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“Taryn Simon” Vues arrière, nébuleuse stellaire et le bureau de la propagande extérieure
au Jeu de Paume, Paris

du 24 février au 17 mai 2015



www.jeudepaume.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec la présence de l'artiste Taryn Simon, le 23 février 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Taryn Simon, Cutaways, 2012. Vidéo pour un écran, 3,04 minutes. Dimension variable. Courtesy de l’artiste © 2014 Taryn Simon.
2/  Taryn Simon, The Innocents, 2002. Tirage jet d’encre / 121,9 x 157,5 cm. Courtesy de l’artiste © 2014 Taryn Simon. Larry Mayes. Scène de l’arrestation, The Royal Inn, Gary, Indiana. La police a trouvé Larry Mayes caché sous le matelas de sa chambre d’hôtel. Incarcéré 18,5 ans à la suite d’une condamnation à 80 ans de prison pour viol et vol.
3/  Taryn Simon, An American Index of the Hidden and Unfamiliar, 2007. Tirage chromogène / 94,6 x 113,7 cm avec cadre. Courtesy de l’artiste © 2014 Taryn Simon. White Tiger (Kenny), Selective Inbreeding. Turpentine Creek Wildlife Refuge and Foundation. Eureka Springs, Arkansas.

 


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Interview de Ami Barak, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 février 2015, durée 12'07". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Ami Barak



Taryn Simon (née en 1975) élabore depuis plusieurs années une oeuvre ambitieuse, résultat d’un processus de recherche et d’investigation aussi discret que rigoureux. Ses pièces mélangent photographie, texte et graphisme dans le cadre de projets conceptuels qui traitent de la production et de la circulation de la pensée comme des politiques de représentation. Taryn Simon examine la structure et le poids du secret ainsi que la précarité des mécanismes de survie.

L’exposition au Jeu de Paume présente un ensemble d’oeuvres réalisées par Taryn Simon depuis 2000.

Sa série la plus ancienne, The Innocents, documente plusieurs cas de condamnations illégitimes aux États-Unis et pose la question de la crédibilité de la photographie en tant que témoin et arbitre de justice. Elle met de plus en évidence la faculté de cette technique à brouiller la frontière entre vérité et fiction, une ambiguïté qui peut avoir des conséquences graves, et parfois même fatales.

Dans An American Index of the Hidden and Unfamiliar, Taryn Simon établit l’inventaire de ce qui demeure caché et soustrait au regard à l’intérieur des frontières des États-Unis. Elle se livre à l’examen d’une culture au moyen d’exemples tirés des domaines de la science, de l’organisation étatique, de la médecine, du divertissement, de la nature, de la sécurité et de la religion. Pour reprendre ses termes, ce travail « découvre le fossé entre les individus auxquels l’accès au savoir est accordé et le reste de la population ». Éléments constitutifs aussi bien des fondations, de la mythologie que du fonctionnement quotidien de l’Amérique, les objets, les lieux et les espaces répertoriés par l’artiste demeurent néanmoins inaccessibles, ou inconnus.

Contraband dresse l’inventaire des articles saisis par les douaniers américains à l’aéroport international John F. Kennedy de New York. Taryn Simon a passé cinq jours et quatre nuits sur place pour photographier en continu 1 075 objets interdits d’entrée aux États-Unis, à propos desquels elle a également rassemblé des informations. La méthode de classement de ces images évoque celle d’une collection entomologique : dans leurs boîtes de plexiglas, elles constituent une archive des perceptions du danger et des désirs à l’échelle mondiale.

A Living Man Declared Dead and Other Chapters I – XVIII est le résultat de quatre années de recherche (2008-2011) durant lesquelles Taryn Simon a voyagé à travers le monde pour recueillir les histoires associées à différentes lignées. Dans chacun des dix-huit « chapitres » qui composent l’oeuvre, des forces extérieures, liées à des questions de territoire, de pouvoir, de circonstances, ou de religion, se heurtent à celles, intérieures, des héritages physiques et psychologiques. Parmi les sujets abordés se trouvent des victimes du génocide en Bosnie, des lapins de clapier infectés par un virus mortel en Australie, la première femme à avoir détourné un avion, et les paysans dépossédés de leur terre en Inde. À la fois cohérente et arbitraire, la collecte de Taryn Simon dresse une cartographie des rapports entre le hasard, les liens du sang et d’autres facteurs de la destinée.

The Picture Collection (2013) prend comme sujet les archives d’images de la Bibliothèque publique de New York, où sont conservés 1,2 million de tirages, de cartes postales, d’affiches et d’images imprimées. Organisée selon un système de catalogage complexe de plus de 12 000 rubriques, il s’agit de la plus grande bibliothèque iconographique de prêt au monde. Depuis sa création en 1915, la Picture Collection est une ressource importante pour les écrivains, les historiens, les artistes, les cinéastes, les stylistes et les agences de publicité. Dans cette oeuvre, Taryn Simon met en évidence le besoin irrépressible d’archiver et d’organiser les informations visuelles, et attire l’attention sur les mains invisibles à l’origine de systèmes de collecte apparemment neutres. Elle voit dans cette immense archive un précurseur des moteurs de recherche sur Internet.

Les vidéos de l’artiste seront également exposées. La première, Explosive Warhead (2007) montre le test d’un missile MK-84 IM (Insensitive Munition) réalisé au Centre d’armement de la Base aérienne d’Englin en Floride. Ce centre est responsable du développement, de l’expérimentation et du déploiement de toutes les armes aéroportées conçues aux États-Unis. Ces images ont été filmées au moyen d’un séquenceur à distance qui a fait exploser le missile depuis un bunker de contrôle. La deuxième, Cutaways (2012), est empreinte d’absurdité ; elle témoigne en effet d’un épisode kafkaïen lors duquel les deux présentateurs qui venaient d’interviewer Taryn Simon pour l’émission Prime Time Russia, un programme de la chaîne d’information Russia Today, lui ont demandé de rester assise en silence et de les fixer du regard tandis que les caméra enregistraient ces images, destinées à servir de plans de coupe au moment du montage. Dans la dernière vidéo, The Innocents, son film le plus ancien, elle interroge les sujets de ses photographies sur le processus des identifications erronées dont ils ont été victimes.

Le travail de Taryn Simon a fait l’objet d’expositions monographiques au Folkwang Museum d’Essen et à l’Ullens Center for Contemporary Art de Pékin (2013-2014) ; au MoMA de New York (2012) ; à la Tate Modern de Londres (2011) ; à la Neue National galerie de Berlin (2011) au Whitney Museum of American Art de New York (2007) ; au Museum für Moderne Kunst de Francfort (2008) ; au Kunst-Werke Institute for Contemporary Art de Berlin (2004) ; ainsi qu’au PS1 Contemporary Art Center de New York (2003).

Taryn Simon est diplômée de la Brown University (Providence, Rhode Island) et lauréate de la bourse Guggenheim. Plusieurs livres ont déjà été consacrés à l’ensemble de son oeuvre, présentée à la lumière d’essais critiques rédigés notamment par Salman Rushdie, Homi K. Bhabha ou Hans Ulrich Obrist.