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“Patrick Faigenbaum” Kolkata / Calcutta
à la Galerie Nathalie Obadia - Bourg-Tibourg, Paris

du 10 juin au 25 juillet 2015



www.galerie-obadia.com

 

© Anne-Frédérique Fer, le 10 juin 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Patrick Faigenbaum, Arrangement de fruits, Dover Lane, Ballygunge, Kolkata sud, octobre 2014. Tirage jet d’encre pigmentaire. 52,5 x 66 cm . Courtesy Patrick Faigenbaum et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.
2/  Patrick Faigenbaum, Des enfants font un feu d’artifice durant Diwali, à Dover Place, Ballygunge, Kolkata sud, octobre 2014. Tirage jet d’encre pigmentaire. Courtesy Patrick Faigenbaum et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.
3/  Patrick Faigenbaum, Une famille dans le train entre Kolkata et Bandel, octobre 2014. Tirage jet d’encre pigmentaire. Courtesy Patrick Faigenbaum et Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles.

 


texte de Audrey Parvais, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Parallèlement à l’exposition « Kolkata/Calcutta » de la Fondation Henri Cartier-Bresson, la galerie Nathalie Obadia présente une quinzaine d’autres photographies de Patrick Faigenbaum, elles aussi tirées du livre réalisé avec Jean-François Chevrier.


De la ville à la campagne

Avec « Kolkata/Calcutta », Patrick Faigenbaum a cherché à soulever une partie du mystère que représente cette ville gigantesque aux ramifications étendues mais aussi à rendre compte d’une culture bengalie traditionnelle qui résiste à la modernité. De la quinzaine des clichés qui sont présentés à la galerie Obadia, une poignée a déjà fait l’objet d’un tirage pour l’exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson. On retrouve ainsi les fascinantes et dérangeantes têtes de poissons et l’unique tache de sang, traînée noire sur la table en bois, qui les accompagne (À la fin du marché aux poissons de Gariahat, 2014) ainsi que les fameuses natures mortes, avec leurs fruits aux couleurs éclatantes disposées sur des tapis bariolés (Arrangement de fruits et Marché, 2014). Les nouvelles photographies viennent, quant à elles, compléter la vision de la ville de Kolkata, dévoilant un peu plus sa misère comme ses couleurs, toujours loin de tout misérabilisme et de tout orientalisme idéalisé.

Shreyasi Chatterjee, l’artiste que Patrick Faigenbaum a pris comme point de départ pour son projet, semble être la figure tutélaire de ces nouvelles photographies, celle qui nous guide à travers elles comme elle a guidé le photographe au sein de la ville. On découvre ainsi de nouvelles scènes intimes, que ce dernier est allé saisir au plus près des habitants. Ici, ce sont des enfants qui font un feu d’artifice, dans l’atmosphère rougeoyante d’une nuit éclairée par les flammes des pétards (Des enfants font un feu d’artifice durant Diwali, 2014). Là, c’est un couple avec un enfant qu’il photographie dans un train, le sari aux couleurs chaudes de la mère illuminant un décor autrement plongé dans l’obscurité (Une famille dans le train entre Kolkata et Bandel, 2014). Et face à cette atmosphère urbaine, s’impose la facette rurale de la région, avec ses champs jaunis et ses étangs aux eaux calmes. Loin de l’agitation de la ville, ces photographies se caractérisent par une certaine sérénité, tel ce Village santal de Goalpara (2014) où un père et ses enfants établissent un étrange parallèle avec les arbres qui se dressent en arrière-plan.


Une construction parallèle

Les clichés présentés à la galerie Nathalie Obadia entrent en résonnance avec ceux exposés à la Fondation Henri Cartier-Bresson. L’image du bétail attaché en plein milieu des maisons d’un village (La place de Goalpara, 2014) donne ainsi un aperçu de la rude vie rurale, tout comme le faisaient déjà si bien les deux femmes en train de puiser l’eau d’un puits de Ghosaldanga. Quant aux Hommes assis sous l’autoroute urbaine du quartier de Gariahat (2014), ils ne sont évidemment pas sans rappeler ces joueurs d’échec, tellement plongés dans leur partie que le monde extérieur, son bruit et son trafic, semblent ne plus avoir d’impact sur eux. Plus loin, c’est un pied brun solitaire allongé sur un carrelage blanc qui nous évoque le chanteur folk Saurav Moni, figure parmi tant d’autres de la culture bengalie, lui-même ici accompagné de deux autres musiciens munis de leurs instruments. Plus frontale, Bidonville, Raja Bazar (2014) révèle la misère qui caractérise aussi l’ancienne Calcutta, où les sacs et les débris s’empilent pour former des abris de fortune et où même l’enfance n’est pas épargnée. De quoi dessiner un parallèle avec ces hommes installés dans ce bâtiment insalubre que dévoilait un cliché à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Avec cette quinzaine d’œuvres, Kolkata se révèle de nouveau et un peu plus par petites touches dans toute son incroyable diversité.

Audrey Parvais

 


extrait du communiqué de presse :

 

La Galerie Nathalie Obadia présente « Kolkata/Calcutta », la seconde exposition personnelle de Patrick Faigenbaum dans sa galerie à Paris après « Santulussurgiu » en octobre 2008.

L’artiste a remporté en 2013 le prestigieux Prix Henri Cartier-Bresson qui lui a valu de réaliser un projet sur la ville de Calcutta, à l’occasion de six voyages successifs dans cette métropole du Bengale, ancienne capitale de l’Empire britannique des Indes. «Il s’agit d’éviter l’image de l’Inde éternelle ou pittoresque, sans pour autant favoriser une idée tout aussi caricaturale de la modernisation», explique Patrick Faigenbaum dont le premier voyage en Inde remonte à 1995, avant l’explosion économique du pays.

À écouter : l’interview de Patrick Faigenbaum avec l'intervention de Jean-François Chevrier,
réalisée lors de l’exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson ( jusqu’au 26 juillet 2015 ).
http://www.francefineart.com/index.php/agenda/14-agenda/agenda-news/1751-1622-fondation-hcb-patrick-faigenbaum
1622 Patrick-Faigenbaum audio
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 12 mai 2015, durée 15'32". © FranceFineArt.

(de gauche à droite : Jean-François Chevrier et Patrick Faigenbaum)

Un ensemble de quinze photographies inédites sera présenté à la Galerie Nathalie Obadia, en dialogue avec l’importante exposition que lui consacre la Fondation Cartier-Bresson du 13 mai au 26 juillet 2015. Portraits, tableaux chorals et scènes de la vie quotidienne se côtoient dans cette vision toute subjective d’une Calcutta vécue, intériorisée, faisant également la part belle aux natures mortes. «Une nature morte est un modèle de paysage, et le paysage une nature morte élargie* », commente l’historien et critique d’art Jean-François Chevrier dans le livre qui accompagne l’exposition de la Fondation Cartier-Bresson. «Leur teneur documentaire tient exclusivement au choix des fruits rassemblés. Mais elles constituent une image métaphorique du territoire rural qui englobe l’agglomérat ion».

Les rencontres ont été également déterminantes pour le photographe dont l’objectif a croisé la route de nombreux artistes, musiciens et cinéastes de la scène publique. «La base de mon travail est la maison-atelier et le quartier où vit une artiste nommée Shreyasi Chatterjee», explique-t-il. Patrick Faigenbaum assiste à certains rituels du quotidien bengali, sans jamais se départir de sa position de regardeur privilégié, aux attaches occidentales.

A l’instar des œuvres brodées de Shreyasi Chatterjee, «Le choix de Calcutta permet, dit-il, d’explorer des couches historiques et de montrer comment elles se combinent dans une image en mosaïque ou en tissage».

Formé à la peinture, Patrick Faigenbaum réalise ses premières photographies au début des années 70. Dès cette époque, il s’attache au genre du portrait, qui deviendra sa spécialité et qui l’amènera à réaliser au début des années 80 une série de portraits en noir et blanc des grandes familles aristocrates italiennes. Le portrait demeure le motif essentiel de son travail et lorsqu’il s’en éloigne, c’est toujours avec une certaine intimité qu’il aborde les territoires encore inconnus de lui, portant un regard appuyé sur la ville et son identité à l’instar des projets réalisés à Brême, Barcelone, Prague, Santulussurgiu, Calcutta.

L’exposition «Kolkata/Calcutta» de Patrick Faigenbaum à la Fondation Cartier-Bresson sera présentée à la Fondation Aperture à New York du 18 septembre au 29 octobre 2015.

*Kolkata/Calcutta, par Jean-François Chevrier, Lars Müller Publishers, Zurich, 2015