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“Résonances Architecture” article 1676
à la Grande Halle, parc des Ateliers & à l’église des Trinitaires, Les Rencontres de la photographie, Arles

du 6 juillet au 20 septembre 2015



www.rencontres-arles.com

 

© Anne-Frédérique Fer, visite des expositions, le 7 juillet 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Toon Michiels, Motel Desert Isle, Las Vegas, Nevada, 1979. Avec l’aimable autorisation de Luïscius.
2/  Robert Venturi & Denise Scott Brown, Big Donut Drive-in, Los Angeles, vers 1970. Avec l’aimable autorisation des artistes et de Venturi, Scott Brown and Associates, Inc., Philadelphie.
3/  Markus Brunetti, Reims, Cathédrale Notre-Dame, 2013-2014. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et Hartmann Projects.

 


1676_Architecture audio
Interview de Olivier Cablat pour l'exposition Duck, une théorie de l’évolution,
par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 10 juillet 2015, durée 11'51". © FranceFineArt.

 


texte de Mireille Besnard, rédactrice pour FranceFineArt.

 

Depuis le début de son invention, la photographie a été considérée comme un auxiliaire de la pensée, comme un instrument révolutionnaire pour la compréhension de phénomènes car, plus que de représenter, elle permet de documenter, montrer, classifier, rapprocher, distinguer, extrapoler et d’autres choses encore. Cette qualité instrumentale de la photographie, qui lui a longtemps fermé la porte des Beaux-arts, la fait naviguer constamment dans des domaines extrêmement variés de l’activité humaine. Pour l’architecture, si l’on pense à la Mission héliographique de 1851, on peut parler d’une connivence presque native entre l’image photographique et l’art du bâtiment.

C’est aussi le cas avec l’expérience présentée cette année aux Rencontres, des américains Robert Venturi et Denise Scott Brown, qui ont utilisé le médium photographique comme instrument d’analyse dans le Las Vegas rutilant de la fin des années 60. La documentation visuelle apparait même comme l’élément primordial sur laquelle la théorie de Venturi et Scott Brown s’appuie. En effet, elle constitue, pour la première fois dans l’histoire de l’architecture, plus de la moitié de l’ouvrage conçu à l’issu de cette recherche. Learning from Las Vegas (1972, L’enseignement de Las Vegas), ce quasi manifeste, première pierre post-moderniste de l’analyse urbaine, préconise la conception d’une architecture basée sur l’observation des phénomènes réels de vie urbaine, comme celle de Las Vegas, loin des ambitions modernistes, visant à la création d’une société nouvelle à travers l’architecture. Avec Venturi et Scott Brown, la photographie, médium de masse, vient s’inscrire comme instrument essentiel de cette compréhension. A la suite de Learning from Las Vegas, son usage dans la recherche urbaine se répand abondamment.

A l’évidence, ce moment de Las Vegas est primordial dans l’histoire conjointe de ces deux activités humaines, qui, l’une et l’autre, se balancent sans cesse entre vernaculaire et artistique. Suffit-il alors d’amener au format white cube des archives jusque là inédites pour comprendre la richesse de cette expérience méthodologique et la portée théorique de son étude ? On peut en douter une fois sorti de l’espace consacré à cette exposition dans la Grande Halle des Ateliers. On en doute encore plus après la lecture de Learning from Las Vegas qui souligne aussi les limites du médium photographique dans sa faculté de révélation de phénomènes urbains. Heureusement, les recherches artistiques d’Olivier Cablat et de Markus Brunetti exposées également aux Rencontres, apportent, de façon assumée ou involontaire, un prolongement pertinent du travail de Scott Brown et de Venturi. Les deux architectes avaient tiré de leur observations sur la ville du Nevada deux grands types de bâtiments : le canard, où la forme symbolique déforme la structure architecturale et le hangar décoré, où l’aspect fonctionnel correspond à la structure, mais comporte des ornementations qui cherchent à masquer la vulgarité de la forme, comme c’est souvent le cas des façades. Pour Scott Brown et Venturi, la cathédrale est conforme aux deux types de structures architecturales. Cinquante ans plus tard, Olivier Cablat avec l’architecture de canard et Markus Venturi avec les façades de cathédrales, poussent les nouvelles capacités du médium photographique dans leurs extrêmes pour explorer et donner à voir toute l’énergie de ces formes et ces structures monumentales, oeuvres humaines anciennes et contemporaines. Pour ce qui est de l’aventure de Venturi / Scott Brown et leurs usages de la photographie, on peut espérer que d’autres expériences de transmission, pourront nous livrer des enseignements théoriques judicieux sur cette rencontre de l’image photographique et de l’architecture.

Mireille Besnard

 


extrait du communiqué de presse :

 

Toon Michiels
American Neon Signs by day and night*

Exposition présentée à l’église des Trinitaires.

Commissaires de l'exposition : Sam Stourdzé, en collaboration avec Christien Bakx et Erik Kessels.



Au milieu des années 1970, Toon Michiels a effectué plusieurs voyages aux États-Unis à bord d’une voiture de location. Les spectaculaires enseignes au néon de motels et de restaurants jalonnant les routes nationales pour attirer les conducteurs l’ont très tôt captivé. Mais n’est-ce pas le but même de l’enseigne au néon, avec sa forme ludique, ses lumières colorées et ses qualités architecturales, d’attirer l’attention ? Michiels procédait selon une méthode immuable : chaque enseigne, quelle que soit sa taille, était photographiée de jour puis de nuit, avec un cadrage frontal et centré comme si elle était aperçue depuis l’habitacle d’une voiture. Cette série évoque les typologies des photographes allemands Bernd et Hilla Becher, mais aussi l’oeuvre de l’entre-deux-guerres de Walker Evans, fasciné comme Michiels par la présence du verbe dans l’image. Michiels a choisi de documenter en couleurs ces sculptures anonymes, à une époque où la photographie couleur n’avait pas encore gagné ses lettres de noblesse. Ce parti-pris, en plus de la vitalité et de la richesse de son travail, donne à sa série toute son originalité dans l’histoire de la photographie au XXe siècle. Frits Gierstberg

* Enseignes lumineuses américaines de jour et de nuit




Las Vegas Studio
Images des archives de Robert Venturi & Denise Scott Brown

Exposition présentée à la Grande Halle, parc des Ateliers.

Commissaires de l'exposition : Hilar Stadler et Martino Stierli.



Ce qui nous a captivés dans Learning from Las Vegas – un essai théorique sur l’architecture paru en 1972 –, c’est le discours visuel élaboré par Robert Venturi et Denise Scott Brown au cours de leurs recherches en 1968. Venturi, Scott Brown et leur collaborateur Steven Izenour considéraient la photographie comme un précieux outil d’argumentation et de figuration. La sincérité de leur démarche et la qualité de leurs photographies nous ont guidés tout au long de notre lecture de leur ouvrage. Nous avons isolé les clichés de leur contexte théorique afin de mettre en évidence leur caractère sensationnel, retournant à l’étape précédant l’analyse afin de valoriser le matériau photographique. À l’occasion de ce projet, Robert Venturi et Denise Scott Brown nous ont ouvert leurs archives photographiques, une expérience que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Cette exposition s’est tenue pour la première fois en Suisse, au Museum im Bellpark de Kriens. C'est la première fois qu'elle est présentée en France. Hilar Stadler et Martino Stierli

Publication : Las Vegas Studio. Images des archives de Robert Venturi et Denise Scott Brown, Scheidegger & Spiess, 2015.




Olivier Cablat
Duck, une théorie de l’évolution

Exposition présentée à la Grande Halle, parc des Ateliers.



En 1930, Martin Maurer, un fermier de Flanders dans l’État de New York, décide de faire construire un bâtiment en forme de canard. Il cherche à faire la promotion de ses élevages de canards. En 1972, Robert Venturi, Denise Scott Brown et Steven Izenour réalisent une étude sur l’architecture de la ville de Las Vegas dans laquelle ils définissent les concepts d’une architecture populaire, fonctionnelle et commerciale. Il en ressort deux types principaux de bâtiments : le Hangar décoré et le Canard (Duck), une architecture dont la forme épouse pleinement le contenu fonctionnel ou commercial du bâtiment. En 2014, Olivier Cablat décide de réactiver le concept du DUCK en constituant une archive composée de ses propres photographies, de publications numérisées et d’images collectées sur Internet. Le projet propose une étude généalogique du Canard et de son évolution vers des formes mobiles et plus ou moins éloignées du concept d’origine, ainsi qu’une réflexion sur le rapport entre une oeuvre et les formes qu’elle peut emprunter.

Avec le soutien de la Confédération suisse. Projet initialement produit par le festival Images (Vevey, Suisse), lauréat de la bourse Nestlé dans le cadre du Grand Prix international de photographie de Vevey 2013-2014.

Publication : Duck, a Theory of Evolution, éditions RVB Books/festival Images, 2014.

www.oliviercablat.com




Markus Brunetti
Facades

Exposition présentée à la Grande Halle, parc des Ateliers.

Commissaire de l'exposition : Markus Hartmann.



En 2005, Markus Brunetti entame un long voyage à travers l’Europe qui aura duré dix ans. Son engouement pour les façades d’édifices sacrés n’a cessé de croître tout au long de ce périple. Au cours de son voyage, il développe sa propre méthode de prise de vue et de reproduction d’images, qui dépasse largement l’idée que nous nous faisons de la photographie. À première vue, son travail s’apparente au style documentaire de la nouvelle objectivité. Mais un examen plus attentif révèle qu’il suit une stratégie visuelle complexe basée sur la perspective centrale et initiée par une intense période de recherches autour des édifices et de leurs façades. Les FACADES de Markus Brunetti provoquent l'enthousiasme ou au contraire un sentiment de mise à distance. Les photographies numériques, méticuleusement retravaillées au cours d’un long processus, sont imprimées sur du papier grand format. Elles mettent le spectateur au défi, l’invitant à prendre le temps de les observer attentivement et non à succomber à l’habitude de la consommation rapide. Markus Hartmann

Publication : FACADES, 2014.

www.markus-brunetti.de

www.hartmannprojects.com