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“Walker Evans” Anonymous
au Musée départemental de l’Arles Antique, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 6 juillet au 6 septembre 2015



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite de l'exposition avec les commissaires, David Campany, Jean-Paul Deridder et Sam Stourdzé, le 9 juillet 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/ 2/  Walker Evans, Labor Anonymous, Détroit, 1946, magazine Fortune. Avec l’aimable autorisation du Metropolitan Museum, New York.
3/  Couverture du livre : David Campany, "Walker Evans, The Magazine Work", Steidl, 2014.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Anonymous est une ballade circulaire dans l’œuvre journalistique peu connue de Walker Evans, quand celui-ci d’abord reporteur, puis directeur du service photo publiait ses sujets dans la revue Fortune.

Ici, Walker Evans, sorti de la vision muséale de son œuvre et éloigné de ses mythiques livres photographiques, est replacé dans une dimension quotidienne avec des activités de photoreporter et d’éditorialiste. Fussent-t-elle toujours distanciées et préservées des modèles sociaux figés et de la fébrilité de l’actualité, les activités du créateur d’un « style documentaire » s’ancraient bien dans une pratique rémunératrice et une collaboration avec la plus grande machine de presse américaine qu’était l’empire d’Henri Luce.

Une disposition circulaire de l’espace d’exposition conduit à travers la diversité de son œuvre imprimée. Depuis les communautés communistes en vacances (1934), jusqu’au docks désertés de Chelsea (1960), Walker Evans explore les formes photographiques et éditoriales, dans une distance respectueuse des humains et dans une proximité de l’objet, en usage et parfois délaissé. Effets des sélections curatoriales ou véritable choix formel de Walker Evans, son travail couleur abondant porte sur des objets et des paysages, lorsque le noir et blanc est consacré à la figure humaine. Une exception notoire, la série Beauties of the common tool (1955) qui à travers une vision monumentale de l'outil replace la main de l'homme au centre de l'image.

Le dispositif scénographique concentrique permet d’appréhender dans une quasi simultanéité les journaux imprimés présentés sous vitrine et leur agrandissement monumental, papier-peint collé au mur, leur faisant vis-à-vis. Cet agrandissement mural permet une appréhension corporelle presque charnelle de l’image et de sa mise en page, celle qu’offre généralement l’imprimé lorsqu’on le manipule dans l’entre-deux des mains et la proximité des yeux. Une proximité qui disparait lorsque l’objet-journal, devenu pièce de musée est contenu dans une vitrine, fusse à l’oblique comme c’est le cas dans Anonymous, proposition curatoriale de David Campany, Sam Stourdzé et Jean-Paul Derrider de la Fondation A Stichting.

Au cœur de cet agencement en vis-à-vis, dans une pièce centrale, les vintages, tirages d’époques, sont regroupés en nuage dans un foisonnement d’images stimulant de nouvelles lectures et compréhension du travail de Evans. Dans une dernière vitrine au milieu de cette pièce sont assemblés les livres, cartes postales collectées et même ses polaroïds.

Une scénographie qui se veut proposition et réflexion sur la forme et les modes de diffusion de l’image photographique à travers cette paradoxale position d’un Walker Evans magnifiant l’anonyme dans la revue Fortune et autres publications.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires de l’exposition : David Campany, Jean-Paul Deridder et Sam Stourdzé.
Exposition coproduite par la fondation A Stichting , Bruxelles, et les Rencontres d’Arles.




Walker Evans (1903-1975) reste l’un des photographes les plus importants et les plus influents de l’histoire de la photographie. Sa carrière couvre une période qui va de l’émergence dans les années 1920 de ce média de masse jusqu’à la reconnaissance de la photographie comme forme artistique à part entière dans les années 1960 et 1970. De nombreux clichés d’Evans sont devenus des points de repères tant dans l’histoire de la photographie que dans l’histoire sociale de l’époque. Sans Evans, la photographie aurait sans aucun doute connu un développement très différent, particulièrement en Amérique du Nord.

Cette exposition innovante porte un regard nouveau sur l’oeuvre d’Evans en mettant l’accent sur son travail imprimé, en particulier celui réalisé pour des magazines américains. Evans commença à publier en 1929 et fut très vite en mesure de choisir ses sujets, de définir les textes accompagnant ses photographies ainsi que la mise en page de ces dernières. Il travailla en couleur et en noir et blanc. Pendant presque quatre décennies, il utilisa les magazines populaires pour produire un commentaire critique sur la société américaine et ses valeurs. Là où les médias de masse vantaient la culture de la célébrité, Evans photographiait des citoyens anonymes. Là où les médias de masse célébraient le consumérisme, Evans valorisait les objets durables et la persistance du passé dans le présent. Expérimentaux et pourtant toujours classiques, les essais photographiques d’Evans ont été fort négligés jusqu’à une date récente.

"Walker Evans, Anonymous" présente des pages de magazines originaux accompagnées des tirages d’époque et de divers matériaux relatifs à ces publications, afin de mettre en valeur le rôle pionnier que joua Evans dans la photographie moderne mais aussi dans l’édition, l’écriture et la mise en page. L’exposition inclut par ailleurs un ensemble unique de photographies de la série Labor Anonymous ainsi que celles du métro new-yorkais. D'autres images montrent la manière dont il sut capturer les illustrations populaires et l’architecture vernaculaire, autant de manières pour Evans de célébrer la vie quotidienne.

Publication : David Campany, "Walker Evans, The Magazine Work", Steidl, 2014.