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“Salon de Montrouge” 60ème édition
Le Beffroi, Montrouge

du 5 mai au 3 juin 2015



www.salondemontrouge.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 4 mai 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Arthur Lambert, Tenebrae, 2013. Encre de Chine et gouache sur papier japon, sérigraphié, 21 x 30 cm.
2/  Nieto, Commensurabilité, 2014. Technique mixte, 10 x 10 x 10 cm. © Camilo Osorio Suarez.
3/  Randa Maroufi, La Grande Safae, 2014. Film 15’ 56’’. © Randa Maroufi - Le Fresnoy

 


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Interview de Stéphane Corréard, directeur artistique,
par Anne-Frédérique Fer, à Montrouge, le 4 mai 2015, durée 9'02". © FranceFineArt.

 


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Interview de Caroline Ebin, artiste exposante,
par Anne-Frédérique Fer, à Montrouge, le 4 mai 2015, durée 6'23". © FranceFineArt.

 


texte de Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt.

 

Une des tendances de cette 60éme édition du salon de Montrouge semble être l'influence d'internet et des réseaux sociaux sur notre réel. Des collections d'autographes d'artistes sur des cartons ou de 45 tours uniques de chanteurs oubliés marquent la matérialisation de comptes tumblr et de blogs qui nourrissent nos vies digitales, comme autant d'obsessions servant de définitions à nos identités exhibitionnistes.

Les tableaux de Vincent Gautier: instantanés de vacances, fêtes au bord de la piscine ou gâteaux dans la vitrine d'une pâtisserie sont en filiation directe avec Instagram et Facebook. La nouvelle civilisation des loisirs s'affiche en couleurs saturées sur les réseaux sociaux, non plus comme la découverte d'un ailleurs par le voyage mais désormais comme le cliché d'une fête perpétuelle, d'un recentrage absolu sur soi. L'image n'a plus vocation de mémoire, elle est l'oblitération de tout ce qui n'est pas soi et maintenant.

Dans une tentative de recréer du lien dans le quotidien, Julie Luzoir abandonne ses dessins dans la rue, ceux-cis étant tamponnés d'un cartouche proposant de les lui ramener pour les signer. Si ce travail questionne l'œuvre, affirmant que c'est la signature qui lui donne son statut (et assumant le risque ironique que quelqu'un d'autre la signe à sa place), l'objectif de l'artiste est avant tout de se servir de ses dessins pour générer une rencontre. De ces rencontres, elle dessine de petits personnages formant une file d'attente sur une longue bande de papier d'imprimante. Le papier déplie son kilomètre de longueur au fur et à mesure que la file d'attente se construit. Le projet semble interminable puisque en 3 ans, 100m ont été remplis. Ici aussi, l'œuvre se glisse dans une faille, elle se construit sans exister encore, elle peut s'achever à tout moment sans avoir atteint son objectif.

Yann Vanderme broie une tasse à thé en porcelaine et un miroir pour en incorporer la poudre dans de la pâte à papier. De ce papier il réalise deux livres aux pages blanches, vierges, dont le contenu est une texture minérale et scintillante. Le rigide devient souple, la démarche se rapproche de celle ancestrale d'un alchimiste transmutant la matière.

La fragilité des sculptures d'argile séchée de Yun-Jung Song ouvre un espace poétique. Une jeune fille aux bois de cerf tient un bouquet de fleurs. Des traits minimalistes: visages composés d'uns simple ligne ovale, d'une chevelure noire et d'un oeil suffisent à ouvrir les portes d'un univers onirique et délicat, à libérer l'intime.

Un autre rapport à l'intime est celui proposé par Agata Rybarczyk. Elle nous invite à écarter un lourd rideau pour pénétrer seul dans un réduit très étroit. Comme Alice dans son tunnel, il faut se baisser et s'asseoir sur un petit banc. Alors, dans la pénombre d'une chambre, une femme assise sur le bord d'un lit se lève. L'installation hyperréaliste est d'autant plus frappante que ses dimensions forcent une proximité physique avec son sujet. Au fur et à mesure que nos yeux s'habituent à l'obscurité, on distingue sur un miroir le reflet du dos de cette femme. La peau en a été retirée, laissant à nu muscles et vaisseaux sanguins. Nous voilà au-delà de l'intimité, dans un silence épais, finalement loin des stands et de la scénographie, des pas et des conversations des autres visiteurs, mal à l'aise mais avec le sentiment d'être arrivés à destination.

Sylvain Silleran

 


Les lauréats de la 60ème édition du Salon de Montrouge sont :
- Marion Bataillard et Willem Boel - ex aequo - pour le Grand Prix du Salon de Montrouge
- François Malingrëy pour le Prix du Conseil départemental des Hauts-de-Seine
- Arthur Lambert pour le Prix Spécial du Jury.


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaire artistique : Stéphane Corréard
Invité d’honneur : Jean Michel Alberola
Président du Jury : Olivier Assayas
Scénographie : Matali Crasset




60 ans / 60 créateurs

« Même pour son 60e anniversaire, une manifestation dédiée à l’émergence ne peut regarder qu’en avant. La sélection du Salon de Montrouge 2015 comporte 60 artistes à découvrir. Chacun à sa manière se projette vers l’avenir. De nombreux jeunes, et même de très jeunes (la benjamine est âgée de 24 ans seulement) récents diplômés y côtoient des autodidactes, dont certains viennent d’abandonner de solides carrières pour l’incertaine vie d’artiste. »
Stéphane Corréard, directeur artistique

Depuis 60 ans maintenant, le Salon de Montrouge est engagé dans la valorisation des créateurs de demain. Véritable tremplin pour les artistes, le Salon a su s’affirmer comme LA manifestation emblématique en Europe pour la découverte des artistes émergents, toutes disciplines confondues. Placé depuis 2009 sous la direction du commissaire artistique Stéphane Corréard dans une scénographie signée matali crasset, le Salon s’est adapté et a évolué pour refléter un art de son temps, dans toute sa diversité pour un public toujours plus nombreux (plus de 22 000 visiteurs en 2014). Organisé et financé par la Ville de Montrouge depuis 1955, le Salon a révélé de nombreuses figures, comme Felice Varini, Hans Bouman, Jacques Bosser, Hervé Di Rosa, Théo Mercier, Djamel Tatah, Georges Rousse, Julien Salaud…

Témoignage de l’importance de ce rendez-vous pour les artistes, ils ont été 3000 à proposer un projet pour cette 60e édition. Seuls 60, issus de 14 pays ont été sélectionnés, et constituent une sélection resserrée qui réserve comme toujours son lot de surprises et de profils atypiques.

Sur les 1500 m2 du Beffroi, photographies, sculptures, dessins, vidéos, projets numériques et installations se révèlent au grand public dans des modules d’exposition dédiés, permettant de découvrir un ensemble significatif et cohérent du travail de chaque artiste.

Enfin, la sélection 2015 est soumise aux regards expérimentés d’un jury composé de personnalités de l’art contemporain présidé par le réalisateur Olivier Assayas, qui remettra les trois prix du Salon de Montrouge et offrira aux lauréats la possibilité d’être exposés au Palais de Tokyo et à la Biennale JCE (Jeune Création Européenne).




L’invite d’honneur : Jean-Michel Alberola

Figure inclassable de la scène artistique française, Jean Michel Alberola poursuit depuis trente ans une oeuvre protéiforme qui navigue entre figuration, abstraction et conceptualisme. Peintures, gouaches, néons, sculptures, mur peints, livres d’artistes, films en sont les différentes facettes. Né en 1953, Jean Michel Alberola s’est fait connaître au début des années 1980 par la figuration libre et le retour à la « peinture cultivée ». Il a exposé au Salon de Montrouge en 1981, 1982 et 1983, année à laquelle il présente sa première exposition personnelle chez son galeriste historique, Daniel Templon. Ces dernières années, ses oeuvres ont été présentées au Musée du Louvre (2005), au Musée d’Art Moderne de Saint- Etienne et au Musée des Beaux-Arts de Nancy (2008), à la Bibliothèque Nationale de France (2009), à la Maison Hermès de Tokyo (2009).

Plus récemment, Jean-Michel Alberola a participé aux expositions « Mathématiques, un dépaysement soudain » à la Fondation Cartier, « Néons » à la Maison Rouge, « Les Maîtres du désordre » au musée du Quai Branly et « Inside » au Palais de Tokyo, avant une exposition personnelle au Palais de Tokyo en 2016.




Les événements de la 60e édition

JEAN-MICHEL ALBEROLA I Cette édition anniversaire sera marquée par la présence d’un invité d’honneur prestigieux, le plasticien Jean-Michel Alberola, qui avait participé au Salon en 1981, 1982 et 1983. Il se prête au jeu en proposant une exposition inédite pour le Salon.

LA PERFORMANCE A L’HONNEUR I Plus que jamais de retour dans le champ de l’art contemporain, la performance sera à l’honneur du Salon à travers les projets de certains artistes sélectionnés mais aussi grâce à une programmation d’évènements et de soirées spéciales.

UN HORS-LES-MURS INEDIT I Pour la première fois, un parcours horsles-murs, véritable off du Salon de Montrouge, sera visible dans différents lieux publics de la Ville. Dans l’objectif de valoriser le passé historique et artistique de Montrouge, 4 squares sont investis par 4 anciens participants du Salon : Stéphanie Cherpin, Simon Nicaise, None Futbol Club et Stéphane Vigny. Le public pourra également découvrir un oeuvre de Jean-Michel Alberola près de l’Eglise Saint-Jacques-le-Majeur. Un lieu annexe proposera également une exposition collective organisée en association avec la galerie nomade Simon Cau avec 10 artistes emblématiques d’anciennes éditions (Thibault Duchenne, Benjamin Efrati, Jérémie Grandsenne, Alice Guittard, Thomas James, Eléonore Joulin, Paul Maheke, Constance Nouvel, Yannis Perez et Ludovic Sauvage).

UNE OEUVRE COLLECTIVE ET EVOLUTIVE I Autour des parois de l’ascenseur du Beffroi, au rez-de-chaussée et au premier étage, se déploie une oeuvre collective et évolutive réalisée à l’image d’un cadavre exquis par d’anciens participants du Salon de Montrouge. Après une réalisation tout au long du Salon, l’oeuvre sera inaugurée lors de la grande soirée de clôture le 3 juin.

STRUCTURE ASSOCIEE : LA FONDATION CULTURE & DIVERSITE I Enfin, cette soixantième édition approfondit encore les missions de prospection et d’accompagnement, au coeur de l’activité du Salon. La Fondation Culture & Diversité, fondée par Marc Ladreit de Lacharrière pour favoriser l’accès des jeunes issus de milieux modestes à la culture et aux études supérieures artistiques, est ainsi la structure associée au 60e Salon de Montrouge.