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“Rudolf Koppitz [1884-1936]” article 1646
au Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône

du 13 juin au 20 septembre 2015



www.museeniepce.com

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse par Magdalena Vukovic, co-commisaire, le 12 juin 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Rudolf Koppitz, Escaliers anciens à Weißenkirchen, Basse-Autriche, vers 1930. Tirage argentique. 39,8 x 34,5 cm. © Photoinstitut Bonartes, Vienne.
2/  Rudolf Koppitz, Les frères, vers 1930. Tirage argentique. 17,9 x 17 cm. © Photoinstitut Bonartes, Vienne.
3/  Rudolf Koppitz, Hedy Pfundmayr avec le masque l’Electre de Richard Teschner, 1930. Tirage argentique. 16,8 x 15,6 cm. © Photoinstitut Bonartes, Vienne.

 


1646_Rudolf-Koppitz audio
Interview de Monika Faber, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, Chalon-sur-Saône, le 12 juin 2015, durée 21'20". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Monika Faber assistée de Magdalena Vukovic
Exposition produite par le Photoinstitut Bonartes, Vienne [Autriche]




Héritière du Jugendstil viennois et du Pictorialisme, la photographie de Rudolf Koppitz [1884-1936] magnifie le corps en mouvement, dans d’élégantes compositions devenues des icônes de l’histoire de la photographie. L’exposition « Rudolf Koppitz [1884-1936] » est la première grande rétrospective consacrée au photographe en France. Conçue par le Photoinstitut Bonartes de Vienne, elle rassemble près de 130 photographies et documents pour une unique présentation au musée Nicéphore Niépce.

En 1929 parait pour la première fois un article sur la photographie artistique dans l’Encyclopaedia Britannica. Il est illustré d’une photo de Rudolf Koppitz, Étude de mouvement : on y voit s’avancer trois femmes drapées de noir devant lesquelles une quatrième jeune femme, nue, se penche en arrière dans une attitude élégante et maîtrisée. Cette photo, devenue une véritable icône incarnant à elle seule la photographie d’art, semble émaner d’un temps révolu au moment où la modernité se conjugue sur le mode de la Nouvelle Vision et du Surréalisme. C’est dans ce contexte que Rudolf Koppitz [1884-1936] va pourtant devenir l’une des principales figures du pictorialisme viennois. Ce mouvement international, né dans les années 1880, porté par des amateurs fortunés réunis dans des clubs, revendique pour la photographie le statut d’art à part entière. Pour ce faire, il met en avant des techniques de tirage dites « nobles », inspirées de la peinture et des arts graphiques : tirages pigmentaires, à la gomme bichromatée, à l’huile… Réfutant la reproduction purement mécanique du réel, les pictorialistes stylisent, interprètent, floutent.

Koppitz sera l’un des représentants de cette esthétique. Sa position d’enseignant puis de directeur du département de photographie à la Graphische Lehrund Versuchsanstalt de Vienne [ Institut des arts graphiques appliqués ] lui permettra d’exercer une influence certaine sur la création photographique viennoise. Sa participation à de multiples expositions, y compris en tant que membre des comités de sélection, assiéra son autorité dans le milieu de la photographie d’art. Les thèmes abordés par Koppitz tout au long de sa vie, témoignent de son goût pour la nature et pour l’exercice physique, dans une pleine adhésion aux principes du naturisme apparu au tournant du siècle. Ses mises en scène de nus, y compris de son propre corps, répondent à une recherche esthétique de force et de pureté.

Au début des années trente, Koppitz délaisse les effets pictorialistes et adopte un style a priori plus documentaire bien que soigneusement mis en scène. Il parcourt la campagne, à la recherche d’une authenticité paysanne. Les images de la « Heimat » autrichienne suscitaient alors un intérêt croissant, directement lié à une volonté de développer le tourisme : l’État voulait montrer une patrie idéalisée, un pays aux beaux paysages alpins, garant des traditions. Le vocabulaire esthétique utilisé par Koppitz ne manquera pas d’être récupéré par le pouvoir austro-fasciste et par les tenants du national-socialisme. Les opinions politiques de Koppitz, mort deux ans avant l’Anschluss, restent toutefois ambigües. On connaît davantage celles de son épouse, Anna, une photographe qui fut aussi son assistante, et qui fit de nombreux clichés de la jeunesse autrichienne dont l’esthétique rappelle les mises en scène de Leni Riefenstahl. En continuant d’exploiter l’oeuvre de son époux après 1936 et en y associant ses propres photographies, et par ses liens avérés avec le régime nazi, celle-ci a sans doute contribué à ternir durablement la réputation de Koppitz.

Rudolf Koppitz était-il naïf ou seulement guidé par une quête artistique et esthétique ? Ses oeuvres à la beauté intemporelle et théâtrale lui valurent en tout cas les éloges de ses contemporains et un engouement pour ses photographies de nus et de danse qui perdure encore aujourd’hui.


Un livre accompagne l’exposition : Rudolf Koppitz [1884-1936]. Sous la direction de Monika Faber, textes de Élisabeth Cronin, Monika Faber, Astrid Mahler, Magdalena Vukovic. Photoinstitut Bonartes, Vienne - Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône - éditions Christian Brandstätter.