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“Florence Henri” Miroir des avant-gardes, 1927-1940
au Jeu de Paume, Paris

du 24 février au 17 mai 2015



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 23 février 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Florence Henri, Autoportrait, 1928, épreuve gélatino-argentique d'époque. 39,3 x 25,5 cm. Staatliche Museen zu Berlin, Kunstbibliothek. Florence Henri © Galleria Martini & Ronchetti.
2/  Florence Henri, Composition Nature morte, 1929, collage, épreuve gélatino-argentique découpée et collée sur papier. 12 x 14 cm. Collection particulière, courtesy Archives Florence Henri, Gênes. Florence Henri © Galleria Martini & Ronchetti.
3/  Florence Henri, Fenêtre, 1929, épreuve gélatino-argentique d'époque. 37,3 x 27,5 cm. Staatliche Museen zu Berlin, Kunstbibliothek. Florence Henri © Galleria Martini & Ronchetti.

 


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Interview de Cristina Zelich, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 février 2015, durée 12'33". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire de l’exposition : Cristina Zelich



Florence Henri (New York, 1893-Compiègne, 1982), artiste protéiforme, est d’abord connue pour sa peinture, avant de se faire une place incontestable dans le domaine de la photographie des avant-gardes entre la fin des années 1920 et le début des années 1940.

Après avoir vécu en Silésie, à Munich, Vienne, Rome et surtout Berlin, elle se fixe définitivement à Paris au milieu des années 1920, où elle se consacre pleinement à la photographie. Ce médium lui permet d’expérimenter de nouvelles relations à l’espace, notamment par l’introduction de miroirs et autres objets dans ses compositions.

Le Jeu de Paume présente un vaste panorama de la production photographique de Florence Henri qui, développée entre 1927 et 1940, comprend aussi bien ses autoportraits, compositions abstraites, portraits d’artistes, nus, photomontages, photocollages, que des photographies documentaires prises à Rome, à Paris et en Bretagne. L’exposition est constituée principalement de tirages d’époque ainsi que de quelques documents et publications.

Dans sa jeunesse, Florence Henri étudie la musique et la peinture en Angleterre et en Allemagne. En 1919, étudiante à l’Académie des beaux-arts de Berlin, elle rencontre l’écrivain et historien de l'art Carl Einstein et se lie d’amitié avec des artistes d’avant-garde, entre autres Jean Arp, Hans Richter, John Heartfield et Lázló Moholy- Nagy. Elle suit des cours au Bauhaus de Weimar auprès de Paul Klee et Wassily Kandinsky. En 1924, elle s’installe à Paris où elle fréquente l’Académie de Montparnasse, dirigée par André Lhote, puis l’Académie moderne fondée par Fernand Léger et Amédée Ozenfant. En 1927, après une visite au Bauhaus de Dessau, elle abandonne la peinture pour la photographie. C’est à cette époque qu’elle réalise ses fameux autoportraits au miroir et ses compositions de natures mortes, issues de ses premiers essais de recherche spatiale qu’elle mène à travers la photographie.

Entre la fin des années 1920 et le début des années 1930, ont lieu en Allemagne trois expositions mythiques de l’histoire de la photographie européenne qui permettent de rendre compte de l’essor des nouveaux concepts en photographie et de la rupture avec la tradition : « Fotografie der Gegenwart », au Museum Folkwang à Essen, en 1929, « Film und Foto » (« Fifo »), organisée la même année par le Deutscher Werkbund à Stuttgart – cette exposition est le point culminant du mouvement de la Nouvelle Vision (Das Neues Sehen), promu, entre autres, par László Moholy-Nagy –, et « Das Lichtbild » à Munich, en 1931, qui, quant à elle, consacre le triomphe de la Nouvelle Objectivité (Die Neue Sachlichkeit), représentée par Albert Renger-Patzsch.

Invitée à montrer un nombre important de tirages dans ces trois expositions, Florence Henri se voit ainsi reconnue pour sa production photographique au cours de cette période fondamentale où l’outil photographique sert à libérer la vision de l’homme et l’ouvre à de nouvelles expériences.

Le studio que Florence Henri ouvre à Paris en 1929, rivalise avec celui de Man Ray. Elle y donne des cours de photographie que fréquentent, entre autres, Lisette Model et Gisèle Freund. En dépit de la place centrale qu’occupe son oeuvre dans le milieu photographique des avant-gardes de la fin des années 1920 et de sa renommée comme portraitiste à Paris, et bien qu’elle ait publié ses photographies dans de nombreuses revues illustrées de l’époque – Arts et Métiers Graphiques, Lilliput, etc. –, l’oeuvre de Florence Henri demeure largement méconnue.

Ce commentaire de László Moholy-Nagy* illustre très clairement la position de Florence Henri : « Avec les photographies de Florence Henri, la pratique de la photographie aborde une nouvelle phase d’une toute autre ampleur que ce qu’il aurait été possible d’imaginer jusque ici. Au-delà de la composition documentaire, précise, exacte, des photographies définies à l’extrême, la recherche de l’effet de lumière est abordée non seulement dans les photogrammes abstraits, mais aussi dans les photographies de sujets concrets. Toute la problématique de la peinture manuelle est assumée dans le travail photographique et, à l’évidence, se trouve considérablement élargie par le nouvel instrument optique. En particulier les images réfléchies et les rapports spatiaux, les superpositions et les intersections qui sont explorés dans une perspective et avec un point de vue inédits. 

* László Moholy-Nagy, dans « Zu den Fotografien von Florence Henri », i10 n° 17-18, Amsterdam, 20 décembre 1928