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“Mona Hatoum” article 1653
au Centre Pompidou, Paris

du 24 juin au 28 septembre 2015



www.centrepompidou.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse/session de tournage, le 22 juin 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Mona Hatoum, Cellules (détail), 2012-2013. Acier doux et verre soufflé en 8 parties, 170 cm x profondeur et largeur variables. © Courtesy of the artist and Galerie Chantal Crousel, Paris. © Photo Sébastien Normand.
2/  Mona Hatoum. © Photo Andri Pol, 2013.
3/  Mona Hatoum, Grater Divide, 2002. Acier doux, 204 x 3,5 cm x largeur variable. Épreuve d’artiste. © Courtesy of the artist © Photo Courtesy White Cube [photo Iain Dickens].

 


1653_Mona-Hatoum audio
Interview de Christine Van Assche, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 22 juin 2015, durée 13'36". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat : Christine Van Assche



Le Centre Pompidou consacre une première grande monographie à l’oeuvre de Mona Hatoum, artiste majeure de la scène internationale contemporaine. À travers plus d’une centaine d’oeuvres, cette exposition d’une ampleur inédite permet de saisir toute la portée de l’oeuvre de l’une des artistes les plus marquantes de notre temps.

L’oeuvre de Mona Hatoum traverse de manière originale et exemplaire les grands mouvements et médiums de l’art contemporain : la performance, la vidéo, le cinétisme, le minimalisme, l’art conceptuel et fait même un clin d’oeil au surréalisme. La pluridisciplinarité nourrit toute son oeuvre : aucun matériau, aucun médium, aucun domaine ne lui sont étrangers.

L’intensité de l’oeuvre de Mona Hatoum tient à la perte de repères qu’elle suscite chez le spectateur. Elle le laisse se frayer un chemin dans cet univers instable, celui d’un monde mû par ses contradictions, des histoires aux temporalités diverses, caractérisé par ses tensions. Mona Hatoum place souvent le spectateur au coeur même de l’oeuvre et l’engage dans un dialogue, le mettant parfois même à l’épreuve.

Née en 1952 à Beyrouth de parents d’origine palestinienne, Mona Hatoum quitte le pays pour un court séjour à Londres, en 1975, au moment où la guerre éclate ; ne pouvant rentrer elle y entreprend dès lors des études d’art. De nationalité britannique, l’artiste est moins liée à la scène artistique libanaise qu’à une scène d’artistes internationaux ayant vécu cette situation d’exil, de déracinement, d’éloignement de leur contexte familial ou de confrontation à une situation géopolitique hostile.

Le Centre Pompidou a montré une grande fidélité à l’oeuvre de Mona Hatoum. Ainsi, il y a 20 ans, déjà, le Centre Pompidou lui consacrait une toute première exposition muséale et a acquis par ailleurs des oeuvres présentées par la suite au musée, notamment dans le cadre de l’exposition « Elles@centrepompidou ». Aujourd’hui dans la plus vaste galerie d’exposition du Centre Pompidou, Christine Van Assche, la commissaire fait dialoguer les oeuvres performatives et vidéo des années 1980 qui ont tant compté dans l’histoire de la performance, avec les sculptures, les oeuvres sur papier, les installations, les détournements d’objets et des photographies produites de 1977 à 2015.

La plus récente de ses oeuvres est une installation spectaculaire créée pour l’exposition au Centre Pompidou : « Map (clear) ». Tout au long de l’exposition sont présentées des cartes géographiques, comme autant de visions que Mona Hatoum a du monde actuel, depuis la carte de Palestine - « Present Tense », aux cartes du monde - « Hot Spot », « Projection », « Map (clear) », aux cartes de trajectoires - « Routes ». Ces oeuvres laissent percevoir un monde instable, impermanent, aux frontières mouvantes, aux contours imprécis.

L’artiste s’érige comme une figure incontournable de la scène artistique internationale actuelle. Quelques oeuvres sont ainsi devenues des icônes de l’art engagé et global : « Roadworks », « Measures of Distance », « Over my Dead Body », « Light Sentence », « Socle du Monde », « Corps étranger », « Present Tense », « Home », « Hot Spot », « Impenetrable », « Undercurrend (red) ».

L’exposition sera présentée à la Tate Modern du 4 mai au 21 août 2016 et au Kiasma d’Helsinki du 7 octobre 2016 au 26 février 2017.


Un catalogue inédit, publié sous la direction de Christine Van Assche, commissaire de l’exposition, paraît aux Éditions du Centre Pompidou à l’occasion de cette exposition.




« Cartographie » d’une oeuvre – Extrait du texte de Christine Van Assche

« Tout-monde est un champ de forces instables où l’effervescence d’un seul imaginaire peut engendrer au loin des ondes déterminantes. » Édouard Glissant, Patrick Chamoiseau

En 1990, lors d’un voyage au centre d’art Western Front de Vancouver, j’ai pu découvrir les performances et vidéos que Mona Hatoum a réalisées dans les années 1980 en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord, et m’intéresser à ce travail complexe, pluridisciplinaire et ouvert à toutes les formes, à tous les domaines de création.

Le Centre Pompidou m’a donné la possibilité de réaliser sa première exposition muséale en tant que « jeune artiste » en 1994 dans l’équivalent du « project room » de l’époque et produire une oeuvre pour l’exposition et les collections du Musée national d’art moderne : l’installation Corps étranger (1994). Cette première exposition permettait de découvrir cette nouvelle oeuvre qui marque la transition entre les performances des années 1980 et les oeuvres orientées vers l’installation des années 1990-2000. L’exposition de 2015, organisée non pas comme une rétrospective, mais structurée comme une « cartographie » de l’oeuvre de Mona Hatoum, présente au dernier étage du Centre Pompidou, puis à la Tate Modern (Londres) et au Kiasma (Helsinki), une centaine d’oeuvres, dont un noyau central incontournable (Light Sentence, Measures of Distance, Changing Parts, Home, Impenetrable, Twelve Windows) autour duquel gravitent des oeuvres réunies par affinités thématiques : le corps socio-politique, une certaine notion de la domesticité, une vision d’un monde incertain, un postminimalisme engagé, une urgence d’expression.

La trajectoire de Mona Hatoum est atypique. Elle est née à Beyrouth en 1952 de parents palestiniens, venant de Haïfa. En 1948, ses parents furent exilés au Liban, où ils n’obtinrent jamais l’identité libanaise, mais le passeport britannique. « C’était une manière de les décourager de s’intégrer à la situation libanaise », dira Mona Hatoum. Effectuant en 1975 un court voyage à Londres, elle est éloignée du Liban et de sa famille lorsque la guerre éclate et reste donc sur place, puis s’inscrit à la Byam Shaw School of Art, avant de rejoindre la Slade School of Fine Art. Ces éléments biographiques ne sont pas anodins même s’ils ont été dépassés par les préoccupations plus universelles de l’artiste. Comme ses parents ont vécu en exil au Liban, Mona Hatoum a, quant à elle, vécu en exil à Londres, et y vit depuis cette époque, partageant son temps entre la capitale britannique et Berlin, mais voyageant énormément car elle est très attirée par les résidences à l’étranger. Dès lors l’artiste n’est pas liée à ce qu’on peut appeler la « scène libanaise », mais à une scène d’artistes internationaux ayant vécu cette situation d’exil, de déracinement, d’éloignement de leur contexte familier, ou de confrontation à une situation géopolitique hostile. « J’ai grandi à Beyrouth dans une famille qui avait souffert d’une perte très douloureuse et vécu avec un sentiment de dislocation », confiera Mona Hatoum à l’artiste Janine Antoni.

La sélection d’oeuvres exposée en 2015 ne trace pas une trajectoire chronologique, mais met en relation des travaux de différentes époques, réalisés avec divers médiums, de formats variés, que ce soient des performances, des vidéos, des installations, des dessins et des photos, des sculptures ou des objets. Ces oeuvres sont regroupées par affinités perceptives dans l’espace de l’exposition. De même, mon texte dessine une cartographie du travail de l’artiste selon quatre grands continents, ou domaines de création, autour desquels gravitent quelques îles. Ces domaines de création ne s’agencent pas de façon linéaire, mais au contraire s’entrecroisent, se répondent, se relancent et se répètent, s’interpellent, à divers moments de la trajectoire de l’artiste.

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