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“Icônes américaines” Chefs-d’oeuvre du San Francisco Museum of Modern Art et de la collection Fisher
au Grand Palais, Paris

du 8 avril au 22 juin 2015



www.grandpalais.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 7 avril 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Chuck Close, Robert, 1997. Huile sur toile. 259,1 x 213,4 cm. Collection Vicki et Kent Logan, don partiel et promis au San Francisco Museum of Modern Art. © Chuck Close, courtesy Pace Gallery, New York. © SFMOMA / photo Ellen Page Wilson.
2/  Philip Guston, Back View, 1977. Huile sur toile. 175,3 x 238,8 cm. San Francisco Museum of Modern Art, don de l’artiste. © Estate of Philip Guston, courtesy McKee Gallery, New York. © SFMOMA / photo Don Myer.
3/  Cy Twombly, Untitled (Bacchus 1st Version IV), 2004. Acrylique et crayon gras. 265,4 x 200,7 x 5,08 cm avec cadre réalisé par l’artiste. The Doris and Donald Fisher Collection at the San Francisco Museum of Modern Art. © Cy Twombly Foundation. © SFMOMA.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Les fines formes végétales noires des mobiles de Calder se détachent sur la blancheur des hauts murs. La présence discrète de ces structures éthérées défie la gravité en en faisant des nuages de métal flottant au-dessus de nos têtes. Le parcours s'ouvre dans l'apesanteur pour s'achever dans la lourdeur d'encre des sérigraphies de Warhol, gravité des portraits de criminels et d'images de faits divers.

Les œuvres des 14 artistes exposés couvrent 50 ans d'art contemporain nord-américain. Si le format monumental de certaines toiles est parfois accentué par le manque de recul dû à l'étroitesse de l'espace, l'ensemble offre la légèreté et la variété d'un pique-nique estival où on picorerait ici et là quelques bouchées.

A la géométrie stricte de Ellsworth Kelly répondent les gestes griffonnés de Cy Twombly. Des zébrures noires et blanches, un spectre chromatique de bandes verticales systématiques chez Kelly jouent à régulariser l'irrégulier, domptant le hasard pour toucher la réalité dans ce qu'elle a de plus matériel, jusqu'à la vibration de l'atome. L'écriture abstraite de Twombly, ses boucles qui s'enchainent sur la toile ligne après ligne comme des pages de cahiers d'écoliers, récitent un mantra. Par la répétition s'effectue également une recherche méthodique, mais qui cherche ici le réel à l'intérieur de soi, en dessinant une géométrie des émotions.

Brice Marden trace des chemins dansés, une trajectoire qui finit, à force de se croiser et recroiser, par couvrir tout l'espace en arabesques mouvantes comme la surface d'un liquide. Il explore le rapport à la toile en travaillant tour à tour proche ou éloigné du support, dessinant la cartographie d'un territoire troublante par son indicible familiarité.

Les pixels composant les portraits géants de Chuck Close contiennent chacun le dessin d'une cellule. Les couleurs de leurs membranes et de leurs noyaux se conjuguent pour former la riche palette reproduisant les traits du visage, l'expression d'un sourire ou d'un étonnement. Comme vues au microscope, ces centaines de cellules se lisent comme un vocabulaire impressionniste, concentrant l'identité du sujet jusqu'à ses caractéristiques biologiques.

Sol LeWitt crée une œuvre impalpable. Des carrés tracés à même le mur en hachures pâles de crayons de couleur semblent au premier abord une image projetée. Le tableau est ainsi totalement libéré de son support, toile ou papier, et donc strictement réduit à ses uniques deux dimensions. L'image est le résultat d'un protocole, elle est tracée par un tiers et sera effacée une fois l'exposition terminée. L'idée devient la seule valeur artistique, tandis que sa concrétisation visuelle offre la paradoxale particularité d'exister sans sembler vraiment exister.

Sylvain Silleran

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Gary Garrels, conservateur en chef Elise S.Haas de la peinture et de la sculpture au SFMOMA
en collaboration avec Laurent Salomé, directeur scientifique de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais (Paris) et Bruno Ely, directeur du musée Granet (Aix-en-Provence)




Cette exposition présente 49 oeuvres emblématiques de l’un des plus importants fonds d’oeuvres d’art de la seconde moitié du 20ème siècle. Elle est historique à double titre : elle marque la première présentation des oeuvres du San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA), et de la collection de Donald et Doris Fisher réunies par un partenariat exceptionnel tissé depuis de longues années et préfigure ainsi le grand projet d’extension du SFMOMA.

Le SFMOMA est dépositaire en effet des oeuvres de la famille Fisher, soit l’une des collections privées d’art moderne et contemporain les plus importantes du monde. Comprenant plus de 1 100 oeuvres de 185 artistes, la collection de Doris et Donald Fisher a débuté à San Francisco (berceau de la famille) dans les années 1970 pour prendre de l’ampleur à la fin des années 1980 et dans les années 1990.

Le SFMOMA a établi un partenariat historique avec la famille Fisher afin de présenter cette extraordinaire collection au public de San Francisco. Ainsi les oeuvres des Fisher seront exposées au côté des oeuvres de la collection du SFMOMA dans la nouvelle extension du musée. Bien que ces deux collections ne soient pas exhaustives, toutes deux sont remarquables par leur parti pris de se concentrer sur certains artistes dont toutes deux possèdent un ensemble conséquent d’oeuvres. Les deux collections comportent principalement des artistes américains et européens ayant débuté leur carrière dans les années 1960 et 1970 et dont beaucoup sont aujourd’hui encore actifs. Ainsi pour beaucoup la réunion des deux collections a permis une complémentarité si bien que certains créateurs voient dans cet ensemble leur oeuvre mieux représentée que dans n’importe quel autre musée ou collection publique au monde.

Le SFMOMA, fondé en 1935, est le plus ancien musée d’art moderne des Etats-Unis encore en activité après le Museum of Modern Art de New York. C’est également le premier musée de la côte Ouest strictement dédié à l’art moderne et contemporain. Constituée principalement grâce aux donations des plus grands collectionneurs de la côte Ouest, la collection du SFMOMA offre un incomparable panorama de l’art américain de l’après-guerre à nos jours. Le dépôt de l’extraordinaire collection Fisher en fait une collection désormais capable de rivaliser avec les plus grands musées d’art moderne et contemporain du monde.

Depuis 2013, le musée, fermé pour des travaux d’extension, a choisi de faire voyager son exceptionnelle collection d’oeuvres d’art pour la présenter en France, au Grand Palais dans la Galerie sud-est. Ainsi la Grand Palais accueille les plus grands artistes américains du XXe siècle et principalement de l’après-guerre : Andy Warhol, Alexander Calder, Roy Lichtenstein, Ellsworth Kelly, Agnes Martin, Richard Diebenkorn, Chuck Close et beaucoup d’autres. Au-delà des grands noms, la qualité des oeuvres exposées est exceptionnelle: la « Red Liz » de Warhol, le « Tire » de Lichtenstein, les portraits de Chuck Close...

La richesse et la densité de la collection font de « Icônes américaines: Chefs-d’oeuvre du SFMOMA et de la collection Fisher » une exposition d’art américain très complète.Si elle donne à voir une collection exceptionnelle, cette exposition est avant tout l’occasion d’un dialogue entre des oeuvres, qui n’ont jamais été réunies ensemble, et le public français.

La sélection se concentre sur les tableaux et sculptures de 14 artistes américains, dont certains, beaucoup moins mis en avant en France qu’aux Etats-Unis, y sont particulièrement bien représentés. Il s’agit surtout de la génération de peintres ayant suivi l’expressionnisme abstrait et ont évolué entre abstraction et représentation pour parvenir à une nouvelle compréhension des utilisations de la couleur, du formalisme et de la peinture figurative. Alexander Calder et Ellsworth Kelly illustrent les premiers développements de l’abstraction. Figurent également quelques-uns des exemples les plus connus du pop art et du minimalisme, deux mouvements qui sont apparus simultanément à New York au début des années 1960. Roy Lichtenstein et Andy Warhol incarnent bien sûr le pop art alors que l’art minimal et l’émergence du conceptualisme sont représentés par Carl André, Dan Flavin, Donald Judd et Sol LeWitt. L’abstraction picturale prend corps par la présence d’oeuvres de Richard Diebenkorn, Brice Marden, Agnes Martin et Cy twombly. Enfin, les tableaux de Chuck Close et Philip Guston synthétisent dans leurs oeuvres figuratives les influences du pop art, de l’art minimal et de l’abstraction.

En présentant 3 à 7 oeuvres pour chacun des artistes, cette exposition permet de donner un avant-goût à la France et à l’Europe de l’état d’esprit et de la qualité qu’incarnera le nouveau SFMOMA à sa réouverture au printemps 2016.