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“Nouvelle présentation des collections modernes” 1905 - 1965
au Centre Pompidou, Paris

du 27 mai 2015 au 22 mai 2017



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec Bernard Blistène, le 26 mai 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Gisèle Freud, Jean Cocteau, Paris, 1939. Photographie, 19x14,2 cm. Donation de l’artiste en 1992. Collection Centre Pompidou, musée national d’art moderne. © Estate Gisèle Freund/ RMN gestion droit d’auteur/Fonds MCC/IMEC. Photo : Philippe Migeat, Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Gisèle Freund, reproduction. Service de presse/Centre Pompidou.
2/  Dadamaino, Volume, 1959. Formes elliptiques évidées dans la toile. Peinture à l’eau sur toile, 100x80 cm. Don de l’Archivio Opera Dadamaino, 2014. Collection Centre Pompidou, musée national d’art moderne / Centre de création industrielle MNAM-CCI/Dist. RMN-GP. © courtesy Archivio Dadamaino.
3/  Vassily Kandinsky, Mit dem schwarzen Bogen (Avec l’arc noir), 1912. OEuvre réalisée à Munich à l’automne 1912. Huile sur toile, 189x198 cm. Donation de Mme Nina Kandinsky en 1976. Collection Centre Pompidou, musée national d’art moderne. MNAM-CCI/Dist. RMN-GP. Photo : Philippe Migeat, Centre Pompidou. © Domaine public.

 


1629_collections audio
Interview de Bernard Blistène, directeur du musée national d’art moderne,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 26 mai 2015, durée 20'54". © FranceFineArt.

 


texte de Cléméntine Randon-Tabas, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Clarté et Transparence
La nouvelle présentation des collections, orchestrée par Bernard Blistène semble avoir été stimulé, par un désir de clarté et de transparence. D’une part en travaillant sur l’espace même de Beaubourg, le simplifiant et valorisant son ouverture sur la ville, et d’autre part par un accrochage aéré, organisé de manière presque didactique. Le visiteur rentrera donc désormais par ce cinquième étage, dédié à la période de 1905 à 1965, et se trouvera tout de suite dans l’allée principale jalonnée de sculptures, faisant échos aux salles adjacentes. De part et d’autres de l’allée, la colonne sans fin de Brancusi et la Mariée de Niki de Saint Phalle surplombent la ville avec comme arrière plan les sublimes vues sur les toits Parisiens. Les terrasses ont été réouvertes , toujours dans ce désir de clarté et d’ouverture. Le visiteur pourra maintenant s’y promener parmis d’autres sculptures de la collection. Les sculptures sont particulièrement mises en valeur dans ce nouveau parcours chronologique, puisque l’on en retrouve dans de multiples salles, faisant échos aux peintures. Elles participent ainsi au projet de montrer les connections, les liens et les basculements qui donnent des clefs de compréhension de cette période de l’histoire de l’art. Clarté aussi dans la disposition des cartels qui se font plutôt discrets . Bien que parsemant l’exposition, nous donnant des repères, ils semblent laisser la place aux oeuvres et a leur accrochage pour nous guider.

Le musée comme espace vivant
C’est une volonté d’affirmer la vocation pédagogique du musée qui est ici mise en scène. Une volonté de montrer les dialogues qui s’établissent entre différents artistes comme Picasso et Braque par exemple, mais aussi comment les différents mouvements se nourrissent les uns des autres. Une volonté aussi, de redonner sa place à l’histoire de l’art et à la critique, il est vrai particulièrement importantes dans une période marquée par les avant-gardes. La conscience de la subjectivité de ces disciplines a donné envie à Bernard Blistène et à son équipe, d’imaginer le musée comme un lieu vivant, ouvert à la discussion et aux remises en questions. Pour cela certaines salles constituent des expositions dossiers autour de la même problématique et seront renouvelées tous les six mois. Pour inaugurer ces thématiques et refléter ce désir de mettre en avant l’importance de l’histoire de l’art et de la critique, ces salles sont tout d’abord dédiées à des auteurs comme Louis Aragon ou Pierre Restany, ces “passeurs”qui ont donné une visibilité et des pistes de lecture aux oeuvres. Ces salles particulièrement réussies comme celle dédiée à Guillaume Apollinaire rassemblent documents, archives et oeuvres liées au parcours des auteurs concernés. A noter aussi que Beaubourg possède l’ensemble des films des avant-gardes et n’hésite pas à les projeter dans de multiples salles pour notre plus grand plaisir. Cette nouvelle présentation, dynamique et riche en promesses devrait satisfaire autant ceux qui cherchent à approfondir leurs connaissances, leur compréhension d’une histoire de l’art parfois complexe, que ceux qui cherchent à se laisser émouvoir par des oeuvres intemporelles.

Cléméntine Randon-Tabas

 


extrait du communiqué de presse :

 

Conception :
L’équipe de la conservation du musée national d’art moderne /centre de création industrielle
Scénographie : Katia Lafitte et Valentina Dodi, assistées de Charline Bilesimo




Le Centre Pompidou propose, à partir du 27 mai 2015, une nouvelle présentation de sa collection moderne de 1905 à 1965, ménageant au fil du parcours des grands jalons de la collection, des expositions-dossiers renouvelées chaque semestre. Première étape d'importants travaux de réaménagement, cette présentation invite le public à entrer désormais au musée par le niveau 5 du bâtiment et à suivre le cours de l'histoire de l'art, du moderne au contemporain.

« La nouvelle présentation de la collection moderne du musée est toujours un événement qui remet en lumière la richesse, l’importance et la diversité incomparable de la collection du Centre Pompidou » déclare Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou.

Nous avons choisi de porter l’attention du visiteur sur les grands jalons de l’histoire de l’art moderne, de 1905 aux années 1960, et sur ses moments de bascule, pour offrir aux visiteurs toutes les clés pour comprendre comment a jailli l’étincelle de la modernité qui a embrasé tout l’art de la première moitié du XXe siècle ».



Une présentation renouant avec les grands jalons de la collection

Fruit d'un travail collectif de l'ensemble des équipes du musée, coordonné par Bernard Blistène, directeur du musée national d’art moderne, ce parcours invite le visiteur à suivre le fil des figures, des oeuvres et des mouvements qui ont structuré l'art moderne : « Nous avons voulu que cette présentation soit lisible, claire, voire didactique. Ce nouvel accrochage propose une traversée de l'histoire de l'art moderne dans ses grandes composantes plastiques et pluridisciplinaires, sans pour autant négliger de rendre compte de foyers artistiques trop souvent ignorés », précise Bernard Blistène.
De nombreuses possibilités s'offrent ainsi au public pour mieux appréhender les grands moments de l'art moderne dans leur complexité et leur richesse, entre fauvisme, cubisme ou surréalisme, abstractions lyriques et abstractions froides. De grands ensembles monographiques sont consacrés aux artistes emblématiques de la collection : Henri Matisse, Georges Rouault, Georges Braque, Pablo Picasso, Sonia et Robert Delaunay, Fernand Léger, Vassily Kandinsky, František Kupka, André Breton, Alberto Giacometti, Jean Dubuffet et bien d'autres...


Des expositions-dossiers au coeur du parcours

Mais le parcours ménage également une série d'expositions-dossiers de différents formats, renouvelées chaque semestre à partir des exceptionnels fonds documentaires conservés par la Bibliothèque Kandinsky. Les premières seront consacrées aux grands "passeurs" qui ont contribué à écrire l'histoire de la modernité - théoriciens, historiens, critiques, amateurs éclairés ou penseurs du temps -. « Le parcours met en lumière ce que nous appelons les passeurs qui ont donné à voir et à lire les oeuvres modernes », ajoute Bernard Blistène. " Nous commençons avec Georges Duthuit, Guillaume Apollinaire, Georges Bataille, André Breton, Michel Ragon ou Pierre Restany...

Ces expositions-dossiers invitent le public à mieux comprendre le rôle déterminant de figures intellectuelles majeures et constituent autant d'éclairages nécessaires à la compréhension de l'histoire de l'art et de celles et ceux qui la font ".


Un nouvel espace pour les hommages et l'actualité

Le parcours s'achève enfin par une salle située à la charnière de l'étage contemporain, où des « focus » à partir d'ensembles d'oeuvres de la collection, dont certaines récemment acquises, seront réalisés à un rythme régulier, afin de faire un point sur les oeuvres des grandes figures de la création au sein d'une collection résolument pluridisciplinaire : Barnett Newman, Gil J. Wolman, Vittorio Gregotti...


Un parcours historique

Résolument didactique, la nouvelle présentation des collections modernes vise à transmettre au public le plus large d’indispensables clefs de compréhension. Elle retrace une histoire de l’art moderne lisible, de 1905 au milieu des années soixante, moment de basculement dans l’âge contemporain décrit par des figures de la pensée aussi différentes que Theodor W. Adorno ou Arthur Danto.

Bien entendu, toute présentation muséale, et à travers elle toute écriture possible d’une histoire de l’art, est conditionnée par la réalité d’une collection. Les collections du Centre Pompidou, musée national d’art moderne témoignent d’une histoire muséale singulière. Elles se composent de grands fonds enrichis au fil des acquisitions, qu’il s’agisse d’achats décidés par les conservateurs ou de grandes donations, notamment celles des artistes ou de leurs ayants droit, à qui le musée doit tant. C’est donc tout naturellement que la nouvelle présentation des collections modernes s’appuie sur l’admirable profondeur des fonds Matisse, Picasso, Kandinsky, Delaunay, Laurens, Kupka, Duchamp, Picabia, Breton ou Dubuffet, parmi beaucoup d’autres ; qu’elle met également en valeur la richesse des fonds photographiques et filmiques - Brancusi, Brassaï ou Man Ray - en déployant les oeuvres en salle, aux côtés des peintures et des sculptures ; qu’elle laisse entrevoir l’inestimable collection d’architecture et de design, née de la volonté de Dominique Bozo - une collection qui trouvera bientôt toute son ampleur dans une galerie spécifique située au niveau -1.

Procédant d’une histoire muséale singulière, la richesse des collections est extraordinaire. Elle permet de retracer les temps forts de la modernité tout en en reflétant sa complexité. Ce constat a guidé l’élaboration de cette présentation, organisée en séquences historiques qui tentent de donner à comprendre des généalogies, des passages, des métissages et des croisements.


De grandes séquences historiques émaillées d’oeuvres singulières

Structurée en séquences, la présentation est organisée en fonction de grands enjeux plastiques communs aux artistes exposés ; un premier ensemble, entre fauvisme et expressionnisme, permet notamment de retrouver quelques-uns des chefs-d’oeuvre de Matisse conservés par le musée national d’art moderne ; l’ensemble cubiste déploie les oeuvres de Braque, Picasso et Léger, suivi d’un ensemble consacrés aux abstractions, y compris constructivistes, autour de l’oeuvre de Kandinsky, des Delaunay, de De Stijl ou du Bauhaus ; vient ensuite un ensemble dada et surréaliste comprenant entre autres une salle consacrée à Marcel Duchamp et une autre à André Breton, dont le fameux « mur » se trouve élargi, enrichi de nouveaux dépôts consentis au musée national d’art moderne. Une salle réaliste ponctue cet ensemble avec Balthus et Klossowski.

L’ensemble suivant est consacré aux abstractions gestuelles et matiéristes d’après-guerre, structuré autour de Jean Dubuffet, de Cobra, des abstractions gestuelles internationales ; il précède le dernier grand ensemble, consacré aux néo-avant-gardes, entre Nouveaux Réalistes, Pop Art, Fluxus ou Azimuth / Groupe Zéro. Une fois passée la grande allée centrale, le parcours s’achève en quatre salles situées à l’ouest du bâtiment ; deux d’entre elles témoignent de la richesse des collections d’architecture et de design, tandis que deux autres s’attardent sur les abstractions - « froides » et « chaudes » - de la fin des années 50.

Pleinement insérés au séquençage historique, des espaces sont dévolus à des artistes et mouvements singulier et néanmoins cruciaux. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire du musée, une salle entière est ainsi consacrée au Lettrisme, mouvement essentiel de l’après-guerre parisien, tandis qu’à quelques pas de là sont exposés certains modules des structures de Jean Prouvé.


Une attention renouvelée à la dimension internationale

La précédente présentation, « Modernités plurielles », a eu le remarquable mérite de révéler des pans méconnus de cette collection, montrant dans le même temps que de nombreux moments des modernités internationales n’étaient pas ou peu représentés dans les collections. La nouvelle présentation en tire les enseignements en insérant dans le nouveau parcours certaines des oeuvres redécouvertes à cette occasion, comme Vicente do Rego Monteiro ou Tarsila do Amaral.

Ces deux artistes renvoient à une certaine histoire de la modernité, celle de Paris « capitale des arts », une histoire faite des contributions d’artistes et de créateurs venus du monde entier. À cet égard, la dimension internationale des collections se donne à voir tout au long du parcours, comme en témoignent les salles consacrées au cubisme, au constructivisme, à dada et au surréalisme, à l’art cinétique ou à l’art informel, ou aux prémices de cette tabla rasa que constitue l’art des années 1960.