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“Walton Ford” article 1693
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris

du 15 septembre 2015 au 14 février 2016 (prolongée au 28 février 2016)



www.chassenature.org

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse par Walton Ford, le 14 septembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Walton Ford, Chaumière de Dolmancé, 2009, aquarelle, gouache, encre et crayon sur papier ; 151,8 x 105,1 cm ; encadré : 160 x 114,3 cm. © Courtesy of the artist and Paul Kasmin Gallery New York.
2/  Walton Ford, Rhyndacus, 2014, aquarelle, gouache et encre sur papier ; 302,9 x 153 cm. © Courtesy of the artist and Paul Kasmin Gallery New York.
3/  Walton Ford, Sensations of an Infant Heart, 1999, aquarelle, gouache, encre et crayon sur papier ; 151,1 x 102,9 cm. © Courtesy of the artist and Paul Kasmin Gallery New York.

 


1693_Walton-Ford audio
Interview de Jérôme Neutres, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 septembre 2015, durée 13'56". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat :
Claude d’Anthenaise, directeur du musée de la Chasse et de la Nature, conservateur en chef du Patrimoine
Jérôme Neutres, conseiller du président de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, commissaire d’expositions




L’exposition de rentrée est consacrée au peintre américain Walton Ford. C’est une première en France pour cet artiste dont les oeuvres animalières défrayent la chronique de l’art contemporain, tout en étant âprement disputées par les collectionneurs.

Conjuguant la monumentalité des formats (parfois plus de trois mètres de long) avec une précision de miniaturiste, les aquarelles de Walton Ford s’apparentent aux plus belles planches zoologiques éditées au XIXe siècle – la référence à l’ornithologue Jean-Jacques Audubon (1785-1821) est patente – en les détournant malicieusement de leur destination scientifique. Procédant d’un minutieux travail de dessin, elles représentent une riche faune exotique, peuplée d’éléphants, de tigres, de singes, de rhinocéros, de lions, d’oiseaux…

Outre sa référence à l’esthétique scientifique, la faune sauvage de Walton Ford emprunte à d’autres sources visuelles et notamment aux cartoons américains des années 60-70. Son humour féroce et son symbolisme l’apparentent également aux Surréalistes. Par son côté « fait main » et son réalisme méticuleux cette peinture joue sciemment avec les critères du kitsch. Elle constitue une tentative de subversion des critères académiques de l’art contemporain hérités de Marcel Duchamp et de ses ready-made. Par les thèmes abordés, elle s’inscrit dans un courant culturel très actuel qui s’interroge sur la frontière entre l’homme et l’animal.

Une vingtaine d’oeuvres – dont plusieurs de très grand format – seront présentées au musée de la Chasse et de la Nature. La salle d’exposition temporaire permettra d’évoquer quinze années de création, avec des oeuvres phares comme Loss of the Lisbon Rhinoceros – 2008 (2,42 x 3,53 m), ou A Monster from Guiny – 2007 (1,51 x 1,04 m). Disséminées dans les collections permanentes d’autres oeuvres, spécialement créées pour l’exposition, viendront réactiver le mythe de la Bête du Gévaudan. Dialoguant avec le parcours de visite, avec sa part de mystère et avec la menace potentielle des armes exposées, l’exposition « Walton Ford » transformera le musée en un étrange terrain de chasse.

La dizaine d’oeuvres produites spécialement pour l’exposition représente près de deux ans de travail pour cet artiste dont la technique requiert un très long temps d’exécution.

Cette exposition a été rendue possible grâce à la Galerie Paul Kasmin. Elle a bénéficié du soutien de la Fondation du Patrimoine grâce au mécénat de CGPA.




Cette exposition correspond à la première présentation en France du travail de Walton Ford. Né à New York en 1960, l’artiste reste encore insuffisamment connu à Paris. Il figure pourtant dans des collections américaines prestigieuses et a été l’objet de plusieurs expositions dans des institutions majeures, tel le Hamburger Bahnhof de Berlin en 2010. Tout l’oeuvre peint de Ford compose un bestiaire aux accents surréalistes. À première vue, ses aquarelles monumentales pourraient ressembler à des agrandissements d’illustrations animalières. Mais on s’aperçoit vite que quelque chose n’y tourne pas rond. Les bêtes de Walton Ford n’ont ni le regard ni l’attitude de celles des anciens traités d’histoire naturelle. Jamais domestiques, mais trop intelligents pour n’être que sauvages, ces animaux inclassables appartiennent à un troisième genre. Un peu ce que l’artiste Walton Ford veut être : un artiste contemporain pas comme les autres, à contre-courant de la doxa conceptuelle, développant une sorte de Pulp Art qui croise de façon inédite les références classiques et les codes de la culture de masse. N’est-ce pas la condition même de l’artiste de demeurer une sorte d’animal sauvage refusant la domestication pour vivre hors des sentiers battus et créer son propre monde ?

Jérôme Neutres se lie d’amitié avec Walton Ford à New York, où il vit de 2006 à 2010 en tant qu’Attaché culturel de l’Ambassade de France aux États-Unis. En 2011, il présente en Inde, en marge de la foire d’art de Delhi, le travail de Ford autour du Pancha Tantra indien. Lors d’un séjour de Walton Ford à Paris, alors que J. Neutres s’est installé à Paris où il a été nommé Conseiller spécial du président de la Réunion des musées nationaux - Grand Palais, celui-ci emmène l’artiste au musée de la Chasse et de la Nature – « ce musée est fait pour toi », lui dit J. Neutres. Fasciné par ce musée qu’il ne connaissait pas et qui rassemble les bases de l’imaginaire à la source de son art, Walton Ford passe des heures dans les collections de la rue des Archives. C’est à cette même époque qu’il évoque le projet de travailler autour du thème de la bête du Gévaudan. J. Neutres l’emmène alors consulter des documents iconographiques sur le sujet à la Bibliothèque nationale. Peu après, il propose à Claude d’Anthenaise l’idée d’une exposition Walton Ford au Musée de la Chasse et de la Nature, qui combinerait une partie rétrospective et une série inédite autour du mythe de la bête du Gévaudan. Claude d’Anthenaise, depuis longtemps intéressé par le travail de Ford, accueille avec enthousiasme ce projet et propose à Walton Ford, lors de cessions de travail à Paris et New York, de jouer également avec l’accrochage des collections du musée.

Walton Ford aime revisiter légendes et paraboles animalières, depuis les fables indiennes du Pancha Tantra jusqu’à celle de la bête du Gévaudan, en passant par King Kong et les récits d’explorateurs. Voulant prendre au piège notre regard sur l’art et l’animal, l’artiste s’approprie toutes ces histoires avec une licence très contemporaine. Au spectacle de nos amies les bêtes, Ford oppose celui d’un monde désastreux et grinçant où règnent l’instinct de prédation, la pulsion de mort. Accrochées parmi la profusion de tableaux, d’armes et d’animaux naturalisés qui décorent les salles du musée de la Chasse et de la Nature, les oeuvres de Walton Ford génèrent échos, ruptures et discordances. C’est un étrange carnaval des animaux qui s’affirme comme une installation artistique à part entière. L’exposition réunit une sélection d’une vingtaine d’oeuvres, produites entre 1999 et 2015, choisies parmi les quelque trois cents pièces réalisées par Walton Ford en près de vingt ans de travail. À une partie rétrospective succède la série inédite consacrée au Gévaudan. Avec, comme fil conducteur, un même doute : la bête, probablement ?

Claude d’Anthenaise et Jérôme Neutres, commissaires d’exposition