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“Résonances Cinéma” article 1673
à l’abbaye de Montmajour, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 6 juillet au 20 septembre 2015



www.rencontres-arles.com

 

© Mireille Besnard, semaine d'ouverture des Rencontres, le 11 juillet 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Paul Ronald, Marcello Mastroianni. Avec l'aimable autorisation de Paul Ronald, Archivio Storico del Cinema, AFE.
2/  Paul Ronald, Anouck Aimée. Avec l'aimable autorisation de Paul Ronald, Archivio Storico del Cinema, AFE
3/  Sandro Miller, Dorothea Lange / Migrant Mother, Nipomo, Californie (1936), 2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la Catherine Edelman Gallery, Chicago.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

La photographie appliquée qui flirte avec le 7e art est à l’honneur à l’abbaye de Montmajour avec deux expositions.

D’un côté, un photographe de plateau formé à la grande école du cinéma italien, Paul Ronald (1924-2015), a chargé son deuxième Blad d’un film couleur lorsqu’il travaillait sur le tournage de 8 1/2, dernier film noir et blanc de Fellini (1963). Ces photographies redécouvertes 50 ans plus tard ouvrent un regard neuf sur ce chef-d’œuvre, allégorie de la mise en scène cinématographique.

De l’autre côté, un photographe de publicité, Sandro Miller, réalise le pari fou de rejouer 34 des plus grandes photographies au monde avec un acteur unique, autre monstre sacré du cinéma, John Malkovich. Grimé, déguisé, l’acteur se fige dans la posture des modèles qui ont donné ces emblématiques et incontournables clichés qui font l’histoire de la photographie.

Ainsi, les deux arts se font miroir l’un pour l’autre, par l’imitation et par la digression.

L’imitation qui se veut hommage chez Miller frise le burlesque, en même temps qu’elle met en avant toute la puissance du jeu d’acteur, de ses facultés de mimétisme et de transformation. Un acteur qui apparait là comme une pâte malléable dans les mains de créateurs aventureux.

A l’inverse, les photographies de Paul Ronald, offrent le comédien à l’intimité du regard, presque à sa vérité, dans un nouveau parfum, fait de couleurs douces, déjà mélancoliques.

C’est une scénographie ultra traditionnelle qui décline l’exposition Malkovich, Malkovich, Malkovich, hommage aux maîtres de la photographie : marie-louises & cadres noirs se succèdent dans un défilement linéaire.

Pour 8 1/2 couleur, photographie de Paul Ronald, Sam Stourdzé a su, comme à son habitude, jouer des formats pour ouvrir le cadre photographique à l’envergure de l’écran de cinéma. Des grands panneaux noirs placés en quinconce accueillent des grands formats en papier-peint, portraits des acteurs et du metteur en scène. Cà et là, on peut lire différents extraits d’un interview d’Anouk Aimée. Réparti sur les grands panneaux noirs, le récit spontané de l’actrice qui évoque ses souvenirs de tournage rythme l’enchainement des photographies. Textes et images offrent une ouverture sur ce moment cinématographique qu’est le tournage. Telle une nouvelle mise en scène de 8 1/2, l’exposition offre une vue de l’intérieur, comme un autre film, tragédie aux élans et aux couleurs viscontiennes de ce film racontant lui-même l’histoire d’un tournage.

Une mise en abîme et un mélange des deux médiums qui sollicitent la photographie dans ses pouvoirs d’imitation et de sublimation. Dommage que l’abbaye de Montmajour ne soit pas plus accessible.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Fellini, 8 ½ Couleur
Photographies de Paul Ronald

Commissaire de l’exposition : Sam Stourdzé.
Avec le soutien du Centre des monuments nationaux et de la fondation Fellini pour le cinéma, Sion.


Mythique film en noir et blanc, 8 ½ de Federico Fellini fait une apparition en couleur, comme par magie, immortalisé par Paul Ronald. Le photographe de plateau, armé de ses Hasselblads, avait été missionné par la production pour photographier le film, en noir et blanc. Mais, Paul Ronald, sans bien savoir ce qu’il en ferait, chargea un deuxième appareil de pellicules couleurs.La couleur révèle tout, et bien plus encore. Elle souligne les choix esthétiques, résolument moderne, des décors aux costumes du décorateur Piero Gherardi, les figures éminemment contemporaines d’Anouk Aimée ou de Claudia Cardinale, les poses lascives de Marcello Mastroianni. La couleur nous sort de la structure rigoureuse du film, elle s’invite en coulisse et nous fait découvrir l’atmosphère festive des tournages de Fellini. Dernier film en noir et blanc d’une longue série débutée au début des années 1950, 8 ½ aurait du rester à jamais privé de couleur. Il aura fallu qu’un jour récent, Piero Servo retrouve chez Paul Ronald la boite de négatifs oubliés depuis longtemps, et qu’en l’ouvrant, il assiste à une explosion de couleurs. C’est à cette redécouverte, étayée par les souvenirs d’Anouk Aimée, que nous invite l’exposition.



Sandro Miller
Malkovich, Malkovich, Malkovich : hommage aux maîtres de la photographie


En grande partie autodidacte, Sandro Miller s’est formé en étudiant les livres des plus grands artistes de l’histoire de la photographie et est aujourd’hui considéré comme l’un des grands photographes de publicité. Miller rencontre Malkovich à la fin des années 1990. Seize ans plus tard, leur collaboration continue, à l’image de leur dernier projet, “Malkovich, Malkovich, Malkovich : hommage aux maîtres de la photographie". Voulant rendre hommage aux hommes et aux femmes dont les photographies ont influencé sa carrière, Miller sélectionne trente quatre images à imiter et contacte Malkovich qui accepte immédiatement de participer au projet. Dans "Malkovich, Malkovich, Malkovich", John Malkovich fait montre de sa propension à se transformer tel un caméléon en Albert Einstein, Che Guevara, John Lennon ou Andy Warhol. Grâce à ce talent immense et à l’incroyable oeil photographique de Sandro Miller, cette série rend hommage à l’histoire de la photographie à travers le génie d’un photographe et de sa muse.

Catherine Edelman, directrice de la galerie Catherine Edelman, Chicago