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“Martin Gusinde” L’Esprit des hommes de la Terre de Feu
au cloître Saint-Trophime, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 6 juillet au 30 août 2015



www.rencontres-arles.com

www.exb.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l’exposition avec Christine Barthe et Xavier Barral, le 8 juillet 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Couverture de Martin Gusinde, Lʼesprit des hommes de la Terre de Feu, Selkʼnam, Yamana, Kawésqar (Éditions Xavier Barral, 2015).
2/  Martin Gusinde, Ventura Tenenesk, son épouse Rosa Kauxia et leur fils au campement du lac Fagnano. Selkʼnam, 1919-1924. © Martin Gusinde / Anthropos Institut / Éditions Xavier Barral.
3/  Martin Gusinde, Kʼterrnen, le bébé de lʼogresse Xalpen, est présenté aux femmes par le chaman Tenenesk. Entièrement peint dʼocre rouge, son corps est couvert de duvet dʼoutarde. Cérémonie du Hain, rite Selkʼnam, 1923. © Martin Gusinde / Anthropos Institut / Éditions Xavier Barral.

 


1667_Martin-Gusinde audio
Interview de Christine Barthe et Xavier Barral, commissaires de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 8 juillet 2015, durée 23'30". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l'exposition : Christine Barthe et Xavier Barral.

Exposition produite par les Éditions Xavier Barral,
avec la collaboration de l’Anthropos Institut, dépositaire de ce fonds.




À travers quatre voyages en Terre de Feu entre 1918 et 1924, le photographe et missionnaire allemand Martin Gusinde est l’un des rares occidentaux à vivre parmi les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar et à être introduit au rite initiatique du Hain. Les 1200 clichés qu’il rapporte constituent un témoignage unique sur ces peuples aujourd’hui disparus.


Les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar vus par Martin Gusinde

Missionnaire allemand envoyé à Santiago en 1912, Martin Gusinde accomplit son premier voyage en Terre de Feu en 1918. Il découvre des peuples déjà considérablement amoindris. Dans un engagement très personnel, il entreprend d’étudier et de photographier de façon très complète les populations de la pointe du continent américain. Dans ce qui aurait pu rester un exemple classique de parcours d’un missionnaire ethnographe apparaît aujourd’hui une expérience de terrain sans équivalent. Martin Gusinde s’immerge en profondeur au sein de ces sociétés. Il sera l’un des rares Occidentaux à être introduit au rite initiatique du Hain. Au fil de quatre voyages, il recueille la parole des Selk’nam, Yamana et Kawésqar, le missionnaire devient ethnologue.

Nous ne connaissons que de rares témoignages photographiques de ces peuples d’une culture essentiellement orale. L’isolement de Gusinde sur ce terrain du bout du monde donne à sa démarche une grande singularité. Fasciné par ce qu’il voit, il va réaliser plus d’un millier de photographies, toutes produites avec une chambre photographique portable. Les portraits qu’il saisit constituent une sorte d’arbre généalogique et social. Ses photographies laissent peu de place aux paysages, encore moins à des séquences de vie quotidienne. En revanche, le corps y apparaît de façon majoritaire, et dans ses manifestations les plus extraordinaires qui sont celles des esprits et des acteurs du rituel du Hain (Selk’nam).

Saisis dans un paysage battu par les vents, la pluie ou couvert de neige, cadrés dans les attitudes codifiées du rituel, ces figures parées laissent entrevoir la richesse mythique de sociétés qui jusque là été considérées comme peu dignes d’attention.

Véritable monument à la mémoire des populations de Terre de Feu, les photographies de Gusinde constituent un témoignage unique par les circonstances exceptionnelles de leur prise de vue, la personnalité et l’engagement de leur auteur.

 





Martin Gusinde
Prêtre allemand, Martin Gusinde (1886-1969) est envoyé en tant que missionnaire au Chili en 1912. Enseignant l’histoire naturelle au lycée allemand de Santiago, il se passionne pour les sciences humaines, l’archéologie et l’anthropologie. Le Musée d’ethnologie et d’anthropologie lui offre des ressources documentaires et un cadre de formation. Ses expéditions en Terre de Feu sont soutenues par des fonds privés et plusieurs institutions publiques. Il mène, suite à ces recherches de terrain, une carrière universitaire et soutient un doctorat en ethnologie à Vienne en 1926. Il poursuit ses voyages et étudie les peuples Sioux et Cheyenne en Amérique, les Pygmées au Congo, les Yupa qui vivaient à la frontière du Venezuela et de la Colombie ainsi que les Aïnous au Japon. Ses archives, notes de terrain et photographies, sont conservées à l’Anthropos Institut de Sankt Augustin, en Allemagne.


Le fonds photographique, un patrimoine universel
Conservé à l’Anthropos Institut, en Allemagne, le fonds iconographique Martin Gusinde est composé de 1 200 négatifs au nitrate et plaques de verre. Les Éditions Xavier Barral ont entrepris la numérisation et la restauration de ce fonds. Christine Barthe et Xavier Barral ont sélectionné près de 250 photographies publiées dans l’ouvrage et présentées dans l’exposition itinérante. Une première exposition a eu lieu au Festival Kyotographie au Japon, ce printemps, dans une structure spécialement conçue par Shigeru Ban sur la place de la Mairie de Kyoto.


Éclairage des connaissances actuelles sur ce fonds
Afin d’accompagner ce voyage visuel en Terre de Feu, plusieurs textes croisent les études antérieures et plus récentes sur le sujet pour rendre compte d’un état actuel de la recherche :


Uun-Durana(ta) , « Ouvrir grands les yeux » par Christine Barthe
L’auteur présente une histoire de la représentation des Indiens de Terre de Feu dans l’imaginaire occidental, des premiers récits de l’expédition de Magellan, en passant par les dessins publiés par Charles Darwin jusqu’aux photographies de Martin Gusinde. Christine Barthe est responsable de l’Unité patrimoniale des collections photographiques au musée du quai Branly. Elle est également en charge des acquisitions en photographie ancienne et contemporaine du Musée, et a réalisé le commissariat des expositions Patagonie, images du bout du monde (2012) et Nocturnes de Colombie, images contemporaines (2013).


« Sauver ce qu’il en reste » par Marisol Palma Behnke
L’historienne chilienne raconte la personnalité d’ethnologue de Martin Gusinde au fil de ses quatre voyages, de ses découvertes et échanges avec les peuples Selk’nam, Yamana et Kawésqar. Marisol Palma Behnke est docteur de l’Université de Leipzig. Depuis 2011, elle dirige la chaire d’histoire de l’université Alberto Hurtado, à Santiago. Elle a publié en allemand (2008) et en espagnol (2013) sa thèse de doctorat dédiée aux photographies de Martin Gusinde : Fotografías de Martin Gusinde en Tierra del Fuego, la imagen material y receptiva (1919-1924). Elle traduit actuellement les journaux de voyage de Gusinde en Terre de Feu.


« Mythes et rites initiatiques » par Anne Chapman
L’ethnologue, qui recueillit la parole de l’une des dernières participantes des rituels initiatiques Selk’nam, Lola Keipja, et travailla sur les mêmes terrains que Martin Gusinde, révèle l’origine de la cérémonie secrète du Hain, chez les Selk’nam, à travers le mythe du matriarcat. Anne Chapman (1922-2010), anthropologue américaniste, se consacre à la Terre de Feu à partir de 1964, dans le cadre de la Mission archéologique française au Chili. Elle rencontre alors Martin Gusinde et restitue les mythes fondateurs de ces sociétés.


« Peuplement et dépeuplement de la Terre de Feu » par Dominique Legoupil
L’archéologue évoque comment les premiers hommes sont parvenus sur les archipels de Patagonie et la Grande Île de Terre de Feu, et comment deux types de civilisations, chasseurs-cueilleurs et marins nomades, ont peuplé ces territoires. Dominique Legoupil est chercheur au CNRS et travaille sur l’adaptation maritime en Patagonie. Elle s’intéresse plus particulièrement aux processus de peuplements et modes de vie des Indiens de la Terre de Feu. Elle a dirigé de nombreuses missions archéologiques et publié plusieurs ouvrages sur le sujet.


Publication : L'Esprit des hommes de la Terre de Feu, Éditions Xavier Barral, 2015.
Ce premier ouvrage consacré aux photographies de Martin Gusinde est accompagné d’une exposition présentée aux Rencontres d’Arles cet été suivi d’une itinérance prévue en Europe et en Amérique du Sud.