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“Les chasses nouvelles” Jean-Baptiste Oudry et Julien Salaud
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris

du 24 février au 15 juin 2015



www.chassenature.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec l'artiste Julien Salaud, le 23 février 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Julien Salaud, Nouvelles chasses, 2014. Dessin © Julien Salaud.
2/  Julien Salaud, Printemps (nymphe de cerf), 2013. Taxidermie de cerf élaphe, fil de nylon, perles de rocailles, clou, bois. © Julien Salaud - Galerie Suzanne Tarasieve.
3/  Julien Salaud, Guerrier faisanglier, détail, 2012. Trophée de sanglier, peau et plumes de faisan, clous, colle. © Julien Salaud - Galerie Suzanne Tarasieve.

 


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Interview de Julien Salaud,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 23 février 2015, durée 8'32". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée de la Chasse et de la Nature



Entre l’art de la tapisserie, tel que le pratiquaient les lissiers de la manufacture royale de Beauvais, l’art contemporain et la taxidermie, le dialogue est-il possible ? C’est l’enjeu que s’est fixé le musée de la Chasse et de la Nature avec Les Chasses nouvelles.

En 2013, le musée de la Chasse et de la Nature a acquis quatre exceptionnelles tapisseries de la tenture des Chasses nouvelles de Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Après restauration, elles seront présentées avec une série d’oeuvres – pour l’essentiel inédites – du plasticien Julien Salaud (né en 1977).

L’art animalier d’Oudry est particulièrement bien représenté dans la collection du musée de la Chasse et de la Nature qui conserve également treize dessins et peintures. Le précieux tissage qui sera exposé est un présent de Louis XV à son garde des Sceaux, Germain Louis Chauvelin, marquis de Grosbois (1685-1762). Conservées en mains privées depuis le XVIIIe siècle, les tapisseries – actuellement en cours de restauration – seront présentées pour la première fois au public.

Ces quatre pièces en laine et soie ont été réalisées à la manufacture de Beauvais en 1728. Elles appartiennent à une tenture qui en comporte six (manquent Le Daim et Le Limier). De vastes compositions mettent en scène l’action cynégétique, associant chasseurs, chevaux, chiens et gibier au coeur de paysages accidentés et de frondaisons. Des bordures fleurdelisées, agrémentées d’écoinçons et des armes du récipiendaire confirment l’origine du tissage. En raison de leur thématique (Le Loup, Le Renard, Le Sanglier et Le Cerf), elles seront mises en perspective avec deux autres tapisseries, également tissées à Beauvais, issues de la série des Petites chasses et verdures, illustrant des scènes de fauconnerie et de chasse au sanglier. Les six oeuvres exposées appartiennent à la collection de tapisseries du musée de la Chasse et de la Nature qui comporte quarante pièces.

Le fil et le gibier sont deux thématiques essentielles du travail du plasticien Julien Salaud. 17 oeuvres – dont 16 produites spécialement pour l’exposition – dialogueront avec Les Chasses nouvelles et cette évocation de l’art des lissiers au XVIIIe siècle. Le très spectaculaire Printemps (2013), taxidermie de cerf élaphe rebrodée de perles aux bois enchevêtrés dans une résille de fil de nylon et de perles de rocailles accueillera le visiteur. Le sujet des autres tapisseries de la suite constituera le fil conducteur des oeuvres crées pour la circonstance…




A voir également


Pierre Abensur : Trophées subjectifs


Pierre Abensur, photographe et reporter, poursuit depuis plusieurs années sa série de Trophées subjectifs. Pour cela, il parcourt le monde (Suisse, Mongolie, Argentine ou Finlande) à la rencontre de chasseurs qu’il photographie selon le même procédé de composition : le modèle est figuré en pleine nature avec l’un de ses trophées de chasse.

À première vue, la photographie semble résumer l’action de chasse en réunissant le prédateur, la proie et le territoire. Mais, le caractère étudié de la pose, l’aspect artificiel de l’animal naturalisé, introduisent une singulière distance. Ils confèrent à l’image une dimension fictionnelle.

Ces photographies révèlent la nature ambigüe de la relation entre le chasseur et son trophée. L’homme tuerait-il pour s’assurer la possession d’un être que seule la mort peut transformer en avoir ? Drame intemporel où seuls changent les acteurs et le décor. Est-ce que toute l’action de chasse ne se déroulerait pas dans un théâtre intérieur où le gibier, la lande ou la forêt viendraient jouer le rôle du sauvage ? Où la poursuite de l’animal se substituerait à une sorte de quête amoureuse ?


Lina Ringeliene : Gelmių strukturos

En écho à l’exposition Miniartextil – Art textile contemporain présentée au Beffroi de Montrouge du 27 février au 22 mars 2015, le musée de la Chasse et de la Nature présente un ensemble d’oeuvres de l’artiste lituanienne Lina Ringeliene.

Pour assembler ses « structures des profondeurs », elle mobilise des matériaux organiques ou minéraux. Pierres de lave arrachées aux couches sédimentaires, squelettes de poissons et de crustacés débusqués au fond des océans, viscères prélevés directement sur des animaux, s’assemblent en des compositions délicatement surréalistes.

Les intestins des grands mammifères marins sont traditionnellement utilisés par certains peuples arctiques pour confectionner des vêtements. Lina Ringeliene s’inspire de ces textiles inattendus pour façonner de fragiles cocons ou des structures alvéolaires qui évoquent, pour certaines, les fraises si caractéristiques du vestiaire européen de l’époque moderne.


Claire Morgan : The Gathering dusk

Dans de spectaculaires installations, l’artiste irlandaise Claire Morgan associe les animaux naturalisés à des structures géométriques. Ces dernières sont réalisées dans des matériaux extrêmement légers qui leur confèrent un aspect arachnéen : mouches suspendues à des fils, graines de pissenlits, débris divers flottent dans l’air et composent des plans d’une rigueur parfaite. L’association de ces formes abstraites et des animaux qui gardent l’apparence de la vie suggère l’idée d’un fragment de nature arraché au temps et à l’espace en une sorte « d’arrêt sur image ». La puissance poétique des oeuvres ainsi produites les apparente aux Vanités.

Au musée de la Chasse et de la Nature, l’artiste investit la Salle du cerf et du loup. Inversant le sens de ses compositions habituelles, The Gathering dusk prend appui sur la présence physique des animaux provenant des collections permanentes . Au sein du réseau de particules créé par Claire Morgan, le spectateur peut éprouver une émotion analogue à celle du surgissement du gibier.


Yury Toroptsov / Deleted scene : des traces en Taiga

Avec Deleted scene, le photographe Yury Toroptsov s’intéresse aux liens entre la chasse et la photographie dont – notamment – un vocabulaire commun rend compte. S’étant donné pour mission de photographier l’invisible, il présente au musée de la Chasse et de la Nature une singulière histoire de traque où les voies s’entremêlent et forment un labyrinthe complexe.

Dans ce parcours à la fois introspectif et initiatique, la quête du père trop tôt disparu croise celle du cinéaste japonais Akira Kurozawa (1910-1998) venu en 1974 retrouver – pour le tournage de son film – le lieu même où vécut le chasseur Dersou Ouzala. Dersou Ouzala est le héros du récit autobiographique éponyme publié en 1921 par l’officier-topographe russe Vladimir Arseniev (1872-1930), envoyé en mission à la frontière chinoise pour le compte de l’armée impériale russe. La quête de Toropstov est aussi celle du tigre, signe du destin, à la fois chasseur et chassé. Documents d’archives, photographies anciennes, vues de la taïga intemporelle ou de la Sibérie contemporaine sont agencés comme les éléments d’une narration. Ils invitent le spectateur à se perdre et le chasseur à poursuivre son inlassable quête.