbes délicates.

Charles Frederick Worth, l'inventeur de la haute couture, côtoie Vivienne Westwood. Avec plus d'un siècle d'écart, les styles se rencontrent et se fondent, la robe imprimée d'une toile de Fragonard si elle est plus rattachée à notre présent et donc plus compréhensible, nous permet de lire l'élégance outrageuse et impertinente de son ainée. Les plissés de Mariano Fortuny, dont on peut voir les étapes d'expérimentations et les dépôts de brevets résonnent comme un écho tant ils ont été un acte séminal et constituent depuis un vocabulaire essentiel du stylisme. Trente ans plus tard, une robe du soir de Jean Dessès en magnifie le principe. La mousseline de soie d'un blanc de pierre se plisse en fines et denses vagues obliques. Le drapé devient matière, presque solide, affichant une certaine nonchalance dans sa perfection classique. Puis une réinvention survient avec le futurisme de science fiction d'Issey Miyake ou les volutes de fumée de cuir plissé d'Iris Van Herpen.

Cette histoire du stylisme français, en nous montrant à la fois l'étincelance des podiums et les déchirements et solidarités qui en ont cousu la magie, nous parle de destins humains et nous surprend à nous interroger sur la condition d'artiste.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général : Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera
Commissariat associé :
Musée de l’histoire de l’immigration : Aude Pessey-Lux, directrice du service Musée de l’histoire de l’immigration, et Isabelle Renard, responsable des collections d’art contemporain, assistées d’Elsa Rigaux.
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris : Alexandre Samson, assistant d’Olivier Saillard et Corinne Dom, responsable de la régie des œuvres.




Fashion Mix est conçue par l’établissement public du Palais de la Porte Dorée, Musée de l’histoire de l’immigration, avec le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris. Cette exposition est réalisée à partir des collections du Palais Galliera et des documents réunis par le Musée de l’histoire de l’immigration.

De Charles Frederick Worth à Azzedine Alaïa, de Mariano Fortuny à Issey Miyake et Yohji Yamamoto, ou encore Cristóbal Balenciaga ou Raf Simons... de nombreux stylistes et directeurs artistiques étrangers ont révolutionné la mode française et enrichi son histoire. FASHION MIX est une exposition hommage au savoir-faire français que créateurs russes, arméniens, italiens, espagnols, japonais, belges... font rayonner à travers le monde.

Entre parcours personnels et histoire de la mode, FASHION MIX, conçue par Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, souligne l’apport fondamental des créateurs étrangers à la haute couture et au prêt-à-porter français et raconte une autre histoire de l’immigration, celles d’hommes et de femmes, artisans, créateurs contribuant à faire la renommée de Paris, capitale internationale de la mode.




L’exposition FASHION MIX

Les notions de « savoir-faire français » et de « made in France » sont reconnues et célébrées internationalement dans le domaine de la mode depuis le milieu du XIXe siècle. Or cette mode française est souvent conçue par des créateurs étrangers.

Poussés par des raisons politiques ou par des choix artistiques, attirés par la capitale de la culture et de l’élégance mais aussi par le pays des libertés, ces créateurs étrangers contribuent à faire la renommée de la haute couture et du prêt-à-porter français et, de Paris, la capitale internationale de la mode.

Mais la mode est également source de savoir-faire spécifiques. L’exposition évoque certains métiers de l’époque particulièrement marqués par l’immigration comme les ateliers de broderie russes dans les années 1920 ou, plus récemment, les mailleuses et chausseurs arméniens.

L’exposition présente une centaine de pièces emblématiques conservées essentiellement au Palais Galliera : robes, manteaux, chapeaux, accessoires... Les parcours migratoires individuels et les savoir-faire, seront retracés à l’aide de documents d’archives privées et publiques : actes de création de maison de couture, dossiers de naturalisation, dossiers de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), extraits et entretiens audiovisuels.




Parcours de l’exposition

Lancée dès 1858 par quelques figures marquantes à l’image du fondateur de la haute couture, l’Anglais Charles Frederick Worth, la mode est aujourd’hui le fruit d’une explosion de créateurs venus du monde entier. Paris en demeure plus que jamais une des capitales et reste un passage obligé. Les pièces emblématiques de ces couturiers constituent les supports à la narration de parcours migratoires. Deux temps scandent le parcours de l’exposition et reflètent cette histoire de la mode faite d’abord par quelques couturiers étrangers qui créent leur maison à Paris jusqu’à l’apparition, aujourd’hui, de créateurs de toutes origines venus défiler dans la capitale française.

Du milieu du XIXe siècle aux années 1960
L’arrivée en France de couturiers étrangers dès le XIXe siècle et l’ouverture de leurs maisons de couture sont le prétexte d’un cheminement chronologique organisé autour de personnalités « phares » de la création française d’origine étrangère : Charles Frederick Worth et l’école anglaise, Mariano Fortuny et les recherches sur le tissu, Elsa Schiaparelli et les Italiens, Cristóbal Balenciaga et l’école espagnole. A ces figures tutélaires répondent les créations de créateurs contemporains John Galliano, Phoebe Philo, Alexander McQueen, Sybilla, Popy Moreni ou Riccardo Tisci. Ce parcours revient aussi sur des destins singuliers inscrits dans des contextes politiques et culturels particuliers : des Russes blancs exilés après la révolution (Maison Kitmir et Irfé), des Espagnols fuyant la guerre civile, des Arméniens réfugiés en France (Ara Frenkian).

De la fin des années 1970 à aujourd’hui
Une profusion de vêtements, d’interviews filmées et d’articles de presse révèlent la créativité des décennies successives. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, une coupure s’opère avec l’arrivée de l’école japonaise. Un nouveau cycle s’amorce avec Kenzo et Issey Miyake jusqu’à Rei Kawakubo pour Comme des Garçons, Yohji Yamamoto, Tokio Kumagaï, Junya Watanabe. A partir des années 1980 et dans la continuité de cette « révolution » japonaise, les Belges Martin Margiela, Ann Demeulemeester, Raf Simons, Dries Van Noten, A.F. Vandevorst, Olivier Theyskens, Jurgi Persoons font à leur tour de Paris leur capitale de la mode. Cette deuxième partie reflète davantage l’accélération des échanges caractéristiques de nos sociétés contemporaines avec le développement des défilés et des capitales de la mode jusqu’à l’apparition sur la place de Paris de créateurs de toutes origines, plutôt qu’une école géographique spécifique. Certains d’entre eux deviendront d’ailleurs, les clés de voûte de prestigieuses maisons de haute couture françaises à l’instar de Karl Lagerfeld pour Chanel, Marc Jacobs pour Louis Vuitton ou Azzedine Alaïa pour sa propre griffe. Dans le foisonnement créatif de l’époque actuelle, une école plus conceptuelle se profile regroupant des talents de toutes origines : l’Autrichien Helmut Lang, l’Allemand Kostas Murkudis, les Néerlandais Viktor & Rolf et Iris van Herpen, le Belge Bernard Willhelm, l’Israélo-américain Alber Elbaz, l’Américain Patrick Kelly, le Libanais Rabih Kayrouz, l’Indien Manish Arora…