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“Tempus Fugit” (Le temps fuit) Isabelle Nori & Myriam Richard
à la galerie Sit Down, Paris

du 23 avril au 23 mai 2015



www.sitdown.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation de l’exposition avec Isabelle Nori et Myriam Richard, le 22 avril 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Isabelle Nori, Xénia, Nastassja et Giulia. Pays basque, hiver 2008. © Isabelle Nori courtesy galerie Sit Down.
2/  Myriam Richard, Série Mes fantômes, 2011-2014, tirage Fresson. © Myriam Richard courtesy galerie Sit Down.
3/  Isabelle Nori, Nocturne balnéaire. Biarritz, hiver 2007. © Isabelle Nori courtesy galerie Sit Down.

 


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Interview de Isabelle Nori et Myriam Richard,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 22 avril 2015, durée 17'09". © FranceFineArt.
(à gauche Isabelle Nori / à droite Myriam Richard)

 


extrait du communiqué de presse :

 

Isabelle Nori et Myriam Richard sont deux photographes qui partagent le même désir, photographier leurs enfants dans leur intimité, deux filles pour l’une et deux garçons pour l’autre. Vouloir fixer des moments de l’enfance et de l’adolescence, entre fiction et réalité, nous ouvre à des espaces artistiques créatifs mêlant l’autofiction et l’universalité des émotions. Susan Sontag dans son livre “Sur la photographie“ soulignait que “ne pas prendre les photos de ses enfants, surtout quand ils sont petits, est un signe d’indifférence de la part des parents“.

Ces deux séries, Les fugitives d’Isabelle Nori et Mes fantômes de Myriam Richard nous emportent au coeur d’un voyage poétique. Le temps passe et elles saisissent avec finesse que les adolescents doivent composer avec un corps qui change, une sensation de se heurter aux frontières d’un monde parfois devenu trop étroit, éveillant une grande attente et une envie irrépressible d’autre chose. Photographier l’intime est un pari bien difficile et ici réussi. La lucidité du point de vue nous emmène avec justesse dans la complexité et la joie du passage de l’enfance à l’âge adulte.

Vannina Micheli-Rechtman, psychiatre et docteur en philosophie




Isabelle Nori, Les fugitives

Les Fugitives concentrent le regard que porte une photographe, la quarantaine, sur ses deux filles Elsa et Giulia âgées de 20 ans et 10 ans, sur son environnement et sur elle-même prise dans la tourmente d’une banale crise du milieu de vie. Intriguée par cette combinaison d’âges annonciatrice de mutations importantes, elle a, pendant plus de sept années, de façon répétitive sérieuse ou désinvolte, développé dans l’urgence une technique intuitive pour saisir avec de modestes appareils, une présence, une attitude, un regard ou encore un détail, pour les arracher discrètement à la réalité fuyante.

D'escapades solaires en nocturnes balnéaires et jusque dans les corridors de la psychiatrie, ses photographies en demi-teintes, sombres ou lumineuses sont réunies par affinités pour créer, à distance des événements autobiographiques, des métaphores intimistes silencieuses et secrètes. Une tentative délicate de rapprochements que l’auteure exprime par “l’artifice poétique d’un être là ensemble, chacune de nous continuant en réalité d’exister dans son monde inaccessible, fuyant simultanément les entraves pour se détacher et se trouver soi-même.“

Les photographies en couleurs et de petits formats dans leur grande majorité, révèlent ce rapport à l’autre à la fois proche et distancié, une mise en jeu subtile qui confère à l’ensemble formellement élégant une douceur mélancolique.

Le livre Les fugitives, édité par Contrejour accompagne cette première exposition personnelle.




Myriam Richard, Mes fantômes

Cette série intitulée Mes fantômes se compose de 21 photographies réalisées entre 2011 et 2014. Prises dans l’intimité de mon quotidien, elles évoquent des moments de l’enfance et renferment les souvenirs de mes deux garçons masqués âgés de huit et cinq ans, qui, le soir venu, ont peur des ombres qui vacillent sur le mur de leur chambre.

Leurs rêves d’aventures constituent une source intarissable dans ma pratique. Ils s’inventent espions, gangsters en fuite. J’entrevoie des corps et des ombres, la maison est hantée, ça, je le sais. Ils s’imaginent vivant sur la route, dans un monde d’éclats, soldats ou zombies. Ils me racontent des histoires : je devine le visage d’Abel sous une frange devenue rapidement trop longue. Je provoque la pose, j’accentue la surprise. C’est parfois compliqué, mais leur force et leur innocence me poussent à modeler ces instants de grâce, fugaces, et à les partager.

Ensemble, nous réalisons des images faites d’illusions, d’apparitions fulgurantes, de disparitions sans regret, de visions.

Entre fiction et réalité, je regarde Abel et Michka grandir, je vois la beauté et le côté sombre des choses, la joie mélangée à la tristesse. Ces images du temps qui passe sous mon nez ouvrent des portes vers le passé, mais permettent également de regarder vers l’avenir.

Face à moi, mes enfants vivent leur vie. A travers les masques et les frayeurs de la nuit, le rêve de devenir grand prend forme.

Myriam Richard, 2014