contact rubrique Agenda Culturel : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

“Napoléon et Paris” Rêves d’une capitale
au Musée Carnavalet, Paris

du 8 avril au 30 août 2015



www.carnavalet.paris.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 7 avril 2015.

1598_Napoleon1598_Napoleon1598_Napoleon

Légendes de gauche à droite :
1/  Robert Lefèvre (1755-1830), Portrait de Napoléon Ier (1769-1821), en uniforme de colonel des chasseurs à cheval de la Garde, 1809, commandé par la Ville pour l’Hôtel de Ville. Huile sur toile 226 x 157 cm. © Stéphane Piera / Musée.
2/  Etienne Bouhot (1780-1862), La fontaine et la place du Châtelet, 1810. Huile sur toile 81 x 99 cm. © Stéphane Piera / Musée Carnavalet / Roger-Viollet.
3/  Louis-Charles-Auguste Couder (1790-1873), Napoléon Ier visitant l’escalier du Louvre sous la conduite des architectes Percier et Fontaine, 1833. Huile sur toile 177 x 135 cm (dépôt du musée de Malmaison). Musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier.

 


1598_Napoleon audio
Interview de Florian Meunier, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 avril 2015, durée 7'54". © FranceFineArt.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Avec « Napoléon et Paris : rêve d’une capitale », le musée Carnavalet retrace la facette parisienne de l’épopée napoléonienne. Présentant plus de 100 gravures, une cinquantaine de peintures, mais aussi des objets personnels et des documents d’archives, elle redessine les rapports d’un homme, puissant empereur, avec le centre névralgique de son pouvoir.


Loin des champs de bataille

De Napoléon, on retient les campagnes d’Italie, la victoire de la bataille d’Austerlitz, le désastre de la Campagne de Russie et sa retraite mortelle, la défaite éclair et écrasante de Waterloo. On oublie en revanche souvent l’administrateur et le réformateur, dont l’héritage survit toujours dans l’organisation de notre administration moderne ou la mise en place d’un Code Civil, qui demeure encore le fondement du droit civil français. L’exposition « Napoléon et Paris : rêves d’une capitale » du musée Carnavalet nous rappelle non seulement cet aspect de son régime mais aussi la place que Paris a pu occuper dans la construction de l’Empire. Paris où se font et se défont les gouvernements, Paris dont l’opinion publique façonne la pensée de la France, Paris, enfin, miroir éclatant dont la richesse et la grandeur doit refléter celle du pays. En cinq parties, une chronologique, de l’ascension au pouvoir à la chute de Waterloo, et quatre thématiques, l’exposition explore les rapports de Napoléon avec la capitale, lieu central où se joue le destin de l’Empire. À l’aide de documents d’archives mais aussi de peintures, de dessins, d’objets personnels et de plans, elle met à jour le Paris de l’époque et le Paris rêvé de Napoléon.

S’ouvrant sur l’attentat de la rue Saint-Nicaise, conspiration fomentée par les royalistes dans le but d’assassiner ce Premier Consul à l’ambition démesurée, la partie chronologique retrace le parcours de Napoléon Ier en soulignant les événements marquant qui ont pris Paris pour cadre. Le sacre de l’empereur oint par le Pape Pie VII s’illustre sur des peintures où la foule semble se presser dans une atmosphère à la fois de liesse et d’effervescence collective (Cortège du Sacre de Napoléon, Jacques Berteaux, 1804-1805), tandis que sa figure s’efface derrière l’ordonnancement des armées partant de Paris lors des campagnes militaires. La partie chronologique s’achève alors sur la seconde et ultime abdication de Napoléon à l’issue des Cent Jours. Viennent alors les aspects de la vie parisienne de l’Empereur répartis en quatre thèmes. De l’administration de la ville, avec les portraits des nombreux Premiers Ministres qui se succèdent à la fonction et ceux des Préfets de la Seine, aux projets architecturaux, réalisés ou non, en passant par le faste de la cour du palais des Tuileries et la construction de la légende napoléonienne, ce sont tous les éléments d’un pouvoir centralisé et qui s’assume comme tel qui se dévoilent.


Paris à l’image de Napoléon, Napoléon à l’image de Paris

Et à voir les œuvres, les objets et les dessins qui nourrissent l’exposition, il ne fait aucun doute que Napoléon a modelé Paris, ouvrant la voie à sa modernisation. Empereur bâtisseur, tel est aussi donc le nom que l’on pourrait lui donner tant nombreux sont les projets urbains qui ont vu le jour sous son pouvoir. Du pont des Arts, première construction métallique de la capitale, représenté ici par une superbe maquette de l’une de ses arches en bois et fer réalisée en 1800, à l’église de la Madeleine et à la fontaine du Châtelet, Napoléon s’est attelé à la transformation de la ville. Se nourrissant des influences de l’Antiquité, il lance des dizaines de plans de construction, qui n’aboutiront pas tous, et dont les dessins présentés, en grande partie de Percier et Fontaine, les architectes et décorateurs de Napoléon, témoignent de la grandeur et de la démesure. Ces projets architecturaux ont aussi avant tout pour objectif de célébrer le pouvoir de l’empereur et la gloire de ses victoires militaires, comme le prouvent les différents arcs de triomphe qui ont poussé dans tout Paris avant que ceux du Carrousel et des Champs-Élysées ne trouvent enfin leur place.

Et quand il ne s’occupe pas de vouloir édifier sur la place de la Bastille une fontaine surmontée d’un éléphant d’une taille impressionnante (Projets pour la fontaine de l’éléphant place de la Bastille, Jean-Antoine Alavoine Le Chevalier, 1809-1819), l’empereur se penche sur les édifices d’utilité publique tels que les marchés et les abattoirs. Paris sa façonne aussi au gré des destructions de ses ruines, comme l’illustre le tableau d’Hubert Robert, L’Église des Feuillants en démolition (1804), sur lequel le lieu de culte du XVIème siècle baigné de lumière dévoile ses vieux murs éventrés. Quant à la vie même des Parisiens, elle est réglementée par la police de Napoléon, qui en lit tous les rapports. Amuser pour mieux régner, voilà la politique de l’empereur. Les nombreuses eaux-fortes aux couleurs douces et passées décrivent ainsi la vie quotidienne des habitants sous le régime napoléonien, où les familles semblent profiter des parcs et espaces publics dans une bienheureuse insouciance…

Pourtant, si Napoléon a voulu créer Paris à son image, la capitale a aussi façonné l’empereur. Se voulant l’héritier de Charlemagne, celui-ci fait de la ville le cadre de son sacre. Mais c’est aussi toute la vie d’une cour royale qu’il instaure au palais des Tuileries. Aux costumes de velours rouge brodé d’or porté par le Grand Maréchal du Palais aux éventails et pochettes de mariée ornés d’argent, en passant par le splendide fauteuil du trône de Napoléon, décoré par Percier et Fontaine, les objets présentés rappellent le faste et le luxe dont s’entoure l’empereur au quotidien, alors même qu’il occupe le palais des Tuileries, ancien siège du pouvoir royal. Puis c’est Paris encore qui va construire la légende napoléonienne, glorifiant une figure qui a pris l’aigle conquérant comme symbole. Le retour du corps de Napoléon en 1840, orchestré par le roi Louis-Philippe et Adolphe Thiers, donne ainsi lieu à de véritables scènes d’hommage. Ainsi peut-on voir sur Débarquement des cendres de Napoléon Ie à Courbevoie le 15 décembre 1840 (Victor Adam) la foule se presser d’un seul mouvement autour du cortège dans un dernier signe de reconnaissance. Mais c’est Napoléon III qui, dès son arrivée au pouvoir, se charge de glorifier à nouveau la figure de l’empereur, notamment grâce à l’édification d’une statue de Napoléon Ie au sommet de la colonne de la place Vendôme, dont l’histoire est d’ailleurs rythmée par les destructions et reconstructions successives. Et l’aigle, partout présent, s’impose alors sur les médailles et sur les trophées, vivant symbole d’un homme plus grand que nature qui a ouvert la voie au Paris d’aujourd’hui

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat :
Thierry Sarmant, conservateur en chef, commissaire
Florian Meunier, conservateur en chef, commissaire
Charlotte Duvette, commissaire associée
Philippe de Carbonnières, attaché de conservation, conseiller historique




Le 22 juin 1815, Napoléon Bonaparte abdique à l’Élysée après la défaite de Waterloo. Deux siècles après la fin du Premier Empire, l’exposition Napoléon et Paris : rêves d’une capitale au musée Carnavalet explore les relations complexes entre un homme exceptionnel et l’une des plus belles villes du monde. Paris a façonné Napoléon tout autant que Napoléon a transformé Paris : durant la Révolution, Napoléon comprend que l’opinion se forge et que le pouvoir se conquiert dans la capitale. Paris est ensuite le théâtre des moments-clés de sa carrière politique : le coup d’État du 18 Brumaire, le sacre, le mariage avec Marie-Louise, la naissance de son fils, la seconde abdication…

La ville rêvée par l’empereur est une nouvelle Rome peuplée de monuments grandioses parfois achevés, parfois seulement ébauchés : la colonne Vendôme, le palais de la Bourse, la fontaine du Châtelet, le Temple de la Gloire, les arcs de triomphe du Carrousel et de l’Etoile. Nombre de ces rêves sont restés à l’état de projet, comme le très populaire éléphant de la Bastille, les palais du roi de Rome, des archives ou des beaux-arts. Un dispositif multimédia permet de retrouver les emplacements de ce Paris napoléonien.

Soucieux d’ordre et d’efficacité, l’empereur fait en outre édifier de nombreux équipements d’utilité publique : ponts, canaux, fontaines, marchés, halles, abattoirs, cimetières transforment la vie quotidienne des Parisiens.

Administrateur autant que chef de guerre, il établit pour deux siècles l'organisation de la capitale, instituant les fonctions de préfet de la Seine et de préfet de police ainsi que le conseil général de la Seine.

Enfin, Paris devient le centre de la vie politique, diplomatique et mondaine du « Grand Empire » où confluent les élites de la nouvelle Europe. Le faste de la vie au palais des Tuileries, réaménagé par les architectes Percier et Fontaine, est évoqué à travers le luxe quotidien et l’élégance des figures impériales : Joséphine, Marie-Louise, le roi de Rome, les frères et soeurs de Napoléon, les dignitaires et les courtisans. Mobilier, costumes et accessoires restituent l’atmosphère de l’époque.

Les paysages parisiens peints par Bouhot, Boilly ou Hubert Robert, les maquettes, plans et dessins issus des ateliers de Percier, Fontaine ou Brongniart, les reliques des monuments disparus, les nombreuses caricatures font revivre avec une puissance d’évocation inégalée le style Empire et l’urbanisme napoléonien.

Les oeuvres du musée Carnavalet dialoguent avec celles que prêtent des institutions – en particulier la Fondation Napoléon, le palais de Compiègne, le château de Fontainebleau, le Palais Galliera, le musée du Louvre, le château de Versailles, le château de Malmaison – et des collectionneurs privés.




Parcours de l’exposition – extrait –

La prodigieuse existence de Napoléon Bonaparte est indissolublement liée à Paris.

Il y a achevé ses études, il a participé à plusieurs des grandes « journées » de la fin de la Révolution, il y a pris le pouvoir. Le sacre, ses deux mariages successifs, sa seconde abdication ont eu Paris pour cadre. C’est « sur les bords de la Seine » qu’il a souhaité reposer.

Après dix années de Révolution, Napoléon a voulu remodeler Paris. Il a donné à la ville des institutions administratives dont une partie subsiste encore aujourd’hui. Il a ressuscité au palais des Tuileries une vie de cour brillante. Il a voulu faire de Paris la capitale de l’Europe, une cité couverte de palais et d’édifices publics, « la plus belle ville qui puisse exister ».

C’est ce rêve inachevé, étape méconnue vers la cité haussmannienne, qu’évoque l’exposition du musée Carnavalet, deux siècles après la chute de l’Empire.




Chronique parisienne de Napoléon

Pendant les quinze années du Consulat et de l’Empire, Napoléon est plus souvent sur les champs de bataille de l’Europe que dans ses palais de Paris et d’Ile-de-France, mais Paris n’en reste pas moins le centre nerveux du régime et le principal théâtre de ses fastes.

C’est à Paris que le gouvernement napoléonien se transforme en une nouvelle monarchie. Napoléon choisit de se faire sacrer à Paris, non à Reims. Il y reçoit des chefs d’Etat étrangers et y fait célébrer le retour de ses armées victorieuses. L’empereur épouse l’archiduchesse Marie-Louise au Louvre (1810) et leur fils, le roi de Rome, naît aux Tuileries un an plus tard (1811).


Mais la capitale n’est pas sans péril pour les autorités en place : Napoléon est victime du premier attentat à la bombe de l’histoire, rue Saint-Nicaise (1800) ; il échappe à la conspiration de Cadoudal (1802-1804) ; pendant la campagne de Russie, le général Malet et ses complices échouent de peu à s’emparer du pouvoir (1812). C’est à Paris, enfin, que se joue à deux reprises le sort du régime impérial : en 1814, quand la ville, au terme d’une rude bataille, est occupée par les Alliés ; en 1815, quand Napoléon, vaincu à Waterloo, se résigne à abdiquer pour la seconde fois.