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“Jean Paul Gaultier” article 1590
au Grand Palais, Paris

du 1er avril au 3 août 2015



www.grandpalais.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 30 mars 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Nicolas Ruel, Collection L’Homme moderne Prêt-à-porter, Homme automne-hiver 1996-1997. © Nicolas Ruel.
2/  Paolo Roversi, Kristen McMenamy, rue de la Goutte d’Or, Paris,1994. Collection French Cancan, Prêt-à-porter Femme, automne-hiver, 1991-1992. © Paolo Roversi.
3/  Peter Lindbergh, Jean Paul Gaultier, 2005. © Peter Lindbergh.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Après avoir voyagé de par le monde, l’exposition « Jean-Paul Gaultier » arrive au Grand Palais. Conçue comme une véritable nouvelle collection par le couturier, elle dévoile l’audace et la liberté créatrice de cet « enfant terrible de la mode » dans un déploiement merveilleux et festif de tissus chatoyants.


Élégance provocante

Jean-Paul Gaultier, voilà un nom qui porte à lui seul tout un univers coloré où se mêle l’audace la plus folle aux inspirations les plus éclectiques. En 8 sections thématiques et 175 modèles, l’exposition explore l’immense créativité du couturier, son originalité, mais aussi et surtout sa générosité et son humanité. S’ouvrant sur sa toute première création, l’aérienne robe « Sainte Nitouche » (1971) et son bleu céleste, elle donne littéralement vie à ces tenues, non pas chastement protégées par des cages de verre mais portées par des mannequins, certains au visage animé, afin que l’on puisse admirer les mélanges de matières, du tissu le plus noble aux matériaux les plus surprenants. Car le génie de Jean-Paul Gaultier repose dans l’alliance et le jeu entre l’élégance et le raffinement le plus pur et la folie festive d’un certain mauvais goût coloré et provocateur qui s’assume comme tel. Difficile ainsi de ne pas s’émerveiller devant la chatoyante collection Les Sirènes, qui semble tout droit sortie d’un rêve avec ses tenues en crêpe et en dentelle ornées de coquillages et de paillettes dorées qui réfléchissent la lumière. Plus loin, c’est au tour de la robe « Les Mots de Paris » (2000-2001), en tulle noire et satin poudré, d’attirer notre regard. Alors même que se dressent à ses côtés la provocatrice « Si tu penses que ça va durer toujours » (1982-1983), avec son tricot de laine gris et ses chaussettes et sa jarretière apparente d’un rouge éclatant, ou le tartan jaune et noir et le cuir d’une collection londonienne et délicieusement punk…

Impossible en effet de ne pas s’étonner devant le grand écart que Jean-Paul Gaultier semble opérer entre chacune de ses créations. Et ouvert à toutes les expérimentations, il n’hésite pas à utiliser des matériaux que l’on ne penserait pas retrouver sur les podiums. La robe « Sac poubelle » (1980-1981) combine la matière de son nom à des bijoux réalisés avec des boîtes de conserve pour un résultat résolument déconstruit et surprenant. Il anoblit le jean, le transformant en fantastique robe du soir, telle « L’Écume des jours » (1999), ce magnifique fourreau-bustier aux teintes délavées qui s’achève sur un déploiement de plumes d’autruche blanche. L’audace du couturier se révèle aussi dans l’alliance des genres, entre un perfecto de cuir à l’aspect fatigué et un vaporeux jupon de tulle blanc, et dans la folle liberté créatrice qui lui fait puiser dans les cultures du monde. Impossible ainsi de ne pas être fasciné par cette impressionnante robe du soir en taffetas dont les broderies de tubes et de perles représentent la peau d’un léopard, ou par la tenue « camouflage » « Dubar » (2006) et ses teintes beige, verte et rouge.


Des classiques à la scène

Sa créativité, Jean-Paul Gaultier l’utilise aussi pour revisiter certains classiques de la mode, parfois les modernisant, parfois les déclinant en multiples modèles. Ainsi en va-t-il du corset qui, de carcan, devient le symbole de la sensualité et de la puissance de la femme. Il le décline en tulle dans des tons rosés et qui se fleurit de délicates ornementations en forme d’épis de blé ou en satin et en dentelle de couleur chair qui adoucissent les contours d’une cotte de maille. Il le transforme aussi en robe, l’habillant de satin pétale de rose et de tulle invisible, pour un résultat à la fois sensuel et élégant (« Kamasutra », 2013). Mais une exposition Jean-Paul Gaultier ne peut pas non plus se passer de la célèbre marinière et de ses rayures, sa célèbre marque de fabrique, dont il multiplie les usages. De son motif simple, il fait de longues robes à fourreau qui dévoilent timidement les épaules ou qui s’évasent dans une explosion de plumes blanches, mais aussi des pantalons larges qui reprennent la coupe des vêtements portés par les marins. Il revisite aussi les codes de la mode et des genres en réalisant des silhouettes androgynes et, surtout, en imaginant pour les hommes de longues jupes qui, comme si cela ne suffisait pas, arborent des motifs parfois tape-à-l’œil (« Queen », 2014-2015 et sa longue jupe affichant les couleurs du Royaume-Uni).

Mais la carrière de Jean-Paul Gaultier est aussi rythmée par ses nombreuses collaborations, aussi bien au théâtre, au cinéma que sur les scènes de concert. Et quelle preuve plus flagrante que ce faux défilé que représente la section « Punk CanCan » où se succèdent dans une joyeuse mise en scène les muses qui l’ont inspirées. On reconnaît ainsi Amy Winehouse à sa haute coiffure et à sa tenue toute de noir et blanc ou encore Catherine Deneuve, le mannequin qui la personnifie s’enroulant dans un élégant manteau en soie laquée noire aux légers volants de tulle. Loin de l’élégance raffinée de ces spectatrices prestigieuses, les tenues de scènes des chanteuses qui ont fait appel à sa créativité osent aussi l’originalité. Les simples chemise blanche et pantalon noir du costume porté par Madonna lors de son Confession Tour (2006) sont bouleversés par l’ajout d’un corset cage en cuir aux seins coniques. L’inspiration bondage laisse ensuite la place à la fantaisie et aux couleurs afin d’être remplacée par un body-corset lamé brillant adoucit par un manteau de tulle et de plumes d’autruche où se mêlent le rose et le bleu, ou par la coupe très graphique d’une robe en soie ornée de rubans brodés portée par Mylène Farmer lors de son Timeless Tour (2013). Couturier avant-gardiste, Jean-Paul Gaultier ne met certes aucun frein à son imagination pour offrir toujours une mode décomplexée et joyeuse qui n’établit aucune discrimination.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissaire de l’exposition : Thierry-Maxime Loriot
scénographie originale : Agence Projectiles ; adaptation à Paris : Sandra Gagné, Musée des beaux-arts de Montréa
maîtrise d’oeuvre : Atelier Jodar Architecture
coiffures et perruques : Odile Gilbert, L’Atelier (68), Paris avec la collaboration exceptionnelle pour Paris de Jurgen Bey (Makkink & Bey), Moment Factory ainsi que Lucie& Simon
mannequins : Jolicoeur International


Cette exposition a été initiée et mise en tournée par le Musée des beaux-arts de Montréal (directrice et conservatrice en chef : Nathalie Bondil)





Cette première exposition consacrée au couturier français Jean Paul Gaultier, a déjà conquis près d’un million et demi de visiteurs depuis Montréal, où elle a été créée en 2011, Dallas, San Francisco, Madrid, Rotterdam, Stockholm, New York, Londres et jusqu’à Melbourne. Pour sa dixième étape, l’exposition s’enrichit d’installations spécialement conçues pour Paris.

Jean Paul Gaultier débute avec le prêt-à-porter en 1976 avant de fonder sa maison de haute couture en 1997. Surnommé « l’enfant terrible de la mode » par la presse dès ses premiers défilés dans les années 1970, il est incontestablement l’un des créateurs les plus importants de ces dernières décennies.

Sa mode avant-gardiste a saisi très tôt les préoccupations et les enjeux d’une société multiculturelle, bousculant avec humour les codes sociologiques et esthétiques établis. Au-delà de la virtuosité technique résultant de l’exceptionnel savoir-faire des différents métiers de la haute couture, d’une imagination débridée et de collaborations artistiques historiques, il offre une vision ouverte de la société, un monde de folie, de sensibilité, de drôlerie et d’impertinence où chacun peut s’affirmer comme il est, un monde sans discrimination, une « couture fusion » unique. Il y a chez Jean Paul Gaultier une vraie générosité et un message social très fort, sous couvert d’humour et de légèreté.

Curieux de toutes les cultures et contre-cultures, Jean Paul Gaultier s’empare de l’air du temps, revendique le droit à la différence, concevant ainsi une nouvelle manière de faire et de porter la mode : détournements, métamorphoses, transgressions, réinterprétations. Il efface les frontières entre les cultures, mais aussi entre les sexes : il crée une nouvelle androgynie ou s’amuse au contraire à renverser les codes d’une mode hypersexualisée.

L’exposition – que le couturier considère comme une création à part entière et non comme une simple rétrospective – rassemble 175 ensembles accessoirisés essentiellement de haute couture, mais aussi de prêt-à-porter créées entre 1976 et 2015. La star de la coiffure Odile Gilbert (Atelier 68) a inventé spécialement pour chaque mannequin des créations en cheveux. De nombreux objets et documents d’archives sont également révélés au public pour la première fois. Croquis, costumes de scène, extraits de films, de défilés, de concerts, de vidéoclips, de spectacles de danse, et même d’émissions télévisées illustrent ses collaborations artistiques les plus emblématiques : cinéma (Pedro Almodóvar, Peter Greenaway, Luc Besson, Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet), danse contemporaine (Angelin Preljocaj, Régine Chopinot, Maurice Béjart), sans oublier le monde de la variété française (Yvette Horner, Mylène Farmer…) et la pop internationale (Madonna, Kylie Minogue…). Une place importante sera également accordée à la photographie de mode grâce aux prêts de tirages souvent inédits de photographes et d’artistes contemporains renommés (Andy Warhol, Cindy Sherman, Peter Lindbergh, David LaChapelle, Richard Avedon, Mario Testino, Steven Meisel, Steven Klein, Pierre et Gilles, Paolo Roversi, Robert Doisneau…).

Cette exposition multimédia célèbre l’audace et l’invention de sa mode avant-gardiste et explore ses sources d’inspiration, aussi éclectiques qu’impertinentes, au travers d’un parcours thématique en huit sections, traçant l’itinéraire imaginaire du couturier qui puise son inspiration depuis le pavé parisien jusqu’à l’univers de la science fiction : en Introduction, les premières années du créateur, avec la collaboration exceptionnelle du designer hollandais Jurgen Bey et son atelier Makkink & Bey (Rotterdam) ; L’Odyssée ; Punk Cancan, avec la collaboration exceptionnelle de Mademoiselle Deneuve pour la narration du défilé des Parisiennes ; Les Muses, avec une installation immersive créée pour le Grand Palais par le Studio Moment Factory (Montréal) dans laquelle chaque visiteur sera « Gaultiérisé » ; Le Salon ; À fleur de peau ; Metropolis et Jungle urbaine, avec une installation vidéo créée spécialement pour cette étape parisienne par les artistes français Lucie & Simon.

L’exposition bénéficie en outre du talent de nombreux artistes et experts de renom. La scénographie originale conçue par l’agence parisienne d’architectes-scénographes Projectiles et adaptée à Paris par Sandra Gagné du Musée des beaux-arts de Montréal, met en scène les tenues du couturier ainsi que les tirages et extraits audiovisuels illustrant les fructueuses collaborations artistiques de Jean Paul Gaultier. La compagnie avant-gardiste théâtrale montréalaise UBU dirigée par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin ont collaboré à l’élaboration d’une création audiovisuelle à part entière, en animant les visages d’une trentaine de mannequins de Jolicoeur International grâce à une projection, ponctuant le parcours de leurs présences aussi poétiques que ludiques. Plusieurs personnalités, dont Jean Paul Gaultier, les mannequins Ève Salvail et Francisco Randez, la chanteuse et réalisatrice Melissa Auf der Maur (Smashing Pumpkins et Hole), la soprano Suzie Leblanc, ont accepté de prêter leur visage et parfois leur voix pour la réalisation de ce projet unique, la dixième étape de la tournée de l’exposition avec une édition spéciale pour Paris.