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“Les nuits photographiques” 5ème édition – exposition Money
au pavillon Carré de Baudouin, Paris

du 17 septembre au 12 décembre 2015



www.lesnuitsphotographiques.com

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage, le 17 septembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Sara Imloul, « Où va l’argent ? Je ne sais pas. » Diptyque, 2015, 13x18cm. Calotype, tirage contact.
2/  Josée Pedneault, Nature morte (Dollorama), 2015, 54x60cm, Photographie, impression sur papier satiné.
3/  Stefen Chow, The Poverty Line. © Stefen Chow.

 


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Interview de Stefen Chow, pour le projet “The Poverty Line”,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 septembre 2015, durée 16'04". © FranceFineArt.
avec l'aimable traduction de Marine Cabos

 


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Interview de Jeannie Abert, pour le projet “Money”,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 18 septembre 2015, durée 11'32". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

commissariat : Guillaume Chamahian Fondateur et Directeur Artistique Les Nuits Photographiques



Le concept


Le festival est né en 2010 d’une idée originale de créer en France un événement proposant la promotion et la diffusion du film-photographique. Nous avons initié le terme de film-photographique afin de fédérer l’ensemble des formes de créations qui pensent l’image fixe pour l’écran (Pom, web doc, time laps, stop motion...). Cette pratique émergente à la croisée du film et de la photographie engage de nouvelles voies d’expressions trans-médias et associe photographes, réalisateurs, créateurs sonore, illustrateurs, monteurs, journalistes... L’écran devient un champ de recherches et d’expérimentations de la diffusion des images. Dès 2014, nous avons ouvert notre programmation aux oeuvres multimédia et aux installations en lien avec l’image. Notre vocation est la promotion de talents émergents, le soutien à la création contemporaine, l’aide à la diffusion du filmphotographique et des oeuvres multimédia sous toutes leurs formes. Notre objectif est de permettre à un large public de découvrir les nouvelles écritures photographiques d’auteurs qui scrutent le monde pour nous en délivrer son essence. Nous collaborons régulièrement avec d’autres structures afin de présenter les artistes que nous soutenons : Les Rencontres d’Arles, le Musée de L’Elysée à Lausanne, Galerie Binôme à Paris, Le Cinéma Actes Sud à Arles, le Yangon Photo Festival en Birmanie, l’Institut Français à Madrid, Les Rencontres Cinématographiques de Cerbère


Le programme

A l‘heure où les sondages montrent qu’un français sur 5 prend plus de deux photos par jour, il nous semble important de mettre en avant et en valeur et partager avec vous le travail d’artistes, de photographes qui créent l’image d’aujourd’hui. Des images curieuses, qui donnent un sens, une direction, une sensibilité à la photographie contemporaine. L’idée des Nuits Photographiques n’est pas de remplir des murs ou de « compléter un programme de projection », mais de diffuser au plus grand nombre dans un espace public et gratuitement, des images, des regards qui interrogent chacun d’entre nous sur son identité, son époque, sa place.


La 5ème édition

Les Nuits Photographiques, avec le soutien de la Mairie du 20ème, s’installent à nouveau au Pavillon Carré de Baudouin du 17 septembre au 12 décembre 2015. Dans le cadre de cette nouvelle édition et de son exposition collective MONEY, Les Nuits Photographiques ont pris le parti d’investir ! Le jeu est simple : le festival a envoyé un billet de 20€ aux artistes et les a convié à créer leur valeur ajoutée. Ils nous ont répondu sous la forme artistique qu’ils ont souhaitée : vidéo, photographie, dessin, sculpture, peinture, installation ... Par ailleurs, le festival a voulu cette année encore donner une carte blanche à un artiste de la sélection et lui offrir un espace d’expression. Cette année, c’est Stefen Chow (Malaisie) qui a été convié à présenter son oeuvre in progress Poverty Line, travail réalisé en collaboration avec l’économiste Hui-Yi Lin, et qui explore le sens de la pauvreté dans le monde au travers du rapport quantité de nourriture/seuil de pauvreté. Enfin, fidèle à sa vocation, Les Nuits Photographiques proposeront, cette année encore, trois soirées de projections de filmsphotographiques sélectionnés avec exigence, les 17, 18 et 19 septembre. Un jury composé de professionnels reconnus, ainsi que le public, recompenseront les meilleurs d’entre eux.


The Poverty Line de Stefen Chow

« The Poverty Line explore une question simple : quel est le sens de la pauvreté dans différents pays ? Ce projet, fruit d’une collaboration entre Stefen Chow et Hui–Yi Lin, a débuté en 2010 en Chine et s’est maintenant élargi à vingt-quatre pays à travers six continents. The Poverty Line se sert de la consommation universelle de nourriture comme moyen d’examiner les choix qu’une personne devrait faire si elle vivait dans le seuil de pauvreté. Notre objectif n’est pas simplement de comparer la pauvreté entre divers pays. Nous voulons ouvrir une voie dans la compréhension de la pauvreté dans son propre contexte national. En calculant premièrement le montant par personne et par jour selon le seuil de pauvreté d’un pays donné, nous produisons une représentation visuelle des aliments du quotidien accessibles avec cette somme. Dans la mesure du possible, nous avons sélectionné des aliments locaux. Nous avons rencontré des épreuves quant à déterminer une méthode qui serait applicable aux divers systèmes suivant les pays, aussi ce projet propose notre propre approche qui tente de rassembler les informations sous une forme à la fois compréhensible et attrayante. Nous espérons que ces images permettront aux visiteurs de prendre conscience de la pauvreté et des problèmes de nutrition à travers le monde, et de s’engager vers les autres. »


Money, l’exposition - commande de création 42 artistes internationaux répondent

Avec Jeannie Abert / Olivier Amsellem / Roger Ballen / Jean-Christian Bourcart / Vincent Catala / Elodie Chrisment / Stefen Chow / Sylvain Couzinet-Jacques / Leo Delafontaine / Tanja Deman / Marine Dricot / David Fathi / Joan Fontcuberta / Ren Hang / Mark Henley / Sara Imloul / Oan Kim / Minstrel Kuik / Sasha Kurmaz / Ofra Lapid / Pierre Liebaert / Robin Lopvet / Julien Lombardi / Thomas Mailander / Stephanos Mangriotis / Guillaume Martial / Baudouin Mouanda / Jamie Maxtone-Graham / Cristina NuÑez / Richard Pak / Edouard Paturel / Josée Pedneault / Elena Perlino / Sylvain Prudhomme / Swen Renaud / Chuck Samuels / Reeve Schumacher / Klavdij Sluban / Dorothée Smith / Olivier Sola / Will Steacy / Mathieu Tremblin

Au départ le jeu est simple : Le festival Les Nuits Photographiques a envoyé aux artistes un billet de 20 euros par voie postale et les a convié à créer leur valeur ajoutée. Comment souhaitent-ils transformer ou utiliser cet objet ou sa valeur symbolique, matérielle ou subjective ? Ils nous ont fait parvenir une réponse sous la forme artistique qu’ils ont souhaitée : vidéo, photographie, dessin, sculpture, peinture, installation...

L’idée d’écrire un édito “classique” voire parfois pompeux comme il est coutume d’en lire m’a traversé l’esprit mais je ne suis pas compétent pour le faire et encore moins pour parler d’économie, de crise financière, de pouvoir d’achat ou de capitalisme. J’aurais pu alors inviter un critique, un économiste, un philosophe à le faire mais le festival n’a pas l’argent nécessaire pour pouvoir le rémunérer comme il se doit : un échange de bien contre un échange de service. Les artistes qui ont participé à la commande de création ont joué le jeu, sans contrepartie à la clef, exceptés les 20€ que je leur ai envoyés. C’est une implication engagée et courageuse. Je les en remercie chaleureusement.

Nous avons tous plus ou moins conscience de la place de l’argent dans le monde dans lequel nous vivons. Il est aujourd’hui, plus que jamais, omniprésent dans nos sociétés. Gagner de l’argent pour consommer, tel est le système pour lequel nous sommes majoritairement conditionnés. Rares sont ceux qui vivent en dehors de cet enfermement social et culturel. Nous savons ce que c’est, pour la majorité d’entre nous que d’être photographe ou artiste aujourd’hui. Peu de reconnaissance finalement ou du moins pas celle financièrement attendue. Nous avons poussé une porte qui a ouvert sur un espace conduit par un système aberrant. C’est aux artistes aujourd’hui de payer pour pouvoir présenter leurs oeuvres : produire les expositions, payer pour présenter son travail à un « expert », payer encore pour s’inscrire, ne pas être payé pour obtenir cette fameuse « visibilité » dans la presse ou sur le web. Ce système révoltant bouleverse notre matrice intérieure vitale : créer ! Vous me direz que le festival Les Nuits Photographiques fait de même en faisant payer un droit de participation – quelle horrible expression d’ailleurs – de dix-huit euros pour présenter un film-photographique dans l’espoir que leur film soit sélectionné et présenté aux soirées de projections. J’aimerais profondément et sincèrement ne pas avoir à le faire. Mais le serpent se mord la queue. Il y a de moins en moins d’argent dans la culture, ou du moins dans la sphère dans laquelle s’inscrivent la majorité des festivals de photographie en France. Les privés se désengagent, les institutions ou les collectivités baissent leurs subventions dans le meilleur des cas ou se retirent tout simplement. J’ai une idée sinon : réunissons-nous tous, acteurs pauvres de la photographie, et créons un festival à Genève, sur le parvis du centre-ville entre HSBC et UBS… ou à Francfort, au pied de la BCE. Cela pourrait être sympa ! Finalement je parle d’argent, comme tout le monde.

En juin 2014, Nicolas Havette et moi-même nous nous sommes rendus à 300 km au nord de Londres pour aller récupérer les oeuvres de Sam Taylor-Johnson pour l’exposition Histoires de la même année. En partance de Paris, nous avons fait une pause dans un hôtel à Calais pour une nuit. Nous sommes allés boire un verre à la terrasse d’un bar et envisagions la programmation de l’exposition 2015. Il m’a suggéré d’envoyer un billet de 20€ à plusieurs artistes. Après plusieurs verres de bières, l’idée était simple… Nous avons convenu d’une liste d’une centaine d’artistes internationaux, plus ou moins reconnus, en prenant en considération que moins de la moitié répondraient positivement à la commande de création. Nicolas a quitté le festival. Je me suis attelé seul à la tâche. Étant moi-même photographe, je connaissais le degré d’investissement nécessaire dans le temps qui leur était imparti pour répondre à la mission : 2 mois. C’est court ! Noam Chomsky, dont je suis fan, m’a répondu cinq minutes après que je lui ai envoyé le mail : « Exciting idea, but beyond what I can do, I’m afraid. » J’étais alors convaincu de tenir une proposition artistique intéressante. Quarante-deux artistes ont répondu positivement.

J’ai envoyé les billets. J’ai photographié le moment où l’enveloppe glissait dans la fente de la boîte aux lettres. C’était assez excitant d’envoyer 920€ en petites coupures dans les enveloppes soigneusement scellées par mes soins. C’était comme envoyer une lettre d’amour à une inconnue… Certains ne l’ont jamais reçue, d’autres avaient anticipé le fait qu’a priori ils ne la recevraient jamais, d’autres encore ont disparu avec le billet de 20€ après la confirmation de l’avoir bien reçu. Concernant ces derniers, j’espère qu’ils vont bien et si oui, qu’ils ont bu un bon verre à la santé du festival. Je m’étais promis de garder toutes les propositions et les non-propositions, qu’elles me conviennent ou non. Certains ont joué le jeu, d’autres moins mais c’est ce qui me semblait pertinent dès le départ. L’esprit créatif n’est heureusement pas le même selon les individus et il renvoie indirectement à la place des artistes et de la création dans le monde de l’art, c’est aussi ce que je souhaitais questionner. A l’heure où j’écris ces quelques lignes je n’ai pas encore reçu toutes les propositions.

Le 8 juillet 2015, Guillaume Chamahian, Fondateur et Directeur Artistique Les Nuits Photographiques