contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Archipel Secret” article 1586
au Palais de Tokyo, Paris

du 27 mars au 17 mai 2015



www.palaisdetokyo.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 26 mars 2015.

1586_Archipel1586_Archipel1586_Archipel

Légendes de gauche à droite :
1/  Kawayan de Guia, Liberty, 2014-2015, dimensions variables.
2/  ISE (Roslisham Ismail), chronological (création en cours), 2015. Matériaux mixtes, dimensions variables. Courtesy de l’artiste.
3/  Zaki Razak, The King Who Has No Clothes, 2015, Fusain sur papier, 29.7 × 21 cm. Illustration par Abdul Rashid Gapur.

 


1586_Archipel audio
Interview de Khairuddin Hori, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 26 mars 2015, durée 11'00". © FranceFineArt.
(avec l'aimable traduction de Adelaïde Blanc)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire : Khairuddin Hori, directeur adjoint de la programmation du Palais de Tokyo.



L’exposition Archipel secret propose une rencontre avec la création contemporaine de l’Asie du Sud-Est, une région en transformation, dont les artistes, enracinés dans des traditions millénaires sont aussi, simultanément, plongés dans l’ultra contemporain.

L’exposition explore, au travers d’une quarantaine d’oeuvres en majorité conçues pour l’occasion, les idées et les pratiques d’artistes contemporains originaires d’Asie du Sud-Est, qui n’ont pour la plupart encore jamais été montrés au-delà des frontières de leur pays d’origine. Si de plus en plus d’artistes originaires de cette région apparaissent aujourd’hui au sein des grands événements internationaux de l’art contemporain, le parti pris de cette exposition est de présenter des artistes restés secrets et dans l’ombre des radars du monde de l’art international.

Leurs oeuvres témoignent d’un étirement entre passé et futur, et incarnent une tension féconde entre mémoire et tradition d’une part, et influences contemporaines occidentales d’autre part, tout en apportant à l’art d’aujourd’hui des langages particuliers.

Bien que la plupart des artistes aient été initiés à l’art occidental, leurs sensibilités appartiennent à un héritage vernaculaire et se nourrissent de pratiques syncrétiques spirituelles et culturelles. L’exposition reflète cette porosité entre les cultures à l’échelle de l’archipel, ce palimpseste entre les époques, ces passerelles entre les influences spirituelles.

Pluridisciplinaire, l’exposition sera composée d’installations, de vidéos, de sculptures, d’œuvres sonores, mais aussi de performances qui se tiendront de façon aléatoire au coeur de l’espace de l’exposition.

Entrer dans le paysage de l’exposition Archipel secret invite à se défaire d’un regard et d’une lecture occidentale de l’art et à découvrir un langage, des codes et des expressions culturelles largement méconnus.

L’exposition Archipel secret est présentée par le Palais de Tokyo en collaboration par le National Heritage Board (Singapour), dans le cadre de Singapour en France – le festival (26.03 2015 –30.06 2015).

A l’occasion du vernissage de l’exposition et du lancement de Singapour en France - le festival, The Incredible Adventures of Border-Crossers, une performance de Ong Keng Sen, aura lieu les 26 et 27 mars.




Présentation par le commissaire Khairuddin Hori (traduit de l’anglais)

Issus des marges, trente-cinq artistes d’Asie du Sud-Est ont été invités à faire jaillir l’essence de cet archipel. Les sentiments nationalistes sont ici temporairement mis de côté au profit de l’affirmation d’une identité commune.

Ici, tel un lieu des origines, des histoires et des cultures collectives, l’archipel ouvre ses méandres et ses chemins à qui veut bien le redécouvrir et le réexaminer.

La grande fosse de l’archipel malais, aujourd’hui connue sous le nom d’Asie du Sud-Est, est tissée de multiples formes et positions esthétiques, culturelles et intellectuelles, héritées d’une histoire de confrontations au commerce, aux systèmes de croyances, aux dynasties aristocratiques et aux incursions coloniales. Convoité pour ses ressources naturelles – l’étain, le caoutchouc, les épices et des denrées telles que le poivre, le sucre et le café – l’archipel fut aussi considéré comme un foyer d’érudition et d’introspection spirituelle.

Atisia Dipamkara Srijñana, le maître et auteur vénéré du texte bouddhiste fondateur La lumière de la Voie vers l’Éveil, chemina jusqu’à ce qui était alors connu sous le nom de Suvarna-dvipa (l’Île d’Or), Sumatra en Indonésie, pour suivre l’enseignement du maître spirituel Dharmakirti. C’est au XIe siècle, au cours de ce pèlerinage avec un groupe de cent vingt-cinq autres moines indiens, qu’Atisa, né prince à Bangala, en Inde orientale, arriva dans l’archipel qu’il ne quitta que douze ans plus tard.

Alors qu’aujourd’hui encore l’essentiel de la région reste entourée de mystère, les pratiques de ses artistes ont pris une ampleur internationale considérable. L’artiste thaïlandais Rirkrit Tiravanija, dont la pratique forme une partie importante du discours de l’esthétique relationnelle, est loin d’être un étranger pour le monde de l’art. L’Indonésien Eko Nugroho, le Malaisien Shooshie Sulaiman et le Singapourien Ming Wong font eux aussi partie de ceux dont les apparitions dans les biennales, triennales, grandes expositions internationales ainsi que dans les collections muséales, ont été repérées. S’il est courant de voir apparaître un nombre croissant d’oeuvres d’art des artistes de la région dans de grands événements internationaux, voire dans des ventes aux enchères, il ne faut pas oublier que ces artistes ne viennent pas de nulle part.

Presque toujours, derrière l’éclat de leur présence internationale, se trouvent des artistes, certains plus obscurs et « moins séduisants ». Novateurs, audacieux, réfléchis et influents, les artistes et leurs activités au sein de ces courants sous-jacents, « secrets » et marginaux, sont en réalité de puissantes locomotives qui alimentent des dialogues et repoussent les limites.

Les oeuvres produites sont souvent aussi éphémères que viscérales, et conçues pour produire des idées profondes et fortes, envoyer des messages urgents et servir de vecteurs d’introspection. La destruction des structures traditionnelles est monnaie courante ici ; les sensibilités traditionnelles et ethniques sont utilisées mais avec une prudence calculée. Ces artistes sont à la fois politiques et chamaniques.