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“Mannequin d’artiste, mannequin fétiche” Pratiques et fascination dans l’atelier d’artiste
au Musée Bourdelle, Paris

du 1er avril au 12 juillet 2015



www.bourdelle.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 31 mars 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Denise Bellon (1902-1999), Salvador Dali portant un mannequin d’artiste (le chauffeur du « Taxi pluvieux »), Exposition internationale du surréalisme, Paris 1938. Tirage argentique. © Les films de l’Equinoxe – Fonds photographique Denise Bellon, Paris.
2/  Marie-Amélie Cogniet (1798-1869), Intérieur d’atelier, 1831. Huile sur toile. Palais des Beaux-arts, Lille © RMN/Palais des Beaux-Arts de Lille.
3/  José Maria Sert (1874-1945), Etude photographique pour L’Ascension, 1939-45. Epreuve gélatino-argentique. Collection privée, Courtesy Galerie Michèle Chomette, Paris © José Maria Sert. Tous droits réservés.

 


1591_Mannequin audio
Interview de Jérôme Godeau, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 31 mars 2015, durée 13'55". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Jane Munro, conservateur des peintures et des dessins au Fitzwilliam Museum de Cambridge, commissaire invitée
Amélie Simier, conservateur en chef du Patrimoine, directrice des musées Bourdelle et Zadkine
Jérôme Godeau, musée Bourdelle




Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche inaugure la programmation de réouverture du musée Bourdelle après huit mois de fermeture pour travaux. L’exposition retrace l’histoire de ce secret d’atelier, de la Renaissance au XXe siècle, à travers un parcours à la scénographie théâtrale.

Rares mannequins d’artiste du XVIIIe siècle à nos jours, « poupées articulées», mannequins de vitrine de Siegel ou d’Imans, peintures de Gainsborough, Courbet, Burne-Jones, Kokoschka, Beeton, de Chirico, Annigoni, dessins de Salviati, de Millais, planches de l’Encyclopédie, brevets d’invention, photographies de Bellmer, Man Ray, List et Denise Bellon… Pour la première fois, l’exposition Mannequin d’artiste, Mannequin fétiche lève le voile sur la relation artiste-mannequin avec près de 160 oeuvres issues de collections publiques et privées, françaises et étrangères.


De l’objet utilitaire à l’objet de fantasme

De petite taille ou grandeur nature, articulé, le mannequin d’artiste sert dès la Renaissance à progresser dans l’art de la composition, dans le rendu des drapés et des proportions anatomiques. Infiniment plus docile et toujours disponible, ce substitut du modèle vivant est un partenaire indispensable au processus de création.
 L’histoire du mannequin d’artiste est tout à la fois étrange, surprenante et paradoxale.

Dès la fin du XVIIIe siècle, Paris s’impose comme le centre de fabrication des mannequins reproduisant fidèlement le corps humain. Les artistes exploitent ce simulacre dont « l’inquiétante étrangeté » croise celle des poupées de mode ou des mannequins de vitrine. Au fil des XIXe et XXe siècles, la figure du mannequin devient le sujet même de l’oeuvre et les artistes jouent de cette présence sur un mode tantôt réaliste, tantôt ludique, voire érotique…




Parcours de l’exposition

Robuste, obéissant et, par bonheur, muet, le mannequin d’artiste tenait la pose comme personne. Dès le XVe siècle, sa présence dans les ateliers de sculpteurs et de peintres devint indispensable, au même titre que le burin, la sellette, le pinceau, la palette et le chevalet. Dans son Traité d’architecture, le sculpteur florentin Filarete (1406-1469) recommandait l’usage d’une « petite figure de bois aux membres articulés » pour apprendre à dessiner les draperies « di naturali ». Ce petit modèle de bois – parfois de cire – s’avérait tout aussi utile pour « mettre une histoire ensemble » et asseoir la composition. En revanche, le mannequin grandeur nature s’imposait si l’on voulait représenter avec vraisemblance les détails d’un costume, le tombé d’un drapé.

Michel-Ange, Titien, Poussin, Gainsborough, Degas, Courbet, les préraphaélites, Cézanne… les plus grands maîtres usèrent de cet accessoire, invisible une fois l’oeuvre achevée. Mais à compter du XIXe siècle, le mannequin sortit peu à peu de son rôle obscur pour devenir le sujet même de la peinture. Entre le créateur et la créature inanimée, un autre type de rapports s’instaurait. Sur un mode tantôt ludique, tantôt ironique, voire érotique, les artistes jouaient de cette présence, d’autant plus obsédante que les avancées de la science et de la technologie multipliaient l’immense famille des créatures artificielles : poupées, automates, modèles d’anatomie en cire, mannequins de vitrine… Dans « l’inquiétante étrangeté » de ce compagnon, l’art subversif et iconoclaste du XXe siècle allait découvrir la figure envoûtante de la Beauté moderne.




Le parcours de l’exposition retrace en neuf actes la saga du mannequin dans l’art, de la Renaissance à nos jours.

Acte I : Les premiers mannequins connus : un secret d’atelier dévoilé

Acte II : Le « mannequin perfectionné » : de son invention, de sa perfection, de son usage dans l’art

Acte III : Quand la peinture « sent le mannequin » – l’ambiguïté du réalisme

Acte IV : Le mannequin dans le tableau – un motif expressif

Acte V : Les « tableaux vivants » de la salpêtrière : hystérie et hypnotisme – la femme mannequinée

Acte VI : Un avatar de pygmalion – la chair exsangue du mannequin

Acte VII : La poupée et la parisienne

Acte VIII : La tentation du fétichisme

Acte IX : Le corps en vitrine : une oeuvre d’art ?