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“Chagall, Soulages, Benzaken…” Le vitrail contemporain
à la Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris

du 20 mai au 21 septembre 2015



www.citechaillot.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 19 mai 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sarkis Zabunyan, dit Sarkis, maquette de vitrail, 1 des 3 baies (nord) de l’abbaye de Silvacane, La Roque d'Anthéron (Bouches-du-Rhône), 1999.
© ADAGP, Paris, 2015. © CNAP.
2/  Serge Poliakoff / atelier Simon Marq, Composition bleue, vitrail, panneau d’exposition, 1963. Coll. musée des Beaux-arts de Reims.
© ADAGP, Paris, 2015. © Photo C. Devleeschauwer.
3/  Gottfried Honegger, Sans titre, maquette de vitrail, fenêtres hautes de la nef de la cathédrale de Nevers (Nièvre), vers 1988-1990.
© Droits réservés/CNAP/PhotoYves Chenot.

 


1625_vitrail audio
Interview de Laurence de Finance, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 mai 2015, durée 16'35". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Véronique David, historienne de l’art, spécialiste du vitrail du XXe siècle, chercheur au Centre André Chastel.
Laurence de Finance, conservateur général du patrimoine, chargée de mission à la Cité de l’architecture & du patrimoine.
Emily Rawlinson, commissaire associée, attachée de conservation à la Cité de l’architecture & du patrimoine.



Le vitrail, un art monumental


Le vitrail a une relation privilégiée avec la lumière. Il a le pouvoir de la distribuer largement ou de la diffuser afin de créer l’atmosphère d’un lieu, qu’il s’agisse d’un édifice civil ou religieux, ancien ou moderne. La France, pays le plus riche du monde en vitrail, toutes époques confondues, est la terre d’élection de cet art somptueux.

La période contemporaine se distingue par une richesse et une diversité prodigieuses qui font de cet art monumental l’un des éléments phare du patrimoine national, souvent méconnu en raison de sa difficile accessibilité. Cette exposition permet, grâce à la présentation de panneaux d’essai et de répliques, une vision rapprochée exceptionnelle des oeuvres.

La conduite d’un projet de création associant artiste et peintre verrier fait appel à plusieurs interlocuteurs dont le commanditaire, le propriétaire ou le clergé affectataire. L’atelier du peintre verrier joue le rôle majeur. Il constitue une véritable plate-forme d’innovation, susceptible d’assurer toutes les tâches d’une maîtrise d’oeuvre hautement spécialisée, de mettre son savoir-faire à la disposition de l’artiste et de donner corps à sa démarche créatrice.




Consacrée au vitrail contemporain de 1945 à nos jours, l’exposition propose de découvrir le foisonnement créatif de cet art renouvelé après guerre. Elle présente les réalisations d’une génération d’artistes appelée à remplacer les vitraux endommagés par le conflit mondial et à en créer de nouveaux pour les commandes publiques ou privées qui participent à la diffusion de la modernité dans l’art du vitrail.

L’exposition va au-delà du simple panorama chronologique et invite à désacraliser l’image du vitrail par un choc esthétique né de la vision rapprochée des oeuvres. Elle témoigne également de l’importance de l’atelier des peintres verriers, véritable creuset de la genèse des œuvres et valorise un art d’exception qui prend place aussi bien dans les édifices religieux que civils, publics ou privés.

130 oeuvres sont réunies pour témoigner de la fertilité créatrice d’une trentaine d’artistes majeurs de la seconde moitié du XXe siècle et du XXIe siècle dont, Alberola, Belzère, Benzaken, Buraglio, Castro, Chagall, Collin-Thiebault, Kim En Joong, Ettl, Garouste, Guérin, Manessier, Matisse, Morris, Nemours, Rabinowitch, Raysse, Raynaud, Rouan, Rouault, Soulages, Viallat, Zembok, ainsi que des oeuvres de peintres verriers créateurs tels Fleury, Mauret, Rousvoal.

44 édifices différents sont représentés parmi lesquels les cathédrales sont majoritaires, dont les emblématiques cathédrales de Metz (Chagall, Bissière et Villon), de Reims (Chagall), de Tours (Collin-Thiébaut), de Nevers (Alberola, Rouan, Honegger, Ubac, Viallat), mais aussi des églises telles que Villenauxe-la-Grande dans laquelle l’artiste britannique Tremlett est intervenu en 2005, Varennes-Jarcy (Benzaken) ou encore l’abbatiale de Conques (Soulages).

Exposer le vitrail sans démunir les lieux de culte de leurs verrières a été rendu possible grâce aux emprunts faits auprès de collections publiques ou privées et plus particulièrement la collection du Centre national des arts plastiques. Plus de 50 vitraux placés à la hauteur des yeux, panneaux d’essai, panneaux d’exposition ou répliques authentifiées par leur créateur, offrent une exceptionnelle vision rapprochée de cet art monumental.

Composée de sept sections déroulant un fil chronologique de 1945 à nos jours, l’exposition s’articule autour d’un long caisson central lumineux présentant vitraux, documents graphiques et photographies, auxquels répondent des cartons et des vitraux monumentaux exposés aux murs.

1 - Ouverture de l’Église à la modernité.
Les années d’après-guerre sont choisies comme point de départ de l’exposition car elles marquent un double tournant pour le vitrail : celui de la commande de vitraux à des artistes non chrétiens pour l’église Notre-Dame-de-Toute-Grâce construite en 1937-1946 par Novarina au plateau d’Assy (Haute-Savoie) et la pose des premiers vitraux non figuratifs réalisés par Manessier dans l’église des Bréseux (Doubs) en 1948.

2 - Nouveaux programmes : architecture et vitrail.
Entre 1950 et 1965 environ, de vastes champs d’expérimentation sont offerts au vitrail moderne dans le contexte de la Reconstruction ou de la construction par l’Église de plus de 2 000 lieux de culte. Ce contexte très particulier est à l’origine de créations exceptionnelles (Le Corbusier à Ronchamp, Matisse à la chapelle de Vence) et de la diffusion de la modernité artistique dans le vitrail. Il fait par ailleurs apparaître de nouvelles techniques, telle la dalle de verre qui connaît, à cette époque, son âge d'or.

3 - L’exemple pionnier de la cathédrale de Metz et son impact.
Metz reçoit la première commande de vitraux d’avant-garde pour un Monument historique avec des oeuvres commandées à Villon (1957), Bissière et Chagall (1964). Elle ouvre la voie à d’autres commandes dans les années 1960-1970, comme la pose des vitraux de Vieira da Silva (1963) et de Sima (1967) dans l’église Saint-Jacques de Reims ou de Bazaine à l'église Saint-Séverin à Paris en 1970.

4 - « Nevers : 1052 m2 de vitraux ».
Cette section relate la mise en place du plus grand chantier de vitraux contemporains d’Europe. Soufflés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, les vitraux de la cathédrale de Nevers font l’objet d’une commande publique de l’État entre 1976 et 2011. Confiés à cinq artistes majeurs (Ubac, Alberola, Viallat, Rouan et Honegger), ce chantier soulève, au travers de ses différents rebondissements, de multiples questions autour de l’esthétique contemporaine et de son insertion dans un lieu culturel et patrimonial ainsi qu'autour de la relation entre l'art contemporain et le sacré.

5 - Éclectisme contemporain.
Sollicitée par la commande publique, une nouvelle génération d’artistes propose un langage esthétique renouvelé du vitrail. Celui-ci est traduit par les peintres verriers qui mettent leur savoir-faire à la disposition des artistes. L’exposition vise donc également à révéler l’éclectisme de cette étroite collaboration entre l’artiste et l’artisan, comme en témoignent les vitraux monochromes d’Aurélie Nemours et des ateliers Duchemin ; les vitraux « blancs » translucides de Pierre Soulages et de l’atelier toulousain Fleury pour l'abbatiale de Conques ; ou encore le travail de Sarkis et des ateliers Duchemin pour l’abbaye de Silvacane. Le Père Kim En Joong et l’atelier Loire se tournent quant à eux vers l’abstraction lyrique, Robert Morris et les ateliers Duchemin tentent le vitrail-sculpture tandis que Tremlett et l’atelier Simon Marq créent des vitraux colorés abstraits pour l’église de Villeneuve-la-Grande datée du xvıe siècle. Carole Benzaken et Stéphane Belzère avec les ateliers Duchemin, Gérard Garouste et l’atelier Parot, Ettl et l’atelier Thomas choisissent de s’exprimer en s’inspirant de la nature et de la figure humaine.

6 - L’actualité du vitrail.
L’exposition est également l’occasion de revenir sur la production des 10 dernières années avec un focus sur la création des vitraux de la cathédrale de Tours et de celle de Lyon en cours de pose, dont des répliques ont été réalisées spécialement pour l’exposition.

7 - Oser le vitrail aujourd’hui dans l’architecture civile.
Cette dernière section explore la présence du vitrail en dehors des lieux de culte. Elle mène le visiteur vers la salle de projection, située au dessus de l’espace principal d’exposition, et vise à encourager la pose de vitraux dans les édifices privés ou publics. L’emploi de vitraux à des fins civiles couvre un champ vaste qui va d’un immeuble à loyer modéré à un parking municipal (Troyes) en passant par un gymnase (Paris XVe).

Les étapes de la fabrication d’un vitrail sont également expliquées par la présence de documents graphiques originaux issus d’institutions patrimoniales ou d’ateliers de peintres verriers. Ils comprennent les projets, études, ou maquettes au 1/10e et les cartons à grandeur d’exécution. Des photographies de l’artiste au travail ou des lieux de création, des sculptures et des peintures permettent la compréhension de la genèse des oeuvres.

L’exposition s’accompagne de la présentation de films documentaires sur la fabrication du verre, sur celle des vitraux et sur quelques grands ateliers ou réalisations spectaculaires. Une borne multimédia complète ce dispositif en permettant d’interroger la présence de vitraux contemporains dans les édifices remarquables de France et les principales créations contemporaines dans les pays limitrophes.