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“L'esprit et la main” Héritage et savoir-faire des ateliers du Mobilier national
à la Galerie des Gobelins, Paris

du 27 mars 2015 au 13 décembre 2015



www.mobiliernational.culture.gouv.fr/

 

© Anne-Frédérique Fer, premier jour d'ouverture, le 27 mars 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Atelier de menuiserie en sièges. © Vincent Leroux.
2/  Atelier de restauration de tapisseries. © Vincent Leroux.
3/  Mobilier national, réserves de matières premières textiles. © Vincent Leroux.

 


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Interview de Christiane Naffah-Bayle et Jehanne Lazaj, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 27 mars 2015, durée 11'34". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire général : Christiane Naffah-Bayle, Conservateur général du Patrimoine,
Directeur des collections du Mobilier national
Commissaire : Jehanne Lazaj, Conservateur du Patrimoine, Inspecteur des collections au Mobilier national
Conseiller : Sylvie Desrondaux, Chef du service des travaux de restauration au Mobilier national



Pour la première fois, le Mobilier national présente une exposition relative à ses ateliers de restauration, inaugurée dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d'Art.



Des missions riches et plurielles

L'exposition propose une percée dans les coulisses d'une institution séculaire, le Garde-Meuble royal, impérial et républicain. Celui-ci, aujourd'hui nommé Mobilier national, pourvoit à l'ameublement et pour partie, au décor des palais de la République comme par exemple, le palais de l'Élysée, l'hôtel de Matignon ou encore le Sénat. Dans le cadre d'expositions temporaires, françaises et internationales, ou de dépôts d’oeuvres au sein des musées et châteaux ouverts à la visite, il donne, aussi, à voir ses collections riches de plus de 100 000 objets.
Pour l'entretien de l'ensemble de ses collections, il dispose de sept ateliers de restauration qui sont à la fois garants de pratiques ancestrales et creusets d'innovations.
Ce sont les ateliers d'ébénisterie, de menuiserie en sièges, de lustrerie-bronze, de tapisserie d'ameublement (garniture de sièges), de tapisserie décor (décors textiles), de restauration de tapis et tapisseries.


Donner à voir le geste

L'exposition propose une reconstitution des ateliers de restauration du Mobilier national, espaces si particuliers et toujours fermés au public. Elle décrypte non seulement l'éthique qui anime chaque jour ces femmes et ces hommes dans leur rapport à la matière, mais aussi leur savoir-faire d'excellence face aux objets patrimoniaux, qu'ils soient anciens ou contemporains. Ces derniers ont accompagné les grands moments de l'histoire de France et donnent, encore aujourd'hui, un cadre au pouvoir politique et à la République.

Des restaurations exemplaires sont présentées, évoquant la double approche des ateliers, selon l’usage des collections : muséale ou liée à un ameublement de confort.

Toutes les palettes d'un même métier démontrent la multiplicité des regards que peut susciter un objet selon sa matérialité et son histoire.

Enfin, les formations dispensées au Mobilier national sont également évoquées pour, peut-être, faire naître des vocations afin que les métiers d'hier continuent d'être les métiers de demain.

Le visiteur est invité à se familiariser avec le geste, sa justesse, son apprentissage et sa perpétuation. Au sein des ateliers du Mobilier national, telle une démarche Slow Made, l'esprit et la main dialoguent pour lier tradition et virtuosité à la créativité technique et à la création artistique.


Du Garde-Meuble de la couronne au Mobilier national : meubler, conserver, restaurer

Au XIIIe siècle, un service spécial de l’Hostel du Roy responsable de l’inventaire des meubles et objets de la Couronne, de leur transport et leur entretien, reçoit la charge globale de pourvoir en meubles le Roi, la famille royale et les « serviteurs du Roi » au rang desquels figuraient les ministres. L'installation et les lourdes dépenses de confection de nouvelles pièces, en fonction des besoins et des évolutions du goût et des styles, lui étaient confiées.
Créé par Henri IV en 1604, le Garde-Meuble de la Couronne est réorganisé administrativement en 1663 par Louis XIV, soucieux de magnificence, et Colbert, attentif à la gestion patrimoniale. Il est placé sous l'autorité du « Contrôleur général des meubles de la Couronne » dont le premier en titre est Gédéon Berbier du Mets. Le Garde-Meuble soutient l’activité des ébénistes et bronziers, menuisiers, sculpteurs et doreurs, lissiers et tapissiers, jouant un rôle majeur dans le domaine de la création.

Le Garde-Meuble de la Couronne doit changer plusieurs fois d'implantation. En 1771, Ange-Jacques Gabriel conçoit un ensemble architectural en bordure nord de la place Louis XV (aujourd'hui place de la Concorde), dont l'un des bâtiments est dédié au Garde-Meuble qui s'y installe en 1774. Le Roi ayant approuvé le principe de montrer les pièces les plus prestigieuses, les galeries du Garde-Meuble de la Couronne sont finalement ouvertes au public (1777) tous les premiers mardis de chaque mois entre Pâques et la Toussaint, devenant ainsi le premier musée parisien des arts décoratifs.

Cette installation prestigieuse est de courte durée. Après le pillage des débuts de la Révolution, l’administration de la Marine s’installe dès 1789, dans les lieux. Le Garde-Meuble est supprimé un temps, puis réhabilité. Le 19 février 1800, le service prend le nom de Garde-Meuble de la Maison du Premier Consul. L'article qui proclame Bonaparte « Empereur des Français » le 18 mai 1804, attribue au souverain la même liste civile que celle de Louis XVI, à laquelle s'ajoutent ensuite, des palais étrangers, fruits des différentes conquêtes. Napoléon initie très tôt, une politique de remeublement des palais d'Ancien régime que sont les châteaux de Fontainebleau, Rambouillet, Compiègne, Versailles et Saint-Cloud. Il organise alors le Garde-Meuble impérial dépendant de la Maison de l'Empereur. Stendhal, nommé auditeur au Conseil d’État devient un des premiers inspecteurs du Mobilier impérial.

L'institution continue cependant à vagabonder d'un site à un autre. Elle est un temps fixée au quai d'Orsay. Il faut attendre sa fusion avec les Manufactures de tapisserie et de tapis pour la voir s'installer en 1937 dans un bâtiment qui lui est entièrement dédié, dessiné par les frères Perret. Appelée alors Mobilier national, elle perpétue sa mission de fabriquer, d’entretenir et de fournir ameublements et ornements aux lieux de pouvoir, devenus les hauts lieux de la République.


Les ateliers de restauration du Mobilier national : restaurer, pour qui ? Pour quoi ? Comment ?

Selon que le meuble à restaurer est utilisé pour l’ameublement des services et résidences du pouvoir ou pour une présentation muséographique permanente ou temporaire, le protocole de restauration diffère.

Dans un cas d’usure, après avoir servi au sein des palais de la République et des administrations, les notions de solidité sont privilégiées. La reconstitution des parties manquantes et parfois le remplacement de la partie défectueuse par des matériaux plus récents sont réalisés ; le meuble doit pouvoir être réutilisé. En revanche, pour des présentations muséales, une restauration conservatoire, respecte les matériaux originaux. Notamment, les pièces usées ne sont pas remplacées mais stabilisées.

Les techniciens d'art et chefs de travaux d'art, qui restaurent et mettent leur dextérité au service des collections du Mobilier national, sont animés par une déontologie adaptée à chaque objet, selon sa matérialité, son histoire et sa valeur patrimoniale. Ils utilisent des matières premières anciennes ou innovantes. Ils savent s'adapter aux exigences contemporaines, soit à de nouvelles pratiques professionnelles, soit à un nouvel usage des objets. Les différentes palettes d'un même métier répondent à la multiplicité des regards que peut susciter un bien culturel. Les restaurateurs sont non seulement les maîtres d'un geste qui se transmet mais aussi les maillons d'une chaîne professionnelle où la conservation et la diffusion sont les maîtres-mots.

Les ateliers du Mobilier national sont encadrés par un chef des travaux placé sous l’autorité du directeur des collections. Les décisions de restaurations sont prises de manière collégiale avec les inspecteurs du Mobilier national, responsables de collections. Des échanges se tissent entre corps de métiers comme entre ateliers internes et externes dans un dialogue continu où histoire, techniques, matériaux et savoir-faire sont au centre des débats.

Chaque année, près de 1500 objets sont traités par les sept ateliers d'ébénisterie, de menuiserie en sièges, de tapisserie d'ameublement et de tapisserie décor, de restauration de tapis et de tapisseries ainsi que de lustrerie bronze. Parallèlement, les ateliers constituent un conservatoire vivant des métiers d’art où se transmettent connaissances techniques et empiriques entre les différentes générations de techniciens d’art.