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“Intérieur coréen, œuvres de In-Sook Son” Saison de Corée
au Musée Guimet - Galeries du Panthéon bouddhique, Paris

du 18 septembre 2015 au 14 mars 2016



www.guimet.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, présentation presse avec la présence de In-Sook Son, le 17 septembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  In-Sook Son, Hanbok : veste (chogori) et jupe (ch’ima), décoré d’un nœud norigae. Chogori et jupe : soie ; point avant. Noeud : jade, corail, argent ; noeud lunette, noeud de poussin. Collection de l’artiste (Séoul). © In-Sook Son/ Image Yewon Silgrim Art and Culture Foundation.
2/  In-Sook Son, Robe de mariée (hwarot) Soie, fils de soie, broderie. Collection de l’artiste (Séoul). © In-Sook Son/ Image Yewon Silgrim Art and Culture Foundation.
3/  In-Sook Son, Noeud norigae 1978 (broderie), 1987 (noeud) Soie, bois, broderie, pièces de monnaie, bronze, argent, jade, nœuds. Collection de l’artiste (Séoul). © In-Sook Son/ Image Yewon Silgrim Art and Culture Foundation.

 


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Interview de Aurélie Samuel, commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 septembre 2015, durée 6'54". © FranceFineArt.

 


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Interview de In-Sook Son,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 septembre 2015, durée 7'20". © FranceFineArt.
avec l'aimable traduction de Hyo-Jung Kim

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissariat général : Sophie Makariou, présidente du MNAAG
Commissariat : Aurélie Samuel, responsable des collections textiles, MNAAG




Cet automne, le MNAAG met la Corée à l’honneur dans le cadre des années croisées célébrant, en 2015, le 130e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Corée. À travers trois expositions et une programmation spéciale à l’auditorium, le musée propose de découvrir l’art de ce pays encore trop méconnu en France. Saison de Corée en explore les facettes variées jusqu’au plus contemporain.

Intérieur coréen, oeuvres de In-Sook Son, présente, du 18 septembre 2015 au 14 mars 2016, le travail de l’artiste contemporaine In-Sook Son. Il s’inscrit dans une pratique de la Corée traditionnelle sur laquelle elle porte un regard résolument moderne. Art hors du commun et savoir-faire d’exception, l’OEuvre de l’artiste est présenté pour la première fois hors de Corée. Il propose une lecture tant esthétique que sociale d’un art féminin dans la société coréenne et présente les genres emblématiques de l’art textile, les hanbok (costumes traditionnels), les costumes de cour, mais aussi les pojagi (tissus enveloppants), les paravents, etc.

En Corée les textiles ont toujours joué un rôle capital. Témoins de leurs temps et du pouvoir politique, ils illustraient aussi un désir manifeste de prendre soin de son corps et de son apparence. Cette constante se retrouve à toutes les époques, de la période des Trois Royaumes (57 av. J.-C. – 668 apr. J.-C.) à nos jours. Les styles traditionnels d’habillement ont relativement peu évolué au fil du temps, en dépit des influences étrangères. L’élevage des vers à soie, le tissage et la broderie étaient l’apanage des femmes et de leurs filles et tenaient un rôle essentiel dans la vie sociale du pays. La broderie prit une importance telle que, dès le 1er siècle de notre ère, des tournois nationaux de broderie opposaient villes et villages.

On distingue deux types de broderie coréenne : le kungsu, broderie royale, effectuée au sein des ateliers royaux, et le minsu, broderie domestique. Cette dernière est souvent la plus intéressante, car moins académique. Elle a longtemps été l’unique réceptacle de la créativité et du talent des femmes, à qui l’on interdisait toute autre forme d’activité artistique ou intellectuelle.

L’artiste In-Sook Son est issue d’une grande famille de brodeuses qui lui ont transmis cette passion. C’est d’ailleurs en regardant sa mère broder qu’elle décide de consacrer sa vie à cet art étroitement lié à la parure féminine, afin de lui donner un nouveau souffle. Diplômée de la plus réputée des universités coréennes, dans le domaine de l’art et du textile, c’est à partir de 1976 qu’elle consacre son temps de loisir à la broderie, laissant libre cours à sa créativité débordante. Elle revisite l’ensemble de la garde-robe féminine depuis celle de la petite fille, dont les vêtements avaient des vertus protectrices, jusqu’à celle de la femme – un somptueux hwarot, robe de mariage portée par les femmes de la cour et des classes supérieures, est présenté au sein de l’exposition, chef d’œuvre de la collection de l’artiste. In-Sook Son a refusé l’appellation de Trésor national vivant que l’on souhaitait lui attribuer, de peur d’être contrainte de devenir une gardienne de la tradition alors qu’elle cherche à s’en affranchir et à en dépasser le cadre.

La présentation de l’oeuvre de In-Sook Son permet d’illustrer l’art du textile et de la broderie coréen. Tout d’abord le pojagi, littéralement « habit pour les choses », qu’elle réinvente et qui occupe une place centrale dans la culture et les traditions coréennes. Durant la période Choson (1392-1910), ils servaient à envelopper des objets aussi bien ordinaires que précieux, afin de les ranger, les stocker, recouvrir les tables, occulter les fenêtres, mais aussi protéger l’autel bouddhiste ou l’autel des ancêtres, ou encore présenter les écrits sacrés ou les cadeaux de mariage.

Son hanbok, costume traditionnel composé, pour les femmes, d’une jupe (ch’ima) portée avec une veste (chôgori) et, pour les hommes, d’un pantalon (paji), accompagné d’une version plus longue de la même veste, est adapté à chacune des femmes pour lesquelles elle le réalise. Cette pièce emblématique du vêtement traditionnel coréen semble avoir pris sa forme quasi définitive très tôt, à l’époque des Trois Royaumes (1er-7e siècle), les styles traditionnels d’habillement ayant peu évolué au fil du temps en dépit des influences étrangères – en attestent les peintures des tombes d’époque Koguryo de cette même période, qui montrent que les hommes et les femmes étaient vêtus de vestes plus ou moins longues, à larges manches, et des pantalons serrés à la cheville par des cordons. Selon In-Sook Son, « chaque femme doit porter son hanbok avec une couleur, un tissage et une broderie différente. » Elle collabore en outre, à toutes les étapes de fabrication du fil : filage, moulinage, teinture naturelle de la soie provenant de la sériciculture coréenne. Ces costumes extrêmement travaillés et raffinés sont ornés de noeuds décoratifs appelés norigae que l’artiste revisite tout en respectant leur tradition profonde.

Le hwarot est une robe de mariage portée par les femmes de la cour ou des classes supérieures au début de l’époque Choson, avant d’être adoptée dans toute la société à la fin de cette période. Richement brodée de motifs de fleurs, d’oiseaux, d’insectes et de motifs auspicieux, tels que le lotus, elle représente une sorte d’apogée dans l’art de la broderie coréenne. C’est le vêtement traditionnel coréen le plus décoré. Comme le wonsam (costume de cour) dont il dérive tout en se distinguant par ses broderies symboliques et ses larges manches, c’est à l’origine une parure royale dont le port était autorisé aux femmes du commun pour leur mariage avec la couleur rouge dominant, symbole de prospérité et des forces vitales.

Enfin, une des spécificités de l’art de In-Sook Son est la création de meubles dont la marqueterie habituelle a été remplacée par une marqueterie entièrement réalisée en broderies cloisonnées au niveau des parties ajourées des meubles. Pour cela, elle commence par dessiner des meubles en bois foncé et travaille en lien étroit avec les sculpteurs sur bois, sur métal mais aussi les maîtres vernisseurs. Ce travail collectif est primordial à ses yeux, elle considère que lorsque nous sommes face à ces oeuvres nous sentons la présence de toutes ces personnes qui ont eu à coeur de créer un objet unique, procurant ainsi une intense émotion.

Présentées pour la première fois hors de Corée, les oeuvres de In-Sook Son sont des exemples extraordinaires de cet art du textile coréen, et plus particulièrement de la broderie. In-Sook Son a réalisé plus de 50 000 oeuvres autour de la parure féminine : vestes, jupes, épingles à cheveux, sacs, noeuds et ornements divers et variés. Toutes ses oeuvres sont de véritables odes à la broderie coréenne, sublimant la beauté des femmes grâce à des créations empreintes de tradition, mais dotées d’une puissante modernité.