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“Anne De Gelas” L’amoureuse
Le petit espace, Paris

du 15 janvier au 7 mars 2015



www.lepetitespace.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 15 janvier 2014.

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Anne De Gelas, L’amoureuse, © Anne De Gelas.

 


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Interview de Anne De Gelas,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 15 janvier 2015, durée 14'42". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Direction artistique : Carine Dolek



Le travail d’Anne De Gelas est à la fois un assourdissant hurlement barbare et un formidable hymne à la pulsion de vie.

A la perte de son compagnon qui, le 4 avril 2010, est tombé à côté de leur fils et elle sur une plage de la mer du nord, victime d'un accident vasculaire cérébral, l’artiste, qui travaille depuis toujours le journal intime, le dessin, la photographie et le polaroïd, a endossé le double rôle de narratrice et héroïne d’une tragédie antique.

On entend l’implacable ciseau des Parques. Le bruit des vagues semble un murmure de choeur antique. On ressent la solitude brute des éléments, sur une plage digne de celle du Camus de l’Etranger, quand Meursault dit avoir « détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux ». Un vide accentué par cette damnée règle de la tragédie, l’unité de temps, de lieu et d’action.

Anne De Gelas raconte l’expérience du vide. Vide du corps disparu, de la présence disparue, de l’avenir disparu. Un vertige. Mais du fond de cet abîme, elle raconte également la force, la vie qui bouillonne, son corps en manque, son fils à préserver, aimer, choyer. Un vide créateur, qu’elle habite sans fausse pudeur, avec douceur et brutalité, sincérité et humour.

D’un amour à l’autre, d’un homme tant aimé à un fils chéri.
D’un couple à l’autre, une continuité de chair et d’amour.

L’exposition « L’amoureuse » comprend des éléments des séries « une journée (presque) parfaite » et « Mère et fils ».




Archive FranceFineArt.com

Redécouvrir l’article sur le livre  “L’Amoureuse” de Anne De Gelas aux Editions le caillou bleu :
http://www.francefineart.com/index.php/livres-a-litterature/36-livres-videos-cinema/livres/1200-017-livres-anne-de-gelas-l-amoureuse-017-livres-anne-de-gelas-l-amoureuse




Les textes des 2 séries présentées par Anne De Gelas :

«une journée (presque) … parfaite


T, mon amoureux, le père de mon fils, est décédé le 5 avril 2010 d'un accident vasculaire cérébral. Il est tombé à côté de nous sur une plage de la mer du nord.

La violence de sa mort m'a placé devant un grand vide... un silence qui résonnait dans ma tête auquel faisait écho un ciel bleu intense de l'absence d'avion du aux cendres d'un volcan en colère, ma colère.

Face à cette perte, je me suis enfoncée dans mon travail quotidien de journal intime que je poursuis depuis plus de 10 ans, en y inscrivant ma souffrance mais aussi ce trop plein de vie qui bouillait en moi. Cette expérience, aussi intime soit-elle, je la reconnaissais dans les mots des autres qui très vite m'ont approché pour parler de leur expérience de la mort et du deuil. Ces blessures difficiles à dire trouvent rarement un interlocuteur, cet échange si nécessaire pourtant, car un défunt reprend un peu vie au travers des paroles partagées.

Ce travail m’a permis de libérer la puissance de désir et la colère qui éclataient au creux de ce désespoir. Le deuil est une expérience de vie et d'amour que je raconte au plus près de tous ces aspects contradictoires : la douleur, la famille transformée, la solitude soudaine, la colère, le face à face avec ceux qui restent, le quotidien à affronter, le manque du corps, l’épuisement, les éclaircies, les changements, la résistance.

Très vite les autoportraits se sont imposés, autant par le besoin d’un regard sur moi, mon propre regard ou celui de l'appareil photographique qui tentait de remplacer celui de l'être aimé, que comme une preuve que je continuais à vivre. J’approche l’autoportrait comme un miroir d’une violence qui nous arrive. Mon travail traite également de la nouvelle relation qui c’est instauré entre mon fils et moi, une complicité autant qu’une confrontation, un rapport à la fois doux et violent.

Il s’agit certainement d’une démarche thérapeutique pour dépasser ma souffrance personnelle, une convalescence. Mon travail a toujours traité du quotidien des évènements simples et bouleversants que je voulais mettre en lumière, ce travail en est à la fois la poursuite et un arrêt violent. Mais comme je le désirais, après l’avoir exposé j’ai remarqué qu’il dépassait de loin ma petite histoire personnelle pour toucher les autres, aussi le sens même du deuil en était élargi.



Mère et Fils

Le travail « Mère et fils » est la suite de « une journée (presque) … parfaite », série devenue le livre « l’Amoureuse », sorti aux éditions du Caillou Bleu. Ce livre a pour thème un deuil. J’ai commencé ce travail suite au décès de mon compagnon, le père de mon fils.

Après le choc de sa mort, cette traversée du deuil, je me suis concentrée, pour le travail « Mère et fils », sur la nouvelle composition de ‘la famille’ rétrécie, sur ce face à face, ce lien particulier mais aussi la permanence de la féminité et du désir dans cette situation particulière du deuil, de la solitude dans ce couple mère-fils et du retour à la vie.

Au travers de mes images je veux mettre en évidence la complexité de la relation à mon fils, la complicité comme la violence, la solitude et la tendresse, la douleur vécue de manière si différente pour un fils/enfant ou une femme/amoureuse/mère et la vie qui se poursuit, les années qui passent et les changements physiques pour lui comme pour moi.

Ce thème du passage, pour l’un de l’enfance à l’adolescence, du détachement, de l’apprentissage de l’indépendance et du jugement. Et pour moi du chemin en âge, du vieillissement, des blessures qui s’inscrivent à même la peau, de ce droit à la transformation dans une société ou la femme à de moins en moins le droit de vieillir, d’être seule, d’être mère.

Dans mes photographies, les regards sont souvent dirigés vers le spectateur, l’emprisonnant dans un questionnement, un certain malaise, dans une situation d’intimité ou il pourrait avoir le rôle de l’absent.

Les prises de vue sont presque toutes effectuées au même endroit, dans la même pièce, dans la même lumière, une mise en place simple qui permet l’instantané. Revenant questionner la même solitude face à soi, à l’autre et à l’objectif.

Le traitement de l’image assez sévère, reste sobre et contrasté, les intérieurs et décors sont presque systématiquement éliminés. Il s’agit d’une série de portraits, autoportraits, portraits duo traitée de manière obsessionnelle, mettant en évidence les gestes qui appellent ou tentent d’apaiser, des objets empruntés à notre histoire commune. Les références à la peinture sont évidentes, aux primitifs flamands surtout, ‘Vierge à l’enfant’ et ‘Mater dolorosa’.

Les images sont en noir et blanc granuleux, je développe mes films moi-même, continuant à travailler en argentique ce qui souligne l’aspect intemporel et me permet d’agir sur la matière même de la pellicule, voire sur l’accident. Ces photographies révèlent une attente, une suspension, un questionnement, on pourrait dire « cela n’a pas été mais que va t’il se produire maintenant », les éléments textes/ photographies/dessins apportent un éclairage contrasté à cette question.