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“Splendeurs et misères” Images de la prostitution, 1850-1910
au Musée d'Orsay, Paris

du 22 septembre 2015 au 17 janvier 2016



www.musee-orsay.fr

 

© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 21 septembre 2015.

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Légendes de gauche à droite :
1/  Jean Béraud (1849-1935), L’Attente, 1880. Huile sur toile, 56 x 39,5 cm. Paris, musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Franck Raux.
2/  Henri Gervex (1852-1929), Rolla, 1878. Huile sur toile, 175 x 220 cm. Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, dépôt du musée d’Orsay. © Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
3/  Virginia Verasis de Castiglione (1837-1899), Jean-Louis Pierson (1822-1913), Christian Bérard (1902-1949), Un dimanche, entre 1861 et 1866. Épreuve sur papier albuminé, 13 x 14 cm. © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Droits réservés.

 


1704_prostitution audio
Interview de Isolde Pludermacher, co-commissaire de l'exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 21 septembre 2015, durée 9'32". © FranceFineArt.

 


extrait du communiqué de presse :

 

Commissaires :
Isolde Pludermacher, conservateur au musée d’Orsay, Paris
Marie Robert, conservateur au musée d’Orsay, Paris
Nienke Bakker, conservateur au Van Gogh Museum, Amsterdam
Richard Thomson, Watson Gordon Professor of Fine Art à l’Université d’Edimbourg

Cette exposition est organisée par le musée d’Orsay, Paris, et le Van Gogh Museum, Amsterdam, avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France.




Protéiforme et insaisissable, la prostitution est omniprésente dans la société parisienne du second dix-neuvième siècle. Dans le sillage de Baudelaire, les artistes voient en elle un sujet moderne par excellence.

L’exposition Splendeurs et misères, la première consacrée à ce thème, montrera la façon dont les artistes établis à Paris entre le Second Empire et la Belle Époque n’ont cessé de rechercher des moyens plastiques et d'explorer les media naissants, tels que la photographie puis le cinématographe, pour représenter l’univers de l’amour tarifé.

Pierre angulaire du système réglementariste qui entend exercer un contrôle strict sur la prostitution, alors considérée comme un « mal nécessaire », la maison close fascine plusieurs générations de peintres. Dans des représentations souvent plus proches du fantasme que des faits observés, Constantin Guys, puis Edgar Degas, Henri de Toulouse-Lautrec ou Emile Bernard suggèrent tantôt l’atmosphère fiévreuse du bordel, tantôt l’intimité des pensionnaires avant l’arrivée du client. À destination des « milliers d’yeux avides » fascinés par l’image argentique, les photographes composent aussi dans leur atelier des scènes qui reconstituent les salons et boudoirs du Second Empire. Ces lieux de sociabilité masculine sont régulièrement présentés comme des promesses d’initiation, de volupté et de transgression.

Loin de se cantonner à des lieux dédiés, la prostitution envahit l’espace public tout au long du dix-neuvième siècle. Sur le boulevard, au théâtre ou à l’opéra, il est souvent difficile de distinguer les femmes honnêtes des femmes vénales. Ces dernières entretiennent l’ambiguïté, et ce jeu des apparences nourrit l’imagination des artistes, à l’instar de Jean Béraud, Louis Anquetin ou Louis Valtat. Moins encadrés que les maisons de tolérance, les cafés, brasseries à femmes, et cafésconcerts voient se développer de nouvelles formes de prostitution. Édouard Manet, Edgar Degas ou Vincent Van Gogh y trouvent pour modèles des figures féminines en proie à l’ivresse mélancolique.

Au sommet de l’échelle prostitutionnelle, les courtisanes, « étoiles de la haute prostitution », incarnent une réussite sociale qu’elles manifestent à travers la commande et la diffusion de portraits peints, sculptés ou photographiques. Le raffinement de leurs toilettes et les décors luxueux des hôtels particuliers qu’elles font construire ou aménager brouillent les frontières entre monde et demi-monde. Leur parcours fulgurant, qui débute souvent sur les planches, les érige en modèles aux yeux des jeunes actrices ou danseuses. Mais c’est aussi la haute société qui lorgne du côté des femmes entretenues, prescriptrices en matière de mode et de goût. Ces puissantes femmes « fatales », qui mettent à mal la domination masculine, ressurgissent dans des oeuvres allégoriques de Félicien Rops ou de Gustav Adolf Mossa. Dans l’imaginaire symboliste et décadent de la fin du siècle, la prostituée et la femme en arrivent à former une entité indistincte et menaçante, incarnation de tous les vices.

C’est cependant le monde interlope dans sa variété étourdissante, à la fois lugubre et coloré, qui occupe une place centrale dans le développement de la peinture moderne et inspire à Edvard Munch, Frantisek Kupka, Georges Rouault, Auguste Chabaud, Maurice de Vlaminck, Kees Van Dongen ou Pablo Picasso des chefs-d’oeuvre ouvrant le XXe siècle.