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“Du Nô à Mata Hari” 2000 ans de théâtre en Asie
au Musée Guimet, Paris

du 15 avril au 31 août 2015



www.guimet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 14 avril 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jeune femme : Manbi, Japon, époque d’Edo (1603-1868). Bois laqué, 21,2 x 13,5 x 7,6 cm. Paris, musée national des arts asiatiques – Guimet – EO 2161. © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier.
2/  Robe de cour de général à motifs de dragons (mang) et coiffe de cérémonie à plumes de faisan vénéré, Chine, début du XIXe siècle. Soie et fils métalliques, Soie, métal, perles, pompons et plumes, Environ 170 x 300 cm. Paris, Collection privée –ancienne collection Shi Pei Pu. © Collection privée/ Image MNAAG-Artlys/ Photo Thierry Ollivier.
3/  Ensemble de marionnettes, Théâtre Wayang golek, Indonésie, XXe siècle. Bois peint et doré, coton imprimé, 54 x 19 cm. Paris, musée national des arts asiatiques – Guimet – Legs verbal Krishna Riboud – MA 12006, MA 12007 et MA 12008. © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier.

 


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Interview de Aurélie Samuel, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 avril 2015, durée 11'41". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général :
Sophie Makariou, présidente du MNAAG

Commissariat :
Aurélie Samuel, responsable des collections Textiles, MNAAG
Kévin Kennel, assistant au commissaire
Sylvie Pimpaneau, conservateur, collection Kwok-on, Fondation Oriente




Le musée national des arts asiatiques – Guimet propose une exposition sur 2000 ans de théâtre en Asie. Ce panorama inédit s’anime de ce qui participe, comme signes visibles et tangibles, de l’essence même du théâtre : le costume, la parure et le masque.

Des costumes du théâtre indien aux kimonos et masques de nô japonais, en passant par les robes de l’Opéra de Pékin et le théâtre d’ombre de l’Asie du Sud-Est, c’est tout un monde de divinités, d’animaux et de personnages qui prend vie.

L’exposition aborde les aspects épique et dramatique qui caractérisent les différentes créations théâtrales asiatiques dans toutes leurs variétés. Les premières représentations qui en sont conservées sont les substituts funéraires de terre cuite – minqi – montrant des danseurs et des acrobates datant de la Chine des Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.). L’exposition culmine avec une relecture contemporaine des traditions théâtrales avec la présentation concertante de kimonos paysages d’Itchiku Kubota qui donne tout son sens à la dimension scénique du costume.

Dépassant leurs sources rituelles, les théâtres dansés en Inde se sont épanouis en une perfection gestuelle qui a donné naissance à des formes complexes et raffinées tel le kathakali dès le 17e siècle. En Asie orientale, un théâtre historique, s’appuyant sur des chefs d’œuvre littéraires a suscité la création de costumes chatoyants mais extrêmement codifiés.

Le masque est particulièrement mis à l’honneur dans l’exposition, tant il est indissociable des formes du théâtre en Asie, de l’Inde jusqu’au Japon, du théâtre épique au drame historique.

Marionnettes et théâtres d’ombres de l’Asie du Sud-Est et de la Chine forment un autre pan de cette création et servent tantôt des textes épiques, tantôt des textes historiques, leur présentation évocatrice introduisant le visiteur dans un espace peuplé de silhouettes. Les cuirs découpés, âmes des ancêtres, confèrent un pouvoir surnaturel au montreur capable de faire revenir les morts, de guérir ou d’exorciser.

Un grand barong – lion à l’ossature légère habillée de textiles ou de fibre végétale – accueillera le visiteur de l’exposition au milieu de silhouettes architecturales asiatiques et modernes, exprimant ainsi la capacité d’adaptation et de réinvention de ces traditions millénaires et toujours en pleine effervescence.

L’auditorium du musée offrira de nombreuses représentations de spectacles de théâtre chanté et dansé. Outre la projection des épopées fondatrices du Ramayana et du Mahabharata, il proposera une riche programmation de films et documentaires. Ainsi Mata Hari, qui, en exécutant en 1905 des danses brahmaniques dans l’ancienne bibliothèque du musée Guimet aménagée en petit temple hindou, s’illustra devant le Tout Paris orientaliste médusé, sera mise à l’honneur dans les salles mais également à travers un documentaire et deux films de fiction. Quant au célèbre opéra chinois, Le pavillon aux pivoines, celui-ci sera projeté en intégralité durant trois jours.

Le catalogue, premier ouvrage de référence sur ce sujet, présentera un panorama des types de théâtre asiatique des origines à nos jours : théâtre joué, dansé, chanté, acrobatique et animé.

Cette exposition est rendue possible grâce à des prêts importants accordés par la Fondation Oriente de Lisbonne, la collection Kubota de Kawaguchiko, le musée du Quai Branly et des collectionneurs privés.




Archives FranceFineArt.com :

“2000 ans de théâtre en Asie”
à l’Auditorium du musée Guimet
du 2 mars au 12 juin 2015


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avec l’interview audio de Hubert Laot, directeur artistique de l’auditorium du musée Guimet

http://www.francefineart.com/index.php/agenda/14-agenda/agenda-news/1676-1565-guimet-theatre-en-asie




L’exposition

En Asie, le théâtre est un art qui peut être joué, mimé, dansé ou animé. Les acteurs peuvent être masqués ou maquillés et portent des costumes chargés de symboles et d’histoires, parfois sobres parfois richement décorés, assortis de parures qui permettent aux spectateurs d’identifier immédiatement le personnage.

Le masque, autrefois incarnation des dieux, est une oeuvre d’art à part entière qui matérialise toute une gamme de sentiments qu’il revient à l’acteur de faire partager au public. Selon le metteur en scène britannique Peter Brook, qui créa une célèbre version de la grande épopée indienne le Mahabharata en 1985, « le masque est un portrait de l’âme, une enveloppe extérieure reflétant à la perfection et avec sensibilité la vie intérieure ». En portant un masque, l’acteur revêt une partie de la personnalité du dieu ou de l’individu qu’il joue et matérialise donc son pouvoir. L’acteur disparaît même parfois complètement au profit de marionnettes articulées, ou simples silhouettes découpées dans du cuir dont les spectateurs ne voient que les ombres projetées.

Les théâtres d’Asie, contrairement à ceux d’Europe, ont presque toujours des racines religieuses. Toutefois, en dépit, de ses origines rituelles, liées aux dieux ou au culte des ancêtres, le théâtre a su prendre son indépendance et s’adapter à tous les publics et devenir un vrai divertissement. Cette origine explique sans doute le caractère non réaliste de ces arts scéniques où s’illustrent encore les dieux, les démons ou les esprits. Et même si certains relatent des histoires humaines, à l’instar de ces pièces de kabuki qui rappellent les vaudevilles européens ou des pièces criminelles chinoises, le jeu, la voix, les mouvements restent délibérément irréalistes et désincarnés.

Un élément unit ces différentes manifestations d’un même art : leurs costumes complexes et très élaborés qui viennent remplacer les décors, le plus souvent absents. Leur rôle est donc primordial, puisqu’ils doivent non seulement renseigner au premier regard le public sur la nature ou le statut social d’un personnage, mais aussi indiquer où il se trouve, à quelle période de l’année, parfois même l’heure du jour à laquelle se déroule l’action. À chaque type de rôle correspondent une forme, des couleurs, des symboles, des accessoires et un maquillage ou un masque. Le costume aide donc l’acteur à rentrer dans son rôle, et, par sa plus ou moins grande maniabilité, par son ampleur, il impacte le jeu et influence pas et gestuelle, devenant progressivement une caractéristique à part entière du rôle.